
L E T T R E
quelle elles s'attachent. Ce n'eft pas néanmoins le plus grand mal qu'elles font à une Plan,
t e , que de fe nourrir à fcs dépens. Mais comme leurs racines font très-délices, elles s'inj.
nucnt dans les parois des porcs, & les élargiilent ; ce qui produit une caric ou gangrene
qui caufc la mort de la Plante quand on n'y remédié pas. '
Les autres accidens, ce font les piquûres des différens infcaes. Comme ils dépafent leuri
oeufe dans les endroits où ils piquent les Plantes, ils y caulcnt des tumcui's; elles viennent dt
ce que ces petites fractures font cpanchcr les fucs nourriciers, qui s'imbibent dans !cs porcs
voilîns, & les font gonfler à mefure qu'ils en dilatent lès fibres. Ce qui empêche encore la
fucs de reprendre leur cours ordinaire , ce font les petites obllruftions que caufent dans les
pores de la Plante, le dépôt des oeufs de ces infedes, C'cil de cette maniéré que fe forment
les noix de galles, les pommes de fauge, les ruches du Picea, Scplufieurs autres tubercules,
qui viennent fur le chardon , fur l'églantier , & fur prefque tous les terebinthes; dont les
fucs étant très-vilqueux , reprennent leur coui'S avec plus de difficulté que ne le font ceux
des autres arbres, quand une fois ils ont été détournez.
Ce n'étoit point afliz pour M. de Tounrefort, d'avoir découvert les maladies des Plantes,
& d'avoir pénétré leurs caufes; s'il n'avoit auffi trouve les fymptômes qui peuvent les
taire connoître, la maniéré de les prévenir , Se les remedes propres à les guérir : C'eft ce
qu'il a très-exaélemcnt expliqué; n'étant pas moins leurMedecin que leur Anatoniifte. Toutes
ces recherches ne font pas fimplement eurieufes; elles fe rapportent à fa Profciîion; puifqu'en
prévenant & en guerifl^mt les maladies des Plairtes, il les met plus en état de prévenir
& de guérir les maladies des Hommes. Je croi , ] \ÎONSIEUR, pouvoir dire fur cela,
qu'il fembloit que W. de Tournefort fût le Génie de la Botanique & de la Medecine ', je
u'ofe aller jufqu'à le nommer celui de la Phyfique & de la Natui-e.
Auffi amateur des découvertes des autres, que capable d'en faire lui-même ; il fe fit un
plaiGr de lire à 1'Academic des Sciences une Diflértation Anatomique fur les Caftoi's de Canada.
L'on y avoit déciit en même tems toutes les manoeuvres de ces amphibies; leur maniéré
de vivre, de bâtir, & de fe garantir des inondations ; leurs finelles & leurs rtifes; &,
s'il eft permis de parler ainlî, leurs moeurs & leur police. 11 tenoit cette pièce curieulé de
M. Sarrazin, Medecin Royal en Canada , & l'un de fes Correfpondans de Science en
Amérique.
C e n ' e l l l à , MONSIEUR , qu'une partie de ce que j'ai recueilli des converfations de
M. de Tournefort, en divers tems. Ce feroit un ouvrage de trop longue haleine, fi j'enti
eprenois de raconter toutes les autres chofes qu'il a découvertes, & dont il a parlé.
La Rélation de fou Voyage dans le Levant, qui formera les deux volumes in quarto que
l'on imprime au Louvre, le fait bien connoître ; chaque volume contient onze Lettres,
dans iefquelles il rend un compte exact à M. le Comte de Pontchartrain , de tous les Païs
oti il a paiTé.
Si c'étoit ici une pièce de Pocfie , je dirois que chaque Lettre eft comme éraaillée par
l'agréable variété des fujets. Elle renferme des obfcrvations fur la fituation & la polition
Géographique des Villes,fur leur origine,fur la nature de leurClimat,& fur leurs noms différens;
des remarques iur les moeurs, les coutumes, la Religion, & les maladies des Peuples;
& la defcription des Plantes, des animaux, des poiflbns, & des oifeaux rares qu'il a
trouve?., aufli bien que des antiquitez qu'il a vues.
Cet Ouvrage, permettez-moi, M O N S I E U R , cette expreffion, eft-comme un Enfant
pofthume de M. de Tournefort. Il n'étoit pas juftc qu'il fiit privé d'un héritage auffi coniîdérablc
qu'eft celui des applaudiflcmens du Public, dont fes Aînez ont été fi heureufement
partagez. Ils ne peuvent certainement lui manquer; puifqu'au jugement des Perfonnes de
bon goût , à qui de Tournefort en avoit lû plufieurs morceaux, c'eft une Encyclopédie
M O N S I E U R BEGON.
aiouter que ce même Ouvrage cft encore plu-
^ a rendues à M. le Comte de Pontchartram,
rs été très-attentif au progrès des Scienqui
plaît en
d X ^ ^ ^ ^ u f f i pénales, ^ en t^s a ^ ^ ^ ^ J ^ ^
Pulieres de îr^l.nefor t avoit effayez, qu'il le plaignit
.....ques partidans
les lati-
, &q u il dai-
ïï'S. 1 Medecii
ntageu
^.. Royal. Jen'afteaerois pas, Je paflerois meme
1 College
' ont été
nfie2
fous fil qu'(.
. .
qu'il en fit, ne faifoit voir q
du defir de perfecTrionner les diffe:
rendre encore plus digne des b
' ob " " "
de'fes recherches & de fes découvertes.
Comme il avoit toujours travaille a les a.
les avantages qu'elles exigent ordinairement
pour fon kedecin; & marqua ror ce chou
cité: Un pareil choix vaut un eloge. Gc"
me qui en fçût mieux connoître le prix
Tournefort en a donné des preuves bien
l'on a de fa perte ; puifque c'eft a lui qufti
e, que l'on peut regarder co
elles ne pouvoient que lui produire
maniérés. U. l'Abbé Bignon le prit
,'il faifoit de fon mérite & de fa capane
pouvoit confier fa fante a unHomgmenter
de toute:
M. de
auieUes. Elles augmentent encore le regret que
us devons la confervation de ce Magiftiat illu;
eiTei
on peut^r^^îdere' i^ne ii Gén'protec^eur de deux célébrés Acadeinies, qu il
Ii-S plus fiorifl'ante.
.. - , crnerir. Il charmoit lame-
•elles difputoieiit prefque d (
„tivki & que produiGint iur
s prémiers remedes
:xpcriences lui avoient app
:nt f<
1 &f(
uifoientfurle corps, il étoit Medecin de lui
n accident auffi imprévu que difficile a preyoi
11'Academic des Sciences, il eut la poitrine
qu'il
:fficacité avec ceux que fes
l'efprit ce que fes remedes
éc de l'autre. .
, eftlacaufedefa mort. Comme il alviolemment
preifée par l'eflieu d une cha-
' L r „".i» rL Amis ne l'avoit promtement fecouru , ce tiilte
i où il fe trouvoit, de faire en même tems fes Leç
fes Leçons de Medecine au College Royal , & c
.tions
, .leâu
prod-
U
joit •;
jrette
moment aur(
exactitude u
l'état fàcheu
des Simples.
fon Voyage'.
De forte que les remedes qu'il fit, &: fes
liquc -au Jardin
1 la Relation de
,ns de Bot;
I travaillci
innoiiTances, lui devinrent également