
DU L E V A N T . Lmre Vï.
Menr croyance & du cuke du vrai Dieu. Ceux
i ne fréquentent pas nos Miffionnaires, font auffi
gr.onms que les peuples les plus iliuvages. Toute
^habileté des Papas conliite a leur mfpirer de l'horeur
contre l'Eglile Romaine. ^ . ,
Voilà, d.ira-t-on, une digreifion qui n'a aucun
^pport avec Nicouria où il n'y a -ni Grecs ni Lamais
auffi que dire d'une Ifle inconnue aux
lucieiis & aux modernes , & qui d'ailleurs n'a
ien de ilngxilier : auffi nous ne fîmes que nous
rcpofcr , & novis pallâmes pendant la-nuit à
\inor2os.
a A M O R G O S ne s'eft pas diftinguee dans l'hiftoireancieiine
par la valeur de fes habitans~il femble
nême qu'ils s'attachoient plus aux fciences & aux
irts qu'à la guerre ; nous en avons des preuves afa
confidérables, b Gokzius fait mention de deux
iicdailles à la tête d 'Apol lon, l'une a pour revers
aiie fphére a f tronomique, foûtenuë par un trépié ;
fur le revers de l'Autre, c'eft encore une fphére
& un compas. N'auroir-oii pas •vcxilu marquer par
CCS médailles que l'Aitronomie & la Géometrie
étoient cultivées dans cette IQe.
On travailloit à Amorgos aux manufaftures
..'une étoiic qni -portoit le nom de l'Ifle, de même
que h couleur rouge dont elle étoit teinte. Les
Tuniques d 'Amorgos e'toient recherchées : on les
appclloit/ /imorgis, comme le lin dont elles croient
tili'aè's. Hefychius, Paufanias cité par J'Euftathe,
'Auteur du grand Di6i:iounairc Grec, conviennent
auffi que cette étoffe portoit le nom d'Amorgos.
y a beaucoup d'apparence qu'on y employoit
Jour le mettre on r-ouge, une efpéce de L ïcheyi' très-
:ommune fur les rochers de l'IOe .& fur'ceux de
>iicouria. Cette plante s'y vend encore dix écus
lî quintal pour la tranfporter à Alexandrie & en
Angleterre, où l'on s'en fert ^à teindre en rouge,
:ommc nous nous fervons de la Parelle d'Auver-
511c. Voici la-defcription de ce « Lichen-, je.ne
:rois pas que pcrfonnc en ait.parlé.
Il croît par bouquets gril\tres, longs d'environ
deux ou trois pouces, divifet en petits'brins prcf-
^ue auifi menus que du crin, & paitage?. en deux
ou trois cornichons , déliez à kur naifTaace, arondis
&-roides ; -mais épais de près d'une ligne dans
a fuite , courbe?, en faucille, & terminez, quelquefois
par deux pointes : ces cornichons font garnis
dans leur longueur d'un rang de baiiîns plus blancs
que le refte de demi ligne de .diamètre, relevez
ie petites verrues, femblables aux baffins du Polype
de mer. Toute la plante eft folide, blanche &
^'un goût falé : elle n'eft pas rare dans les autres
SAMOHOVS, AMOrrOS. AMORGOS,
b AMOPTiNriN.
t Suiàn. E,yn,sL maxn. Julius Polì. Iii'. 7. «p. iS.
Q -^d verfuw ¡¡6. Diau. Pcicg.
^e^LtcHSM Giacus Polypoides, tinftorîiis. Coioll. inft, Rei
4 üttTÄwiWti
î f l e s de rArchi|3el, mais foil ufage pour la teinture
n ' e f t connu qu'à Amorgos.
Strabon aliûre que cette Ifle croit le lieu de la
naiiîknce duPoëteSimonides fi fameux par fes ïambes.
Etienne le Géographe nous apprend que les
anciennes villes d'Amorgos s'appelloient Arceiînc,
M i n o a , .iEgiale; les ruines qui le voyent autour du
port du couchant, font les relies de quelqu'une de
ces villes; mais on ne fçauroit déterminer préciféinent
de laquelle, funs le fecours des infcriptions,
& nous n'obfcrvâmes que des bouts de colonnes
dans une chapelle, du quartier qu'ils appellent ia
f villC'baiFe. Le meilleur port de l'Ifle eli celui du
midi : g c'eft apparemment là que Clitus Capitaine
L y d i e n , Général de la-fiote de iij^olyfperchon, prie
le trident à la mai n & fe fit appeller Neptune-pour
avoir coulé à fond trois ou quatre galères de l'armée
d'Amioehus.
Heraclide convient i qu'Amorgos -étoit une Ifle
très-fertile en vins, huiles & autres fortes de denrées
: c'eft pour cela que Tibere ordonna que Vi -
bius Screnus y feroit envoyé en éxil ; k cet Empereur
étoit d'avis que lors qu'on donnoit la vie à
q u e l q u ' u n , - i l ialloit auffi lui en accorder les commodité?..
L ' I i l e d'Amorgos eft bien cultivée aujourd'hui j
elle produit ailez d'huile pour fes habitans, & plus
de vin & de grains qu'ils n'en'rçauroieut eonfommer
: c«tte fertilité .y attire quelques tartanes de
Provence. L'Ifle n'a que 36.-milles de tour,•& s-étend
du nord au fud ; mais elle eil horriblement
efcarpée du côté du fud-eft : le bourg eft à trois
milles du,port de roucft, bâti en ampliiteâtre autour
d'un rocher où eft le •vieux château des Ducs
de l'Archipel qui ont poiTed« Amorgos pendant
loîig-temps. Les habitans de cette Ifle ne connoiiiènr
pas l'Eglife Latine ; il n'y avoit pas même
de Cadi, ni de Vaivode dans le temps que nous y
paftames : on alloit plaider à Naxie ou à Stampalie
: Nàxie eft à 30. milles d'Amorgos,•& Stampalie
à-cinquante.
L e s meilleurs endroits d'Amorgos appartiennent
au ' monaftére de la Vierge, où l'on court de bien
loin pour faire dire des Mefles-: car tous les lieux
extraordinaires inCpirent de la dévotion au peuple.
A trois milles du bourg fur k bord-de la mer on a
bâti une grande mai fon, qui de loin reflèmbleàune
armoire appliquée vers le bas d'un rocher efiroyab
l e , taillé naturellement à plomb, & qui nous parut
plus haut que celui de la Sainte Baume en Provence
: cette armoire pourtant renferme ceiir Caloyers
logez -commodément.; mais on n'y entre
M , qu' à
g Tlut^rch. ile fortuna ^lex. Orat. 2.
fa DIÖRF. SicHl. Biblioth. hifl. lib. ÌS.
i Amorgus vini, olri fiugumque fertilillìma eft, De Polit.
k Dandos Vit® ufus cui vita concsdeietiir. Tadf. ^na. HI',
l nmayla