
L E T T R E A M O N S I E U R BEGON.
venues fc reconnoitre comme tribut-aires de celi
iiiivant l'idée de Al. de Tournefort, -.woit l'on dép;
11 avoit formé le dellcin d'en donner une hiiloive
empcfehé par le voyage du Levant qu'il entreprit ei
& fous les aufpices de M. le Comte de Ponrchartrai
Tournefort meneroit avec lui un Deflinateur, poui
& pour tirer les defleins des Plantes, des Animatu
dans le cours de fon voyage. Pour cet effet on clqui
les avoit réunies ; car chaque pièce,
partement de preuves à remplir,
exade & méthodique. Mais il en ft.
l'année 1700, par les ordre,s du Roy,
1. Sa Majefté ordonna que Monfieur de
lever les plans des lieux oti il pafleroit,
, & des chofes curieufes qu'il trouveroi^
fit ¡VI. Aubrict, excellent Peintre en mil'accorapagn
Pri
M. de Gundelsheimer,
.voit, firifoient otl-
, pour foutenir dibl
niature ; & l'Academie des Sciences nomma po
Medecin Allemand très-habile dans la Botanique.
M. de Tournefort fe fit un plan de voyage digne du Prince qui l'avoit ordonné , & dii
Sujet qui l'exécutoit. Ses vûës, à proprement parler, y furentuniverfelles. Comme il fe
reconnoiflbit homme auffi bien que fçavant,il voulut que fon voyage tût pour le moins aufli
utile à tous les hommes en général, qu'avantageux aux Sciences en particulier.
U n de fes principaux objets cc fut la Geographic, il projetta d'expliquer l'anciemie, &
furtout de rectifier la moderne. Les Villes & les Provinces mêmes avoient changé prefque
d'autant de noms que de Maîtres. La Mer avoit englouti plufieurs Ifles marquées dans les
anciens Auteurs. D'autres avoient paru depuis, qui par confequent leur étoient inconnues.
Des Villes entieres s'étoient abyfmées fous terre , & il s'étoit formé des lacs à leur place.
Tous ces ehangemens étoient autatit de défcûuofitez dans la Geographic, aufquelles M. de
Tournefort fe propofoit de remedier.
Les avantages qu'il fe promettoit pour la Botanique, n'étoicnt pas moindres. Il fe faifoit
un plaifrr prefque-necefl'ah'e, de pouvoir verifier fur les lieux, fi ce que Theophrafte, Diof
coride, Matthiole, & divers autres Auteurs ont écrit des Plantes, étoit conforme à la vérité.
Son exactitude le portoit à vouloir connoître, s'ils n'avoient point impofé à la Nature,
ou fi la Nature elle même n'avoit point dérogé à leurs obfervations.
O n auroit blâmé comme une témérité, en tout autre qu'en M. de Tournefort, d'avoir
ofé douter de ce qu'ont dit les Anciens. Mais la fuite a bien juftifié fes doutes, auffi louables'
qu'utiles. L'Antiquité, fur cet article, n'a tiré aucun avantage de fon droit d'aîneffe; M.de
Tournefort l'a redreffée en plufieurs oceafions. Ces anciens Auteurs avoient falfifié la -Nat
u r e , apparemment dans la vûë de l'embellir. Les obfervations de M. de Tournefort l'ont,
poiu- ainfi parler, rendue à elle-même; elle a repris entre fes mains cette beauté fimple &
vraye, telle que la Nature la doit avoir.
Enfin, il ie propofoit dans fon voyage, de recueillir généralement tout ce qui feroit digne
de fon attention, dans tous les genres de Sciences, & capable d'enrichir la Ph) ' f iquc& la République
des. Lettres,
Près de trois ans furent employez à ces fçavantes couriës. Comme la Botanique étoit fon
objet favori, il herborifa dans toutes les Hles de l'Archipel, fur les rivages de la Mer Noire,
dans la Bithynic, le Pont , la Cappadoce, l'Armenie, la Géorgie, & jufques fur les confins
de la Perfe. A fon retour il prit une route différente, dans l'efpérancc de trouver de nouveaux
fujets d'obfervations; & revint par la Gal-atie, laMvfie, la Lydie, & l'Ionie.
Ses leétures l'avoient déjà fi bien initruit fur tout ce qui regardoit ces différens Païs, qu'eu
-y arrivant il s'y trouva comme naturalifé par fon érudition. 11 lui fut donc très-facile de verifier
ce qu'on avoit écrit de plus fingulier, & d'y découvrir ce qui jufques alors-avoit cchapé
à l'cxactitudc des Voyageurs.,
L a Medecine qu'il exerçoit avec un parfait defintereffcment auprès des riches,Scavecunc
extrême charité envers les pauvres, lui donnoit des entrées partout. Il trouva par cc moyen
de grandes facilitez poin l'accompliffement de fcs deifcins,, aufquels l'ufagc de ces Païs étoit
U - Ò -
^ e^ s y ^ , . caulc des maladies contagieules
fui infecloient ces Contrees. g^ les endroits qu'il s'é-
^ S i M . d e T o u r n e oitet t p u i ^ ^ ^ Quoiqu'il n'en ait vu qu'une partie,
toit propoi-ez, combien ° " ^ ,-eize cent cin^,ante-fix Plantes qu'i en a rapporon
lui doit ccpend-ant la Quelques-unes fe trouvèrent reun.es comme
tées, & dont on " la dépenfc qu'il fit pour ces nou^
S K S S E K ï ^ f j é i = r s r , —
, fous lefaueuu
- fon mérite perfonnel, & les obligations qu'on lui
très-contrau-e. Mus On peut dire qu'il ne négligea ne.. -
u^ >-j"'il iivoft établ'is. Il en
mm Rei Herbaria. Et afin d'immortalifer fa
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•ques a la certitude & de couleur grifâtre, des noms écrits d'une cour
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ont etc autrefois, font maintenant „. „ „ „ i fi-,aurcs, où i v '.ivoit eu une m-
• S i ï j f s na t u r e l 4 ^ ^ ^ r ^ ^
idans les autres; & , M. de Tournefort
' F- " - d;Aigle Crapaudines,
a fait von , que les Fol ies q" f , , .. y fcrpent, pierres Aftroires,celles
li.,-. -i ch.ctmes d'dk-s La raifon qu'il en a donnée, c'eft qu'elles confervent toutes les mê-
¿1 cn t l l e k om 'i« mêmemamere, chacune
a circl u , 'que ç'étoit une preuve que ces pierres prodùio
en to'ûjours leurs femblables; de même que chaque plante & chaque aro e mivcn.
FefecTdu germe d-,ms lequel ils font renfermez , la Nature ne s'y méprenant jamais , ^
k i S f t r i b u I n t comme kur mere conunune, les fucs neceflau-es pour les faire croître
T e ' s v f t e m e f e v i t f o r u f i é par plufieurs pier-res queM.de Tourneforynontra; elles a «
été cijlles, apparemment dans le temps de leur féve ; & la N-.uure clle-meme en avoi le^
i joint L more" ux par une foudurc, qui n'étok autre chofe qu'un calus forme par le mu