
lPen?mes de ^citmcs D U L E V A N T . Lettre X l é p
mos. On y pr^uiquc la caprificniion fur les fimicrs,
mais il y en u peu : ainii tout le negoce
3crillecoiififl;e d^ns l'indiirtric des hsbitans, qui
.,ivec une douzaine de caiques ou plufieurs autres
petits bateaux , s'en vont chercher du blé en tcr-
K' tlraie , & même jufques fur les côtes de la
¡Vicr Noire pour en venir charger de bâriniens
Fnuiçois.
L'illc de Patmos n'a que i8. milles de tour : on
eiipourroit bien compter le double , lî l'on parcûiiroit
tous les recoins de cap en cap ; c'eitpourqiioi
on doit excufer a Pline qui lui donne
30. milles de circonférence. Patmos cft éloignée
dcóo, milles des IQcs de Cos, de Stampalie & de
Mycone; elle n'cft qu'à 18. milles de L e ro, & à
43-, milles de Nicarie.
Il n'y a gueres plus de 300. hommes dans Patmos,
& l'on peut bien y compter 20. femmespour
uii homme: elles font naturellemeiTt ailez jolies,
mais le fard les défigure d'une maniere à faire horreur;
néanmoins ce n'efí pas-là leur intention, car
depuis qu'un Marchand de Marfeille en a époufé
une pour fa beauté , elles s'imaginent qu'il n'y a
point d'étranger qui defcende dans l'Ifle , qui n'y
tienne faire la même emplette. Elles nous regardèrent
comme-des hommes fort finguliers, & nous
icinoigiierent une grande furprife, quand on leur
dit que nous n'y étions venus que pour chercher
desplantes : car elles s'étoient imaginées à nôtre
arrivée, que nous devions au moins emmener une
teaine de femmes en France : Il eft furprenant
que daiisun fi pauvre païs, les maifons foient mieux
bâties & plus folides que dans les Ifles où il y a
plus de commerce ; les chapelles fur tout font voulées
& couvertes fort proprement, & l'on ne voit
¿ans rifle que de ces fortes de bàtimens : on en
compte plus de zfo. cependant il n'y avoit que
neiif ou dix Papas dans le temps que nous y étions,
hpefleavoit emporté les autres à ce qu'on nous
dit. Quoique l'Evéque de Samos fedifeEvêque
áe Patmos, on ne laiife pas d'y foire venir tel Evêqueque
l'on juge à propos, quand on y veut faire
ficrer des Papas.
Pour les aifaircs civiles elles y font reglces par
111 ou deux adminiftrateurs, que l'on élit tous les
®s ; ils font chargez ' de faire payer la capitation,
qui eíl de 800. écus, & la taille réelle qui monte
2 200. fans compter les prefens qu'il faut faire au
papitaa Pacha &à fes Officiers,qui viennent exiger
'"droits du Grand Seigneur. Il n'y a ni Turcs
".'Latins dans cette Ifle : un Grec y fliit la foncîion
de Confuí de France, quoi qu'il n'ait ni pou-
^'Oir ni patentes. 11 nous aifura que c'étolt pour
rendre fervice à la nation que depuis trois generations
de père en fils ils avoient pris cette qualité,
temps d'un Roi de France dont il ne favoit pas le
nom, & que nous jugeâm.cs êcre Henri ÍV. Je ne
fçai par quelle avanture ce parchemin fe trouva égaré
quand nous le priâmes de nous le foire voir.
Ce Confuí eft bon homme, à qui tous les étrangers
s'.idrcilcnt , & qui en cas de bcfoin fe diroit
Confuí de toutes les nations qui abordent eu cette
l i l e ; il n'y perd rien, car fi nous fûmes bien reçûs
dans fo maifon , nous lui donnâmes auffi phis que
nous n'aurions tait dans un autre endroit : on ne
parle pas François chez lui , on y l^egaye le Provençal
; & comme tous les habitans de l'ifle font
du rite Grec , nous euffions fort mal paiié nôtre
temps avec eux fous le fecours du Confuí , chez
qui les belles du quartier fe rendoient, fous pretexte
de venir éplucher les plantes que nous apportions
de la campagne. Voilà ce qui nous occupoit le
plus agréablement; car d'ailleurs on ne trouvedans
cette llle aucuns reftes de magnificence ; on ne
voit que trois ou quatre bouts de colonnes de marbre
fur le port de la Scala : elles paroiifent d'un
bon goût , & font alfurémcnt des plus anciennes
de l'Archipel, où l'on ne fe mêle plus depuis long-,
temps de ces fortes d'ouvrages : peut-être que ce
font les reftes de quelque 1 emple de la principale
ville qui portoit le nom de l'ifle, fuivant la remarque
de Galien. Dans le veftibule de l'Eglife de
iiiint Jean , l'on voit une infcription que ion ancienneté
ne rend plus recommandable, parce qu'elle
n'eii: pas lillble , non plus qu'une autre qui ell
dans la nef
L a maifon qu'on appelle b l'Atocalypfe , efl: un.
pauvre hermitage , qui dépend du grand couvent
de Saint Jean. Le Supérieur Ta dounée à vie pour
200. écus à un ancien Evêque de Samos, qui nous
reçût fort civilement; on croit que ce fut dans ce
lieu que Saint Jean écrivit l'Apocalypfe , cela peut
être vrai ; car ce faint Evangelifte aifure qu'il a été
dans riOe de Patmos : il y fut exilé pendant la perfecution
de Domitien , qui commença l'an pj-.
c après la mort de Jefus-Chrift. La même année
Saint Jean fut plongé dans l'huile bouillante à Rome,
puis relegué à Patmos. L'année fuivante Domitien
fut tué le 18. Septembre , un an après le
bannilTemcnt de S. Jean: mais le Sénat ayant caifé
tout ce qu'il avoit foit , Nerva rappclla tous les
bannis; ainfi cet Evangelifte retourna à Ephéfe eu
Février ou en Mars de l'an 97. & fon exil ne fut
que de 18. mois. L'Auteur de la Chronique Pafchale
aifure que Giint Jean refta \ 5-. ans dans Patmos,
& flint Irenée fixe ce terme à 5-. ans. d Saint
Viflorin Evêque de Pettau , & Primatius Evêque
en Aftrique , aifurent que faint Jean fut envoyé à
Patmos pour y travailler aux mines que l'on ne
connoît plus prefentemcnt.
L'hermitage de l'Apocalypfe eft à mi-côte d'une
lurun ancien parchemia qui leur.fut expédié du iom. I. ' • '
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