
V O Y A G E
A rég;u-d des Moines Grecs, ils s'adonnenr
moins à hi contemplation qae les Afcétiques ; ces
M o i n e s fe lovent tous les jours à une heure & demie
après minuit, pour prier cnfcmble : la nuit du
Samedi au Dimanche, c'cll à une heure précife: a
les nuits des veilles de l 'Afcenf iou, de la Pentecôt
e , de Saint Jean Buptifte, de Saint Pierre & de
Saint Paul, de la Transfiguration du Sauveur, des
Fêtes de la Vierge, iè palient toutes en prières : b
ordinairement après l'Office de minuit, les Moines
f c retirent dans leurs cellules & reviennent à l'Eglifc
fur les cinq hemes pour dire Mat ines, Laudes
& Prime que l'on commence au lever du Soleil ;
après cela chacun va à fon ouv r a g e ; ceux qui reiient
dans le couvent, reviennent encore à TEglife pour
dire Tierce & Sexto, & pour affilier à. la Melle.
A u fortir de la Mel fo, on va dîner au rcfeâoire ,
o ù Ton fait la ledure do même que dans nos comm
u n a u t é ! ; on retourne à l'ouvrage après le dîne :
à quatre heures on chante Vêpres : on foupe à fix :
o n dit Complies après le foupé : à huit heures les
M o i n e s fe couchent.
O u t r e les jeunes d'Eglife, les Giloyers en ont
trois particuliers ; . l e premier eft inftitué en l'honneur
de Saint Dimirrc : ce jeûne commence le i.
O t t o b r e , & ne finit que le 2Ó. du même mois, d
j o u r de la Fêt e de Saint Dimitre martyrifë à Thef -
faloiiique : le fécond jeûne n'eft que de quatorze
j o u r s , favoir depuis le i. Septembre , jufques à la
F ê t e de e l 'Invention de la Croix : le dernier eft le
j e û n e de Saint Michel , il commence lei.Novembre
& fÎAit le 8. qui chez les- Grecs eft le jour delà
P'ête de f Saint Michel . de Saint Gabriel, & de
route la milice celeftc. Il y a des Caloyers quiobfer\'
cnt les jeûnes de Saint A t h ana f e & deSaintNic
o l a s Evêque Myre; le premier commence le 7.
Janvier, & ne finit qu'au 18, du même mois : enfin
de tous les Chrétiens, les Grecs font les-plus
grands jeûneurs après les Arméniens.
L e s feculiers m,êmes obfervent quatre Carêmes ;
l e g premier dure deux mois, & finit à Pâques;
c'eft-pourquoi ils l'appellent le grand Carême, ou
le Carême de Pâques : dans la première h femaine
de ce Carême, il eft permis de manger du fromage,
du lait, des poiiTons, & des oeufs : tout cela leur
eft defteudu pendant les femaines fiiivantes , ils
s ' en tiennent aux coquillages, & aux poilfons.
•qu'ils croycQt n'avoir point de iàng, comme font
l e Polype & les cfpéçes de Sèches ; ils mangent
a Tè M« 'ovixTM «a ! Misnvunxi
b TÒ O^ iVÔKTM ««i
durent toutt : la nuit.
c O'f^ct.
à Uf-rH ' r« fiiya.\o/j ^PTUpt, A«,«HT
C HT4^ Mi Î'ùtc.
f Tei, Ta,
»1- Ma«««'- '
, xai ¿yi'X
ifi^mfi. i,n from
1«; D» Pouc-dlguc
Il Tuflf» :d ! TUfOid.M:>Ò ,e U ri^p», i}>
i ila. TJ? T» Ksi Bou:ai£,
ilugii, MuUetj Muge.
auffi des oeufs faiez de certains poiiTons, &fiirtout
ceux du > Mul l e t & de k l 'Ef turgeoa : .on prépare
les premiers fur les côtes 1 d 'Ephé f e , & de'« MUe,
& les autres lùr celles de la mer noire, Les coquillages
les plus en ufagc en Grèce font la n
ere rouge^ les 0 Huirrcs ordinaires, qui font tout à
fait dèlicieufes , & incomparablenient meilleures
que les p Huîtres rouges, dont tout le monde ne
s'accommode pas. Les Grecs mangent aulfi des
q yeux do b ouc s , des moules, des limaçons & des
hérillous de mer. Les Caloyers pendant le Carême
ne vivent prefque que de racines : les gens du
m o n d e , outre les poiftbns dont on vient de parler,
ufcnt de légumes, do miel , & boivent du vin; cette
liqueur leur étoit interdite, aulli-bicn que l'iiuil
e , comme le remarque t Saint Jean Chryiòftonie.
O n mange du poitfon le jour des Rameaux, & is,
25-. Mars jour de l'I'Annonciation, pourvû que ce
j o u r - l à ne tombe pas dans la Semaine iaintc.
L e Jeudi faint les Evoques les plus ^c]e^ lavent
les pieds à douze Papas ; c la ceremoiue étoit autrefois
accompagnée d'une petite exhortation : ils,
s'en, difpenfent aujourd'hui. Le Vendredi faim,
pour célébrer la mémoire du faint Sepulchre, deux
Papas portent fur leurs épaules en procelfion pendant
la nuit, la repréfentation d'un tombeau, dans
lequel Jefus-Chrift crucifié eft . peint fur ime planche
: le jour de Pâques, on porte ce-tombeau hors
de l 'Eglifc, & le Prêtre commence à chanter,
fus-ChriJi efi refufiitc',. il a vaincu la mort ^ domi
la vie à ceux t^ui étoieMt dam le tombeau : on rapporte
dans l'Eglife cette repréfentation du faint Sepulchre
; on l'encenfe ; on continue l'Office ; à
tous momens le Prêtre & les affiftans rèpéteiif.
Jefus^ChriJi efi rejfufcité ; enfuite celui qui officie
fait trqis fois le figne de la Croix, il baife l'Evang
i l e & l'image de Jefus-Chrift : enfin o n tourne la
p l a n c h e . d e l'autre côté, où Jefus-Chrift .oft reprefenté
fortant du Sepulchre : le Prêtre le baife en redoubl.
mt, Jefus-Chnfl efi reffufiité, & les afliftans
en font de même , en s'embraflànt & en fe reconciliant
: on tire même plulîeurs coups de piftolet.
qui fouvent mettent le feu à la barbe & aux cheveux
des Papas : à ce nouveau bruit tout le monde
crie , Jelùs-Chrift eft refliifcitc cette réjoiul
fance fpirituelle dure non-feulement pendant la femaine
de Pâques , mais jufques à la Pentecôte,
* Dans les rues, au lieu de la formul e ordinaire de
i e faluer, qui eft je vous fouhaitc longues amà-s de
Il nin^
O OTflJ.-i-Jpl.
p raicTafSwi/«.
iute JOUI
except -
D U L E
V A N T. Lettre m. 45
on dit fimplement, J^rMfiefl'^^^^^^
L e fécond Carême eft celui de N o e l , & dure
mange dans ce temps-la du poifrcredi
& le veiTdredi ; quelques-
^ auffi le lundi.
L e croifième Carême porto le nom dos Apôtres
Saiut Pierre & Saint "Paul : il commence la
miére femaine de la Pentecôte, '& finit le jour
Saint Pierre ; alnfi il eft plus ou moins long ,
,-ant que la Pâque eft plus ou moins avancée.
•Durant ce Carême il eft permis de manger du poilmais
point de laitage : il eftmêmedeSendude
manger de la viande, fi la Fête des Apôtres fe troun
jour maigre. .
L e dernier Carême commence le premier
du mois d'Août , & finit à la Fête de l'Afibmptiou
; c'eft pour cela qu'il s'appelle le CarJmt
'jour
de la Vierge : l 'uûge du poiiTon en eft interdit
1 m ême mois, jour de la d
les autres jours on
; aux legumes : pens
ne vivent auffi
; ne boivent que
1: ce n'eft le fixicme
T r a n s f i g u r a t i on du Sam
s'en tient aux coquilla^,
dant tous ces Carêmes les Mo
que de legmnes, de fruits fecs,
de l'eau.
:cs font maigre le
rodi , difent-ils ,
c L e refto de l'imnce les Gr(
mercredi & le vendredi ; le me:
parceque ce jour-là Judas prit de l'argent des Jutfs
pour trahir le Seigneur; le vendredi, pai-ce qu'il fut
crucifie à pareil jour. Si la Fête de N o ë l tombe
fur un mercredi ou fur un vendredi, les fécuHers
f o n t gras & les Moines font difpeniez du jeûne.
L e s Grecs font fort fcandalifez que l'on jeûne le
^ e d i dans l'Eglife Latine , fondez fur un paiîiig-e
-mal entendu de f S. Ignace le martyr, qui dit que
ceux qui jeûnent le lamedi-, crucifient de nouveau
le Seigneur.
Les gens du monde mstigent de la
Noci jufques au quatrième Janvier
veille des R o i s , g ils jeûnent , parce
'iande depuis
- le y. Janvier
««.o . .w. o , 6 ^o jeûnent , parce qu'ils croyent
•que Jefus-Chriit a été baptizè le 6. de c e m o i s ; c'cft
les Evôaues oujeurs grands
fur lefoiriiTeau bcnitepouv
toute l'année ; on la boit & on en afperge les mai-
" • : i n
lors
pout cette rfl^ifon,qU'
V i c a i r e s font ce jour-là
é e •-- -
f o u s , li "ciic ne fuffit pas, on en feit de i nou'
• F 2
!!,'<. Ep'fl. V. ad ffhiUçptnfn.
¡'•ipptilt
£
î i i'i