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, anroient peut-ctre fourni quelques obfcrvatioiis
utiles pour l'Anatoinic, li nous culfions cû un ùi-
Iii pour les tuer. On y voit des clpeces de Herun
qui n'ont pas le corps plus gros qu'un pigeon, &
qui ont les jambes d'an pied ¿i demi de haut. Les
Aigrettes Ll'y font pas rares , mais rien n'approciie
de la beauté d'un Oilean merveilleux dont je
garde la dépouille diHiS mon Cabinet, & dont j'ai
v û la figure dans les livres des Oileaux que l'on
p a n r pour le Roi. Il elt gros comme un Corbeau
, fes ailes font noires , les plumes du dos
v i o l e t t e s vers le croupion, celles qui s'crendcnc
depuis cat e partie julques au col , ibnt très-poinîucs
à leur extrémité , & d'un vert admirable dor
é & luilant ; celles du col julques vers le milieu
l o i i t d'un couleur-de-feu éclatant ; les autres qui
c o u v r e n t le relie da col & toute la lête , font
d'un vert éblomifant. Enfin la tcce cñ relevée d'u-
. ne houppe dû même vert, haute d'environ quatre
pouces , dont les plus longues plumes ibiit comm
e des palettes à lonjç manche. Le bec de cet oif
e a u eli brun , femblable à celui d'un corbeau.
O n pourroitavec plus de raiion lui donner le nom
de R.OÌ des Corbeaux , qu'à celui qu'on a apporîé
d u Mexique à Verlai l lcs, puifque l'Oifeau d'Am
e r î q u e , quelqu'admirable qu'il loit, n'a rien de
c o m m u n avec nos Corbeaux ordinaires.
J e ne fçaurois me confoler d'avoir pafTé par
C o r v i r a p fans avoir été à Ardachat. Ce n'eli qu'à
P a r i s que j'ai appris par la ledure du l^oyage dà
M r . Chardin, qu'Ardach a t , fui v a n t la tr.;diíion
des Armeniens , étoit le relie de l'ancienne ville
á'Artaxate. Le f gent du pays, dit ce Auteur, apfeilent
cette vilL' Ardachar, d^t nom d'Arîaxerxes
i^ue les^Oriemaux nomment Ardechier. Ils a[¡'iirent
qu\n voit parmi fes ruines , celles du Palais
de Tiridate^ qui fitt hâti ily a 1300. 4ns. Ils dif
e n t de plus , qu'il y a une face du Pslais qui neß
eu'à demi ruinée } pt il y rejie quatre rangs de Colomnes
de markre noir j que ces Colomnes entourent
Kne grande piece de marbre ouvrage', ^ qu'elles
font fi großes que trois homrjtes ne les peuvent pas
embrajfer. Cet amas de ruines s'appelle Taél-ca---
dat , c'eß-i-dire, le T l i rône de Tiridate.
T a v e r n i e r marque anlTi les ruines d'Artasate
entre Erivan & le M o n t Ararat ; mais il n'en dit
r i en davantage. La fituation d'Artaxatc eli lì bien
d é c r i t e dans Strabon , qu'on ne fçaurûit s'y tromper
en examinant le cours de l'Araxe. Artaxate,
dit ce Prince des Geographes anciens , fut bit,e
fur le deJJ'ein qiiAnmbal en donna au Roi Artaxes
qui en fit ¡a Capitale de F Armenie. La ville efi
Jttuée contintie-t-ii , dans un contour que la riviere
d'Ar axe fait en forme de peninfule , fi hien que
l'enceinte de celte riviere lui tient lieu de muraille,
hormis dans l'endroit où efi l'ifihme ; mais cet Ißhme
eß fermé par un rempart ^ par un bon fùlfé.
La campagne des environs s'appelle le Champ ^
C e t t e defcription de Strabon augmente
chagrin , car nous aurions vérifie li Ardichf
dans une pennifule, où nous l'aurions p¿m •
t r o u v é plus haut ou pins bas ; mais nos .„•''
nous voyoïent li attacnei à la recherche des ni
t e s , qn ils ne croyoient pas que nous peufaffil,
autre chore. Qui dt-ce qui fe pourroit
auffi qu'Annibal lut venu des côtes d'^if
j n f q u e s à l'Araxe pour fervir d'ingenieiit iî
Koi d'Armenic ? Plutarque le certiiie pour,.,
& dit que ce fameux Alî'riquain , après la Jt',
d Antiochus par Scipion l'Aliatique , s'cnfiii,,',
A r m e m e , oû il donna mille bons avis à Artau"
entre autres celui de bâtir Artaxate dans la li,,',
tion la plus avantageufe de fon Royaume LINL
lus feignit de vouloir affiéger cette Place lil
d'attirer au combat Tigrane fon fucceffeur '
l e ROI d'Armenie vint XC camper fur le 'LA,
Arfamias pour en difpoter le paffage am Sj
mains : fuivant cette remarque , Arfaini,,¡,
Içanroit itre que la riviere i'Erivan. Les Àioi,
mens furent battus à ce paffage & dans uneftcj,
de rencontre après le palfage. Nôtre Hillotien >1
toe que Lucullus jugea à propos de monlctvei
Í Iberie; ainfi x\rtaxate ne fut pas prife. Poinpéi
qui eut le commandement de l 'armée, aprèslil
prella fi fort Tigrane qu'il l'obligea de lui rtW
tre a Capitale fans coup ferir. Corbulon Gciim
des Romains , fous l'Empereur N é r o n , contniiii
le Roi Tiridate de lui ceder Artaxate j maiskia
l o i n de l'épargner, comme avoit fait Pompee il
la fit^ entièrement détruire. Cependant Titiii»
vint a R ome & fit fa paix avec l'Empereur qii
I non leulement lui remit le Diadème fur la tiit
mais lui permit encore d'emmener de Romedii
1 ouvriers pour rétablir Artaxate, que le Roi d'Aï,
m e n i e , par reeonnoiffance , appella Nerinkk
n o . n de fon bienfaifleur. Il efl furprenant qu'ilcon
des Antents qui parlent de cette Place , it
nous ait dit le nom que portoit alors le Mo«
A r a r a t , fur lequel nous allons monter.
L e 10. d 'Août nous partîmes de Corvitap, k
marchâmes jufques à 7. heures pour trouver le
g u e d e 1 Aras qui ne palie qu' à une lienë du Monaltere.
Quelque rapide que foit cette riviere, If
gué en ell (i large it fi étendu qu'un de nos guides
n fquade le paffer fur un àne ; à la vetirfil
• eut affez de peine à s'en tirer. On arriva iiir la
o n z e heures an pied de la montagne, & nous din
a m e s , fuivant la coutume du'pays, dans l'Eg
l i f e d'un Couvent an village d'Acoarloii ; ce
C o u v e n t , qui ell ruiné, s'appelloit autrefois
xü-vane , c'ell à-dire , le Moaafiere des Afitrts.
T o u t e la plaine au del-à de l'Aras eH remplie de
belles Plantes. Nous y en obfervâtnes une d'mi
gant
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