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c i e n n c s carrières de l'Ille , alTel près de la
i'illc.
a Strabon a parlé de ees carrières, & Pline aflii
q u ' o n y dícouvrit le premier jalpe : en bàtilBnt
les murailles de la ville on fit remarquer la beauté
de cette pierre à Cicerón : je la troitverois encor
e plus belle,dit-il, li elle venoit de T i v o l i , voulant
par là leur faire comprendre qu'ils feroieut maîtres
d e R ome s'ilspolledoientTivoli,ou que leurpierre
feroic plus eib'mée fi elle venoitde loin: c'ei l dans ce
v o y a g e , fuivant les apparences, que cet Auteur apprit
q u ' o n avoir trouvé dans ces carrières latèted'unSat
y r e , deffinée naturel lement lut une pierre d'éclat.
L e s habitans de Scio conviennent que leur I
M e a Í10. milles de tour : Strabon lui donne
900. itades de circonférence, c'ell-à-dire ira. mil-
Jes & demi : Pline va jufques à i z j . mille pas.
T o u t cela peut être vrai ; car outre que la dirtance I
de ces meiures eft peu confiderable, de toutes les
manieres de défigner la grandeur d'une Ifle, celle
d ' e n mefitrer la circonférence eft la moins exaétc,
à c a u f e de l'inégalité des eûtes, dont on ne juge
l e plus fouvent que par eftimation. L'ille de Scio
s ' é t e n d du nord au fud ; mais eft plus étroite vers
l e milieu, terminée au fud par le c C a b o Maftico
o u de d Catomeria, & au nord par celui = d'Apanonieria.
La ville de Sci o & le Campo font vers
l e milieu i l'eft fur le bord de la mer : cette ville
e f t grande, riante & mieux bâtie qu'aucune ville du
L e \ a n t ; les maifons en font belles, commodes,
terminées par des combles de charpente couverts
d e tuiles plates ou creufes : les terraîïès font enduites
d'un bon ciment, & l'on connoît bien que les
S c i o t c s ont retenu la maniere de bâtir des Génois
qui avoient embelli toutes les villes d'Orient où
ils s'étoient établis : en un mot , après avoir paiîë
u n e année dans l'Archipel à ne voir que des maif
o n s de boue , la ville de Sci o nous parut un bijou
q u o i q u e mal percée & pavée de cailloux comme
n o s villes de Provence : les Venitiens dans la
dermere guerre embellirent Scio , en faifant razer
l e s maifons des environs du diâteau où l'on voit
prefentement une belle efplanade.
C e château ett une vieille citadelle conflruite
les Génois fur le bord de la me r , il bat la ville
l ^ î e port ; mais il paroit dominé par une partie de
t - l a ville : on prétend qu'il y a 1400. hommes de
g a r n i f o n ; il en faudroir plus de 2000. par rapport
à fon enceinte defFendue par des tours rondes &
pas un méchant fofTé : le dedans de la place eft
p r e f q u e tout rempli de maifons fort ferrées, habitées
feulement par des Mufulmans ; ou occupées
par la NobleiTc Latine : il y a plus de 80. ans, com-
í A«T,>,. ïj; ! , f , i ^
Slrab. lier. Cío;, líb. IJ.
b Multo, ii^uir, mugís
In Chiorum hpididna f.
i . Dm,.
c «,. tí Smk ¡iU.
d raitie iufeikuie dç l'ille.,
iiarei, C Tibuiiino lapide fetifdifciflo
caput extitic íaHiicj. £iV.
A G E
' me le marquent encore en plufieurs endroits les
mes des Nobles Juftiniani, Burghefl, Caflclli »
autres : les Turcs en rétabliilTent tous les jours Its
inaifons détruites par les bombes des Venitiens ft
l ' o n y a bâti une Mofquée afli:z propre. '
_ L e port de Scio cft le rendez-vous de tous la
bâtimens qui montent ou qui defeetident : e'eli
à-dire qui vont à Conftantinople , ou qui en reviennent
pour aller en Syrie k en Egypte : cepen.
dant ce port n'eft pas des meilleurs, quoique'Stri.
b o n f aifure qu'il peut contenir jufques à quatre,
vingt vailFeaux ; il n'y a prefentement qu'un niéchant
mole, ouvrage des Génoi s , formé pur une
j e t t é e à fleur d'eau, do^t l'entrée ell allez étroites
dangereufe par les rochers des environs qui fout i
peine couverts d'eau & que l'on évireroit difficilement
fans le fanal élevé fur l'écueil de Saint Nicolas
, nous laiiïàmes dans ce port fept galeres Turques
& trois vailfeaux de guerre de Tripol i : oidinairement
il y refte une elcadre de galeres.
A l'égard de la campagne, Athenée g a bienti
f o n de dire que Scio cft une Me montagueiifc S
rude ; cependant les bois rendoient ces montagnes
plus agréables dans ce temps-là : au lieu qu'elles
f o n t aujourd'hui aiTez ftériles : cette campagne ell
portant admirable en certains endroits, & l'on n'j
v o i t qu'Or ang e r s , Citroniers, Oliviers, Meutiers,
M y r t e s , Grenadiers, fans compter les Lentifqiies
& les Terebinthes : le pays ne manque que de
g r a i n s , l'orge & le froment qu'on y recueille, fiit
itfent à peine à la nourriture de fes habitai« pendant
trois mois ; on eft obligé d'en tirer de terie
f e r m e le refte de l'année ;c'cf t -pourquoi les Princes
Chrétiens ne pourroient pas conferver cette Ille
l o n g - t e m p s , s'ils croient en guerre avec les Turcs.
C a n t a c u z e n e rapporte que Bajazet affama toutes les
l i l e s en defendant qu'on y tranfportât des gtaiiis;
il feroit malaifé de fe bien établir dans l'Areliipel,
fans poiTeder la M o t é e ou la Candie , d'où l'on
tireroit des vivres : le village de G e fme , qui elt
l ' a n c i e n n e ville d'Erythrée , fuivant quelques-uns,
f o u r n i t des grains à Scio : on ne fçauroit croire
combien la terre d'Afi c eft fertile : Gefmé eft visa
vis de Sci o en deçà du cap de Carabotiron.
P o u r du vin , Sim en fournit aux Ifles voilines,
il eft agréable & ftomacal. h Theopompe dsns
A t h e n é e dit que ce fut Oenepion fils de Baecbns
qui apprit aux Seiotes à cultiver la vigne; que ce
f u t d-ans cette Ifle que fe bût le premier vin rofé,
& que fes habitans montrèrent à leurs voiiins la
maniéré de faire le vin- i Virgile & Horace s'acc
o m m o d o i e n t fort des vins de Sci o : Strabt>n qui
c Par
fT^,,
novum fundant calalhis Tifia Ncaai
I, Dííffl.
D U L E V
en parle comme des meilleurs vins de G r è c e , vanrc
lur tout ceux d'un quartier de l'iilc oppofé d
celle de « P-lyra ou FCira comme l'on prononce
aujourd'hui; & Pûr a n'cll connue dans le Levant
ijue par cette liqueur. Il n' y a pas long-temps que
les troupes de Mc'iomorto ont détruit les vignes
d'4utiplàra qui rapportoient auiTi beaucoup devin,
b Pline parle très-ibuvent des vins de S c io, & cite
Varron le plus Içavant des Romains, pour prouver
qu'on l'ordonnoir à R ome dans les maladies
deTellomac. Varron rapporte aulfi qu'Hortenlîus
en avoi: laiffé plus de di.\ milles pieces à fon héritier.
' C é&r , ajoûte Pl ine, en regaloit fes amis
d;ms fes triomphes & dans les feffins qu'il donnoit
au grand Jupiter & aux autres divinités ; ma i s Athenée
entre dans un plus grand détail d fur la nature
& fur les qualitcz des vins de Sci o ; ils aident, ditil,
à la digef t ion, ils engrailfent, ils font bien faifaus,
& l'on n'en trouve point de lî agréables, fur
tout ceux du quartier d'Ariufe où l'on en fait de
trois fortes, continue cet Aut eur ; l'un a tant foit
peu de eette verdeur qui fe convertit en féve, moi-
Jeux , nourriffant & paiTant aifément ; l'autre qui
n'eli pas tout à feit fans liqueur , engraiife & tient
le ventre libre ; le dernier participe de la délicatelïc
& de la vertu des autres.
A Scio l'on cultive la vigne far les côteaux, &
ron y coupe les raifnis dans le mois d'Août pour
les lailfer fécher pendant huit jours au foleil,
après quoi on les foule , & on les laiiîc cuver
dans des celliers bien fermez : pour faire le meilleur
v in, on mêle parmi les raifins noirs, une efpccede
railîn blanc , qui fent comme k noyau de
Pêche; e mais pour faire le N eûa r , qui porte encore
aujourd'hui le m ême nom , on employe une
autre forte de raifin, dont le grain a quelque chofe
de ftiptique & qui le rend difficile à avaler : f les
vignes les plus cftimées font celles de Me f t a , d'où
les anciens tiroient ce Neâar ; on en recherche
les ctoiTettes, & M e i h eft c omme la capitale de
ce fiuneux quartier , que les anciens appelloient
Arioufia.
Il n'eft pas malaifé de comprendre par là pour-
<luoi l'on voi t dans g Goltzius des grappes de tai-
Cn fur quelques médailles de Scio : ou y reprefentoit
auiîl des li cruches pointues par le bas & à
deux anfes vers le col ; cette figure étoic propre
pour en faire feparer la lie, qui le prccipitoit toute
à la pointe après qu'on les avoit enterrées-; enfuite
on en pompoi t le vi n ; mais il n'eft pas ii aifé de
rendre raifon pourquoi l'on rcprefentoit des Sphinx
ftr les revers de ces médailles -, fi ce n'eft que le
Sphinx eût fervi de fymbol c aux Seiotes, de mcine
que la Chouet t e aux Athéniens. .
ï H" AfiiVfia Xi'f* âf'TOV tifovra T
1'""" ìib. 3. îî T.,.
b Mijï. „ar. M. 14. c,/,. 7. M- & IS.
e «"'/rtr. Epate Plin.
d Ûe,;«. ni,. 1.
« Al r'ííatHW«, í'íJíiwm, Pctficumi
Sirab.
A N T . Le i f r e I X . 14 ;
O n ne recueille pas beaucoup d'huile dans Scio,
les meilleures récoltés n'en donnent qu'environ
200. muids; chaq.ue mui d pefe 400. oques, & Toque
n'eft à Sci o que de trois livres deux onces. Les
F r a n ç o i s tirent aflèx de miel & de cire de cette
l i l e ; mais la foy e cft la marchandife la plus conli-
.derable du pays : on y en fait tous les ans, fuivant
leur maniere de compter ; plus de foixante mille
ma-iTes ou 30000. livres, la maffe ne pelant que
demi livre de nôtre poids : prefque toute cetre foye
eft employée dans I'lile aux manufaaiires de vel
o u r s , diuiias, & autres étoffes deftinées pour J'Al
i e , l'Egypte & la Barbarie : on mêle quelquefois
de l'or & de l'argent dans ces é tof fes fuivant le
g o û t des Ouvriers ou des Marchands.:' chaque livre
de foye doit à la Douane quatre i timius, c'cft-àdire
20. fols de nôtre m onno y e ; en 1700. elle fe
vendit jufques à 35-. timins la livre; celui qui l'achete
eft obligé de payer la Douane. Les Turcs
& les Francois payent trois pour cent de toutes les
marchandifes de l ' ine : les Grecs, les Juifs & les
A r m é n i e n s payent cinq pour cent. Cette Douane
eft affermée k 25-. mille écus au profit du grvmd
T h r e f o r i e r de Conftantinople.
L e s autres denrées de l'iile font la laine , les
f r o m a g e s , les figues & le maftic : le commerce
de la laine & des fromages n'eft pas fi confiderable
que celui des figues: outre celles que l 'on confomm
e à faire de l'eau de vie, on en charge encore des
bateaux pour les liles voifines : ces figues y viennent
par caprificacion ; mais pour les conferver ou
c f t obligé de les paffer par le f o u r , o ù elles perdent
leur goût. Il n'y a point de falines dans Scio; ou
v a chercher le fel à N a x i e ou à Fochia.
A v a n t que de parler du maftic , il faut remarquer
que l'on diftingue les villages de l'Ifle e u trois
clalTes ; fçavoir ceux de! Campo ceux à'Jpanomeria,
& ceux o ù l'on cultive les Lentifques, arbres qui
donnent le maftic en larme : les villages del Campo,
ou ceux qui font aux environs de la ville s'appellent
Bafilionica, Thymiana, Charkios, Neocor
i o , Berberato, Ziphia, Batili, Daphnona, Caries
& Fetrana ; ce dernier eft prefque abandonné.
L e s villages d'Apanomeria font Saint George,
L i t h i l i m i o u a , Ai-goui où l'on fait le charbon. Ano -
b a t o , Sicroanta, Piranca, Purperia, Tripez,Sainte
H e l ena , Caronia,Kcramos,Aleutopoda,Aj:iarc
a , Fira, Catnbia, Viki, Amalthos, Cardamila,
P y t i o s , Majatica, Voliifo fur la côte duquel on
dit que l'on voit la mer bouillir; apparemment ce
f o n t des bouillons d'eau chaude femblables à ceux
d e Milo. 1 Spartonda eft encore un village dans
l e même quartier au pied du mont Pelincé la plus
haute
f Kv^cWiktx,.
g De Infiil. Grxc. T-ti. 15. & IS.