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Jcrée 0\J qui prcSdoit ans lieus clevei. PanGinias
V O Y A G E
atieûre que le Ibminct dc la montagne de
S i n y r n e , appelle Cory;>6i, avoic donné le nom
d e Coryphccit à Jupiter qui y avoit un Temple.
M r . de"" C amps a un beau Médaillon où ce Dieu
A c r é e elt repréfenté aiiis, auffi bien que lur une
M é d a i l l e dc Vefpaiien où le même Dieu affis,
tient de la main droite une Vifloire & une Haft
e de l'autre.
P l u l i e u r s autres Médailles de Smyrne fervent à
n o u s faire connoître le rang qu'elle tenoit parmi
l e s places d'Alie. Ses Citoyens fe vantoient , dit
T a c i t e , d'être les premiers de tous les peuples
d ' A l i e qui avoietu drefle dans leur ville un T emp
l e .à Rami , fous le notn de Romi U Deep, dans
l e temps même que Carthage fublilîoit , & qu'il
y avoit de pailTans Rois en Alîe, qui ne connoiff
o i e n t pas encore la valeur des Romains. Smyrn
e fut faite Neocore fous Tibere avec beaucoup
de diUinaion ; & les plus fameofes villes d'Alie
ayant demandé la permiffion à cet Empereur de
lui dédier un T empl e , Sinyrne fut preferée. Elle
devint Neocore des Cefars, aulieu qu'Ephefe ne
l ' ë t o i t encore que de D i ane ; & dans ce temps - là
les Empereurs étoient bien plus craints , & par
c o n f é q u c n t plus honorei que les Deeffes. Smyrn
e fat déclarée Neocore, pour la féconde fois
f o u s Adrien , comme le marquent les marbres
d ' O x f o r d ; enfin elle eût encore le même honneur
êi prit le titre de Pre-miere liUe d"Afie fous
C a r a c a l l a , qu'elle conferva fous Jalia Mrfa,
f o u s Alexandre Severe , fous Julia Mammoea
f o u s Gordien Pie, fous Otacilla, fous Gallien
& fous Salonine.
E n fortant du Château , nous allâmes voir les
r e l i e s du Cirque , qui font à gauche. On palTe au
devant d'une Chappelleà moitié ruinée, où l'on
m o n t r e les de'bris du tombeau de Saint Polycarpe
pretnier Evêque de Smyrne , qui non feulement
eut le bonheur d'être Difdple de Saint Jean Baptifte
, mais qui fut établi Evêque par les Apôtres
m ê m e s . Après avoir gouverné fon Egl i f e pendant
l o n g - t e m p s , il fut brûlé vif à l 'âge de cent moins
quatre ou cinq ans, fous M . Aiârele ou fous Ant
o n i n Pie. Les aftes de fa vie portent que cette
f a i n t e Tragedle fe paffi dans l'Amphiteatre de
S m y r n e ; ainlî il y a plus d'apparence que ce fut
dans le Theat r e dont on vient de parler, que dans
l e Cirque où nous allons entrer.
C e Cirque eft f, fort détruit qu'il n'en refte,
pntir ainli dire, que le mouleion en a emporte
tous les marbres , mais le creux a retenu fon
a n c i e n n e figure. C'eil une efpece de vallée de
41Î5-pieds de long , fur 110. de largeur, dont
le haut ell terminé en demi cercle, & le bas ell
ouvert en quarré. Cet endroit préfentement e(i
f o r t agréable par f apc l o i i f e , car les eaul n'y crou-
ptffent pomt. Il ne faut pas juger dc la veritable
grandeur du Cirque on du ftade , par les mefures
que nous avons rapportées ; on fçait que ces fortes
de bcux n'avoicnt ordinairetnent que 125. pas
de long, & qu'on les appelloit quand ils
avoient le double. On découvre de cette colline
toute-la campagne de Smyrne qui eft parfaitement
belle , & dont les vins étoient cilimei du temps
dc Strabon & d'Athenée.
R i e n ne donne une pins belle idée de la magnificence
de l'ancienne Smyrne, que la dêfcription
que Strabon en a laiffée. Larff/te le, Lvd!em, dit
cet Auteur , dirent dàrn'n Smyrne ^ tant ce (Quartier
, pemUat envi m 400. W , m fut pmpU que
t^r hmvdet • ,„.,„ A„tis>„u, U reiMit , y
e«fu,te L;fimMhu!. C'tjl mjard'hui U plus belle
mile d'Afie. Uae pMie f/i Une ]„r U rM-Mrxe
r^m, U plut gr„„:ie pan,e eft da-m h fU^efîir le
Port, vu-i-mj h Ter,ple de Cytele £5" du Gyrmafe.
Les ruis fini le, f i s , belle, ye'ra ait fut'faire,
tirées a angle, dro:t, y fave'es de belles pierres. U
y a de grands £5' bea«x Portiques , me B iUioteaye
pMpie, fi K» Portique quarré où eji la ftattië
i Ilomere:, car ceux de Smyrne fim fort jaloux de
ce qu'lhmere a pris »aijfaaee parrai eux , H il,
ont fait frapper un Méda.llon de cu.^re qu'ils ap.
pellent Homerion. La riiaere Meles coule le'long
de fe, murailles. Entre les autres commodités, de
la ville, H y ' •• Port que l'on ferme
T e l l e étoit Smyrne du teinps d 'Auguf t e & fuie
n t les apparences on n'avoir encore bâti ni le
1 heatre ni le Cirque , car Strabon ne les inroit
pas oubliez. Ainli Mr. Spon a conjcfluré avec
r a i f o n , que le Theatre fut bâti fous Claude, puifq
u ' o n trouva le nom de cet EmpereurTur unpiideftal.
Strabon nous apprend que les'Lydiens 1-
v o i e n t détruit une ville encore plus ancienne que
c e l l e qu'il décrit, & c'cft de celle dont parle Hér
o d o t e , lorfqu'il affûte que Gigcs Roi de Lydie
d é c l a r a la guerre au.x Smyrncens , & qu'Halyatt
e s , fon petit-fils, la prit. Elle fut enfuite maltraitée
par les Ioniens-, fnrprifc par ceux de Colophon
; enfin rendue à l'es propres Citoyens,
mais démembrée de l'Eolide. Mr. Spon écrit que
cette ancienne Smyrne étoit entre le Château de
la Marme & la ville d'aujourd'hui ; il| en relie
e n c o r e quelques mines fur le rivage.
L e s Romains pour fe confcrver la plus belle
porte d'Al i e , ont toûjours traité les Citoyens de
S m y r n e fort humainement ; & ceux-ci pour n'être
pas expofez aux armes des Romains , les ont
beaucoup ménagez , & leur ont été fideles. Ils
l e iniKilt fous leur protefrion pendant la guerre
d Antioehus • ,1 n'y a que Graffi,s Proconful Romain
qui fut malheureux auprès de ente ville.
N o n feulement il y fut battu par Arillonicus,
D U L E V A
mais pris & mis à mort , fa tête fat prefentée à j
Ion ennemi, & fon corps enfeveli à Smy r n e , Per- !
penna vengea bientôt les Romains , & fit captif j
l U i l l o n i c u s . Dans les guerres de CeCir & de P om- I
pce, Smyrne fe déclara pour ce dernier , & lui 1
fournit des vaiffeaux'. Après la mort de Ccfar, j
Smyrne qui penchoit du côté des conjurez , refofa
l'entrée âDolabcl la, & receut le C o n f u í Treius
l'un des principaux Auteurs dc la mort du
D i t l a t e u r j mais Dolabella l'amufa li à propos,
qu'étant entré la ii-uit dans la ville il s'en failit
& le lit martyrifer pendant deux jours. Dolabella
:cpendant ne put pas confcrver la Place ,CaÎIÎus
£ Brutus s'y airemblerent pour y prendre leurs
nicfures.
O n oublia tout le paffé quand Aiigulle fut paifible
poffeffeur de l'Empire. Tibere honora Smyrdc
fa bienveillance & regla les droits d'Alile
tie la ville. I^. A a r e l e la fit rebâtir après un grand
mblement de terre. Les Empereurs Grecs qui
l'ont poffedée après les R oma i n s , laperdirent fous
Alexis Comnene . Tzachas fameux CorCiire Matiometan
, voyant les affaires de l 'Empire fort emb
r o u i l l é e s , fe fallii de C l a i ome n e , de Smyrne &
de Phocée. L'Empereur y envoya fon beaufrere
Jean Ducas avec une armée de terre , & Cafpas
: une flotte. Smyrne fe rendit fans coup fele
gouvernement en fut donné à C a f p a i , qui
inant à la ville après avoir accompagné Du-
, reçût un coup d'épee del à main d'un Sarral
i n ; ce malheureux avoit volé une grolle fomme
d'argent à un bourgeois de la ville , & voyant
f a condamnation inévitable , il déchargea fa rage
fur le Gouverneur.
L e s Mahometans, fous Michel Paleologue qui
chalfa les Latüis de Conllantiiiople , fe (iiifircnt
de prefque toute l'Anatolie. Atin un de leurs
principaux Généraux prit Smy r n e , fous Andronic
•e vieux. Homur fon fils lui fucceda , & c omme il
•toit occupé à ravager les côtes delaPropontide,
les Chevaliers de Rhodes s'emparèrent des envis
de Smyrne & y bâtirent le For t SahitPierre.
Homur revint à Smyrne, & voulant reconnoitre
ce Fort qui n'éioit pas fini , il reçût un conpde
Seche dont il mourut. Pendant la vie d'Homur
qu'on appelloit le Prince de Smyrne , les Latins
brûlerent fa flotte , & fe fiilirentde la ville. Le
Patriarche de Conllantinople qui avoit été fait
par rélefiion du Pape , ayant jugé à propos de
dire la M e f f e dans la principale Egl ife, y fut furpris
par les Troupes d'Homur , lelquelles ayant
nis les Latins en fuite , le déeollerent tout réé
lu de fes habits Pontificaux, & maffacrérentla
N o b l e l f e qui étoit autour de lui. Quelques Hifto-
•iens Génois rapportent à l'année 1546. une expedition
que les Génoi s firent fur ces côtes, fous
T o m . IL
1 Mdep^cne, né fur Ics boids de Mcics.
N T.
D o g .
•Letlre X X I L
Vignoft , par laquelle ilsajt
aine Scio , Smyrne & -Phocée,
:ences ils ne gardercrent pas loi;
. puifque Morbaffan l'affiégea pa
can II. Empereur des Turcs , qui
une des filles de l'Empereur Cantac
A p r è s la bataille d'Angora, Tam
Smyrne ; & campi
que les Chevaliers
& où la plupart d
!.
Ducas qui
dcu
don
appa
retirez.î O î
à leur
t les
l-tems Sn
• - Q
en ordoi
une piei
T o u r d''
f é e en p
gées comm
avoit éponfé
uzene.
i r l an afCégea
tout près du For t Saint Pierre,
de Rhodes avoient fait bâtir,
s Chretiens d'Ephefe s'étoicnr
1 fait la relation de ce fiége,
c i r c o n l l a n c e s bien fingulieres.
;rlaii fit combler l'entiée du Port,
à tous fes foldats d'y jetter chacun
i . Qu'il y avoit fait conflruire une
nivei ordre d'archire£lore , compode
pierre & dc têtes de morts, randcs
pieces de marqueterie , tantôt
de front & tantôt de profil. Après la retraite de,
T a r t a r e s , Smyrne relia à Cineites fils de Carafupafi
Commandant d'Ephefe, &qui avait été Goucrneur
de Smyrne fous Bajazet. Cependant Miifulman
l'un des fils de lîiijazet , jaloux de la grandeur
de Cineites, palia en Afie en 14.04. dans le
delfein de l'abaill'cr. Cineites fit une puilTanle line
avec Caraman Sultan d'Iconium , & aveô
;armian autre Prince Mahome t an ; mais ils firent
1 Paix fans en venir aux mains. Cineites n'eut
as fi bon marché de Mahomet I. autrefilsdcBaj
a z c t , Mahomet vint allîéger Smyrne que l'on
•; bien fortifiée & bien munie. Cineires fe retira
à Ephefe, & le Grand Maître de Rhodes fit
i l l e r avec toute la diligence pofflble à rétablir
le Fort Saint Pierre que Tamer lan avoit fait
.•afer ; la ville le rendit après dix jonts de liège ;
M a h o m e t en fit démolir les murailles & mettre
à bas uneTourque le Grand Maître faifoit conllruire
à l'entrée du Port. Depuis ce tems-là les
z paifibles poffeffeurs de Smyrne,
:ver cette Tour , ou pour mieux
i une efpece de Château à gauche
s le Port des galeres, qui eft l'anï
i l l e .
T u r c s font relie;
& ont fait rel.
d i r e , ils ont bà
en entrant dai.
P o r t de la
N o u s allâmes nous promener à l'autre extre-
. n i i é de Smyrne , tout au bout de la rue des
F r a n c s , vers les Jardins que le ruiffeau ^îî/î-j arrofe.
Cell le plus noble ruifTeail du monde,
dans la Republique des Lettres-. Le plus fameux
'es n Poètes eft né fur fes bords , & comme on
' en connoiffoit pas le pere, il porta le n o m de c4
ruiffeau. Unebelle avanturlere nommée Critheis,
chalfée de la ville de Cunies par la honte dc fe
v o i r enceinte, fe trouvant fans logement , y vint
f a i r e fes couches. Son enfant perdit la vue dans
la fuite , & fut n ommé Homere c'eil-à-dire VAveugk.
Il n'eft pas uéceffaire de dire que fa mere
C c ép o u f i