
i 8 8 V O Y A G E D U L E V A N T . Lettre X / .
côté : en effet à la coar du Grand Seigneur tous
les autres Rois font appeliez Sultamns^ excepté le
Roi de France à qui ils donnent le nom de Padifcha
qui lîgniiie Empereur. La Mofquée d'Ejoup
e(l à l'embouchure des eaux douces , & les Turcs
confidérent Ejoup comme un grand Prophcte& un
grand Capitaine. Ils conviennent pourtant qu'il échoua
devant Conftantinople , & qu'il y fut tué à
la tête d'une armée de Sarrafins qu'il commandoit.
Son fepulchre n'eft pas moins fréquenté que ceux
des Sultans : on y prie continuellement & ces fortes
de prières font vivre bien de gens en Turquie.
D e la Mofquée d'Ejoup, nous allâmes du côté
de terre le long des murailles de la ville, voir un
vieux édifice ruiné qu'on appelle le Palais de Confcantin
, mais qui n'a rien de confiderable : c'eft
uûe mafure éloignée des murailles, d'environ 400.
pas ; il y rerte deux colonnes qui foûtenoient uu
balcon au deiïïis de la porte qui conduifoit d'une
cour au corps du Palais ; cet édifice a plutôt l'apparence
de quelque tribunal où l'on montoit par un
efcalier de marbre dont on voit encore quelques
a RaiT/Xfiît :
b Kufxy'S.
HiJ}. lib. i.
marches ; & c'efl:,peut-être, le refte de quelque j^jj.
fon que Conftandn Porphyrogenece avoit fait bâtir,
car le Palais du grand Conlhuitin étoit dans h pre.
miere region de la ville où cft prefentcmciit le
Serrail. a Zozime alTûre qu'il n'y en avoit pas de
plus beau dans Rome. Codin l'appelle le Pakit
de Hippodrome.
Nous travcriàmes enfuite le quartier de Balat
pour defcendre au port qui eft une des merveilles
de la ville. Les Empereurs Grecs fe divcrciffiiieiit
autrefois à chafler à fîalat. C'cil pour cela qu'on
l'appelle encore en Grec vulgaire le Parc ou b/j Chafeur. Il n'y a que l'Ëglife Patriarcale qui
puilTe y arrêter les étrangers par fon nom plutôt
que par fa beauté ; elle n'eft diilante que de 200,
pas du port. Les Grecs n'oferoient faire aucune
dépenfe à cette Eglife , quand même ils feroient
ailèz riches, car les Turcs ne manqueroicnt pas de
s'approprier l'argent que l'on deilineroit pour un
d'être avec un profond refpeil,
pareil ouvrage.
J'ai l'honneur
r e l a t i o n
D - U N
V O Y A G E
DU LEVANT, T A I T F A R O R D R E D V ROIy
C O N T E N A N T
L W o i r e Anc i enne & M o d e r n e d e p M e ^ s Ifles d e l ' A r cMp d , de Conftant
i n o p l e , des C ô t e s de la M e r Non-e , de rArme n i e , de la G e o i g i e , des
F r o n t i è r e s d e P e r f e & de l ' M e Mineure.
A V E C
ksTlms des Villes K des Lieux confderaHes -, le Genie ^ ^
Commeree ® laReltgiondesdifferensTeuples qm les habitent-. Et CE^thcatto?^
des Médailles (S des Monumens Antiques.
Enrichie de Defcriptions & de Figures d'ua grand de P l a n ^ ^ ^ ^ ^ de dims
A n i m a u x i Et de plulieurs O b f emt i o n s touchant l 'Hi l loi i e INaturelle.
i W . P I T T O N DE T O U R N E F O R T ,
tmfàUr du Roi, Amdmkkn Pcnfionmin d, VM^àmie '" f % "
Mdecim de h Faculté de Paris, Profejfeur en Bmn^ul au Jardm du Roi, USeu-r
tnfeffiur en Medecine au College Royal.
t o m e SECO N'a,
A A M S T E R D A M ,
A u x dépens de L A COMPAGNIE,
M . D C C X V 1 1 l .