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D O L E V A
30\ir voir ce qui en feroit; que pour lai il ne I'a-
|toic jamais vûë ni-tout à fait pleine, ni tout à fait
uide; mais qu'il airivoit par miracle & par ia vcru
du grand Saint George., qu'elle fc hauiToit & fe
wilToic coniîderablement dans la même année: que
ceux qui vcnoient confultec l 'Urne avant que d'enrcprendre
quelques affaires d'importance étoient
mlheureux fi l'eau ctoit plus baiTe qu'à l'ordinaire;
uc pour nous, nous devions nous flatter de toute
ortc de profperiré, parce qu'elle n'étoit pas baiiTée
I nôtre arrivée : nous reliâmes environ deux heucs
aiiK environs de la chapelle à décrire des- planes,
oû à manger des raiiîns, détachant de temps
eu temps quelqu'un de nous, la bougie à la main,
jour voir li l'eau montoit ou defcendoit ; mais elle
époiidic toûjours à nôtre fonde qui étoit un bâton
nai'qué à la hauteur de fept pouces neuf lignes : cniii
tout bien coniideré, nous crûmes qiril felloit
nous en tenir à l'explication qu'en donna nôtre vact;
c'ctoit un garçon de fort bon fens , qui nous
croyant einbarralîez à concevoir ce raiftérc% fans
recourir à la tranfpiration de l'eau au travers de la
terre & du marbre, fans parler de Saint George ni
de h ^ Vierge Marie , nous dît d'un grand fens
roid que le Papas avoit bien la mine, pour entreaiir
fa marmite, de vuider & de remplir cette Urne
de l'eau du refervoir avec la cuillier de fon pot,
orfqu'il fe prefcntoit des gens qui vouloient être
lompe?., comme le font la plûpai-t de ceux qui
cherchait des chofes merveilleufes.
Cette naïveté nous réjouît : nous nous retirâmes
en remerciant le Papas ; mais comme il entendit
quelques éclats de rire, il fc douta bien que nous
Cliquions de foi .pour l 'Ur n e , & courut après nous
our nous faire un conte qui pût nous convaincre
e cette merveille. Un Evéque Grec, dit-il, couiidefcquins,
allant à Conilantinople, dansledcfèiii
d'obtenir quelque dignité plus conlldcrable ,
oulut eonfulter l 'Urne, pour fçavoir fi fon voyae
feroit heureux; mds il la trouva prefquc vuide :
hagriii de ccrtc avanture, il pafîa quatre ou cinq
ours à prier & à foupirer : le Papas qui le voyoit
ûrt triftc, s'avifa pieufement de mettre une bonne
otce d'eau dans TÙme , mais il fut bien furpris luilêrae
lorfque venant à la vilîter avec l'Evêque ,
lie trouva pas Teau plus élevée qu'auparavant : on
fdoubla les prières au grand Saint George; on fût
lime au grand couvent conjm-er la Vierge d'enoycr
de l'eau : le croiriez-vous, MeiTieurs, connôtre
Papas avec un air plein de confiance ,
eau s'y trouva un beau matin à grande mefure :
tveque partit après mille allions de graces, & ne
if pas arrivé à Paros, qu'il apprit avec une extrê-
IC joye que dans le temps qu'il étoit à Amorgos-,
elt-a-dire , dans le temps que l'eau manquoit,
' mer étoit couverte de Cor f i i res, qui netrouvant
,•1 a piller avoient fiiic voile, les uns vers la Moles
autres vers le Golphc de Thelîalonique ?
N T. Lettre P'I. 91
C'eft bien plus, ajoûta-t-il, nôtre iàinte Urne fcvorife
les Armateurs, qu'ils ibient Ghréciens ou barbares:
ils font enrager le mondé, lorfqu'ils viennent
eonfulter le grand Saint b George : c'eil le
vrai Général de la milice celefte, & non pas Saint
Michel de Siirpho, comme le prétendent les Caloyers
de cette Ifle. Après tous ces beaux difcours,
aufquels nous ne répondions que par des inclinations
de têtes, nous nous feparûmes fort fitisfaits
les uns des autres : le Papas de nous avoir conté
fon hiftoire, & nous d'avoir connu la fupercherie
•des Moines, & la fimplicité des peuples qu'ils abu'
fent dans les pays d'ignorance & de fuperllition.
Les habitans de cette Ifle font affables, & les
femmes y font aifez jolies ; leur coê'flure eft une
écharpe de toile jaune, dont elles fe couvrent le
deiTus de la téte & le bas du vifige, la tortillant en-"
fuite en manière de turban, dont l'un des bouts pend
fur le dos : les habits de ces Dames font auffi ridicules
que ceux que l'on porte dans les autres Ifles,
O n décrira plus bas les différentes pièces dont elles
fc fervent pour fc pan
Il ne faut pas fortir d'Amorgos fans décrire mie
des plantes des plus rares qu'il y air dans l'Archipel
: nous ne l'avons obfervée que dans les fentes
de cette effroyable roche où eit le -couvent de la
Vierge.
ORIGANUM Diaarnni Cretki fack , folio
¡tH/îc vi/Iofo y fjunc glabra. Corail. Infl, Rel
herb. 13.
Sa -racine eft quelquefois grofîè comme le pouce,
ligneufe, longue d'environ un pied, brunegerfée,
iougcâtre en dedans, accompagnée de fibres
chevelues & tortues •: elle pouile quelques têtes
d'où naiiTent des tiges hautes de hui: ou neuf pouces,
quarrées, vert de mer, quelques-unesfimples,
les autres branchues , garnies de feuilles ferrées ,
oppofées deux à deux, rondes ou ovales, terminées
infeniiblement en pointes prefque en arcade
gothique, longues de neuf ou dixlignes, aflezfemblables
à celles du DiiSlame de Crète ; mais des
feuilles de l'Origan dont nous parlons, les unes
font quelquefois épaiffes comme un double, charnues,
& toutes lilfes; les autres font plus minces
& legcrement velues : il y en a d'infipides, d'autres
piquantes, d'odoriférantes., & d'autres qui ne
fentent rien du tout : toutes ces feuilles ne diminuent
gueres, iî ce n'eft vers le haut des branches
& des tiges, lefquelles fe divifent ordinairement eu
deux épis ou fe terminent par un feul : chaque épi
eft long de 15-. ou 20. lignes, fur cinq ou lîxlignes
de large, formé par quatre rangs d'écailles purpurin
lavé, ovale pointues, longues de quatre ou cinq
lignes, aiîèi lâches entr'elles & quelquefois vertpale
à bords_ purpurins : de leurs aiiTellcs naiiTent
les fleurs qui s'épanouÏÏfent fuccefOvement gris-delin
lavé, longues de neuf ou dix lignes ; ce font
des tuyaux épais de demi ligne, blanchâtres, évafez
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