
I S i V O Y
leroit capable de conduire une grande rîviere, au
lieu qu'il ne s'agiiToit que d'une ibntaine. Il femble
que » Mt . du Rycr n'ait pas entendu cet endroit
d'Herodote, car, fuivant fa traduélion, la fontaine
devoir paifer fur la montagne percée : au lieu
que la montagne n'avoit été percée que pour la conduite
de la fontaine.
Environ à joc. pas de la mer , & prefqne à pafeille
diilance de la riviere Imbrafus vers Îe cap de
Cora, font les ruines du fameux Templ e de Junon
la Samiene, ou la proteftrice de-Samos. Les plus
habiles Papas de Tlfle connoiifcnt encore ce lieu fous
le nom de Templ e de Junon. b Menodot e Samien
cité dans Athenée comme l'Auteur d'un livre qui
iraitoit de toutes les curiofitei deSamos, alfureque
ce Temple étoic l'ouvrage de Caricus & des Nymphes
, car les Cariens ont été les premiers poifefleurs
de cette lüe. Paufanias dit qu'on attribuoit
cet ouvrage aux Argonautes, qui avoient apporté
d'Argos à Samos une ñatue de laDéeffe, Ôcqueles
Samiens foutenoient que Junon étoit venue au monde
fur les bords du fleuve Imbrafiis fous un de ces
arbres que nous appelions c Agtms cajlus. Il eilvrai
que ces arbres fontfortfrequeusleîongdecetceriviel
e , & même par toute I'lHe, & dans l'Archipel.
O n montra par veneration ce pied d'Jgfius cajlus
P^endant long-temps dans le Temple de Junon.
Paufanias prouve auifi l'antiquité de ce Temple par
Celle de la ftatuë de la DéeiTe, qui étoit de la main
de Smilis Sculpteur d'Egine, contemporain de Dédale.
Clement d'Alexandrie , fur le témoignage
d'jEthlius Auteur fort ancien, remarque que 'laftatue
de Junon à Samos, n'étoit qu'un bout de planche
groffiére , qui fut depuis façonné en ftatuë.
Athenée, fur la foi du même Menodote dont nous
venons de parler, n'oublie pas un fameux miracle
arrivé lorfque les Tyrrheniens voulurent enlever la
ftatuë de Junon; ces pirates ne purent jamais faire
voile, qu'après l'avoir remife à terre. Ce prodige
rendit l'Iile plus celebre &plus frequentée ; le T emple
fut brûlé par les d Perfcs, & on en regardoit encore
les ruines avec admiration; mais on ne tarda
pas à le relever, & il ñit rempli de tant de richeffes
» que dans peu de temps il ne s'y trouva plus de
place pour les tableaux & pour les ftatuës. Verrés
revenant d'Afie, ne craignit pas le fort des Tyrrheniens,
il ne fit pas fcrupule de püler ce T c iml c ,
& d'en emporter les plus beaux morceaux : Cicer
ó n lui reproche avec raifon cette impiété. Les
girates n'épargncrent pas non plus cet édifice du
temps de Pompée. Strabon l'appelle un grand
T a n p l e , non feulement rempli de tableaux, mais
dont toutes les galeries étoient ornées de pièces fort
anciennes : c'efr. fans doute parmi ces pièces qu'on
avoir espofé le tableau des premieres amours de Jupiter
& de Juuon d'ime maniere lî naturelle ,
a lUnd. iib. }i.
b II«/ tHç Dtipn. lib. I j ,
ta CïKÎiittral ¿r vnlg,.
A G E
e qu'Origéne le reproche aux Gentils. Il y avo',
outre cela dans le Templ e de Samos une courdeî
tinée pour les ñacaes, parmi lefquelles on en vovoii
trois coloifales de la main de Myroii, portées fi/ri!
même bafe. Marc Antoine les avoit fait enlever
mais Augufte y fit remettre celles de Minerve
d'Hercule, & fe contenta d'envoyer celle de Jupi
ter au Capitole, poia-être placée dans un petit Tem
pie qu'il y fit bâtir.
De tant de belles chofcs, nous ne trouvâmes
plus que deux morceaux de colonnes, & quelques
bafes du plus beau marbre du monde. De ces colonnes
l'une n'a qu'un tambour fur fa bafc,& l'au.
irc en a encore une douzaine : chaque tambour e||
de 3. pieds 7. pouces huit lignes de haut fur ô.pieds
de diamètre. Il y a quelques années que les Turcj
s'jmaginant que la plus haute étoit pleine d'or&
d'argent, tentèrent de la mettre à bas à coups de
canon qu'ils tiroient de leurs galeres. Les boule»
firent éclater quelques tambours, & dérangéremies
autres; il y en a plus de la moitié hors de leurlj.
tuadon.
O n voit encore quelques bafes de colonnes qui
paroilTent comme alignées en quarré long ; mais
comme elles font entremêlées de pluiîeurs tmbours
de colonnes abbatuës, on n'en iàuroitbiea
comprendre la difpofition , ni par confequent le
plan de tout l'édifice, qui étoit fuivant fHerodote
la troiiîéme merveille de Samos : cet Auteur convient
que c'étoit le Temple le plus fpacieux" qu'il
eut vû, & nous ignorerions fans lui le uom de
l'Architefte qui l'avoit fait bâtir; c'étoit unhoiiM
de Samos appelle Rhsecus.
Ce Rhsecus y avoit employé un ordre de colonnes
aifez particulier, comme l'on peutvoirparle
deflèin qu'on en a fait graver. C'eft, pour ainlidir
e , l'ordre Ionien dans fa naiifance, & qui n'a pas
toiue la beauté de celui que l'on pratiqua dans la
fuite. La bafe de la plus grande colonne dentón
vient ^de parler , a deux pieds huit pouces de haut,
relevée en bas d'un gros cordon arrondi, hautd'un
pouce , & ornée de cinq canelures annulaires h
creufes : le reûe de cette bafe eft du diamètre du
fuft de la colonne; mais il eft terminé par unpeÉ
cordon: cette bafe eft pofèe fur un pièdeftal d'un
pied huit pouces de haut, bandé de cinq anneaux,
en forme de petits cerceaux. 11 ne refte plus qu'un
feul chapiteau que nous fimes découvrir ; carilétoiE
enterré dans l'enceinte du Temple : ce chapiteali
qui cft prefentement le feul au monde de fon cfpéce,
a un pied fept pouces de haut, & répond au
profil de la bafe ; ibn tympan eft relevé d'un gros
rouleau d'un pied de haut, fur lequel font entaillez
en rond d^s oves en relief, enfermez chacun dans
Cl bordure ; & des entre-deux des bordures pendeut
des pointes en maniere de flammes. Il y a un ped
PaufM.
e LtL 4. Í
f Lih. 3,
i'il