
V O Y
j o u r d ' h u i , qui ne font que délayer 1;Ï terre-avec
de l 'eau, Ihns y mêler ni chaux ni iibie. Dans les
villages, les maiibns n'ont, qu'un ieal étage partagé
en deux ou trois pièces éclairées diacune par
une ouverture où l'on a engagé ime cr.uche de grez
d ' u n pied & demi de diamètre, ouverte par les deux
f o n d s , & maçonnée dans le couvert: ce couvert
eâ en terriiiîe, & coulîflc en une couche de
terre épaiiTe de demi pied, étendue fur des fagots
i b u t e n u s , chez les plus aifez , par des lablieres
couvertes de planches. Nos i\.uvcrgnats & nos
L i m o u i î n s , trouveraient bien à s'occuper dans, ce
pays-là.
Pendam la paix, on vit fort doucement dans cett
e Ifle : durant la guerre, toute la campagne ell
défolée par les Gains : on appelle de ce nom-l à les
Grecs revoke?, & retirez chez les Vénitiens, à la
S u d e , ou à Spina longa. Ces Cains, ou faux frer
e s , brûlent, laccagent, violent & comitiettent
toutes fortes de cruautez : ils s'attachent fur tout à
faire des prifomiiers Turcs , qu'ils rançonnent le
plus qu'ils peuvent. Si un Cain ert pris, il n'y a
point de quartier pour lui ; on TempaJle, ou on le
met au a Gauche. Dans la dernière guerre, il y en
eut un, qui pour éviter le dernier fupplice, offrit b
deux mille écas : le Pacha ne laiiîà pas que de le
faire empaler a\'ec fon argent au col.
Pour cmpaller. uii malheureux , on le fait coucher
ventre à. terre, après, lui avoir lié les mains
derrière l e dos : • OÎÎ lui endoiTe le bas d'un âne, fur
lequel s'aiîbyent deux valets du bourreau, afin de
l e bien aiîlijerir, tandis- qu'un autre lui cogne le vifage
contre terre avec les deux mains qu'il lui appuyé
fortement fur le col : un quatrième Officie?
lui fend le derrière de la culotte avec des cifeaus,
& lui enfonce un pal dans.le fondement j ce pal eft
une broche de bois , qu'il foit avancer avec les
mains autant qu'il peut : après cela un autre eibffier
chalfe cette broche avec un maïlkt.jufques à ce
q u ' e l l e forte par la poitrine : enfin on plante le pal
t o u t droit, & Il ces malheureux vivent encor e quelque
temps, les Tur c s les plus zclezpour l'Eiats'approchent
d'eux pour leur chanter pouiile , bien
l o in de les exhorter à fe fair-e <= Mufulmans . Les
T u r c s font ii- perfuadez, qu'un hoinme qui a fait
u n grand crime eft indigne d'être Mufulman-; .que
lors qu'un Mnfulman eft condamné à mourir
perfonne ne l'aiTîftej parce qu'ils croyent-que fon
crime l'a rendu J^^O/ÎT, c'eit-à-dire infidèle à. Cht-é?
tien.
L e . Ganche eft une efpéce d'eftrapade , dreiTée
ordinairement à la porte des- .villes ; le bourreau
éleve les condamnez par le moyen-.d'une poulie ;
& lâchant eufuite la corde, il les lajlfe tomber fur
des crochets de fer , où ces malheureux demeurent
acrochez tantôt par. la poitrine, tantôt par les.aifi
è l l e s o u par .quelque autce parciç de leur corps :
a Efpcce Xi^fraendc.
^ QuaiK bouifçs. La ieurfe tjf à.
o n les lailFc mourir en cet état : quelques-uns vi'
vent encore deux ou trois jour s : il y en a qui dc^
mandent a tumcr tandis que leurs caiiv.u-adcs criciir
comme des enragez. On dit qu'un Pacha mihm
devant une de ces potences en Candie, jctta ks
yeux iur un de ces miférables, qui lui dît d'un ton
railleur : Seigneur, puifque tu es li charitable fui.
vaut ta loi fais moi tirer un coup de moufquetmnr
iinir cette tragédie. ^
Quoique la vie dos Caiidiots foit aOez molle ils,
ne laillent pas-, de monter fouvenc à cheval & de
chafter; ils ne fçavent ce que c'eft que de chaûerà
pied : les Seigneurs du pays ont ordinairement des
ciie^-aux de Barbarie partaitemcnt beaux, & qui durent
bien plus long-temps en ce pays-làqu'enFraiice
,, où le lerein & le foin les rendent poullîts &
fiuxionaires. Les chevaux de l'IDe font des bidets
pleiiîs de teu, dont l'encoulùre eft aftezbelle k h
queue fort longue ; la plupart ont fi peu de boyau
que la lelle ne fçauroit leur teuir fur le dos : ils
lont entiers & fe cramponcnt fi adroitement dans
les rochers, qu'ils grimpent d'une vitelfe admirable
dans les lieux les plus efcarpez : on. n'a qu'à les
prendre d'une main par le crin, & tenir la bride de
l'auü-e;.dans les defcentes les plus horribles, qui
font allez fréquentes dans cette Ifle, ils ont le pa^
ferme & ailùré, mais il faut les lailler fai re, àniarc'ier
fur leur bonne foi : ils ne s'abbatent jam;iis
quand on s'abandonne à leur conduite, nonplus
que lorfqu'ils portent des fardeaux beaucoup plus
lourds que le corps d'un homme : ordinairement
ils ne tombent que lorfque le. cavalier ne l-em-lâcbe
pas affez la bride, car alors ayant la tête trop élevée,
ils ne fçauroient porter leur vue en bas pour
placer fûrement leurs pieds. JjOrlqne j e nie trouvois
for le bord de quelque precipice, bien loin di
vouloir régler le mouvement de mon cheval , je
fermois. les yeux DOur ne pas voir le danger, on
bien j e niettois pied à terre avec mes amis pour heiborifer.
N o u s profitions toujours de quelque nouvcllt
plante, & ces fortes de plantes ne s'appellent rares,
que parccque ceu-X qui s'appliquent à la Botanique
vont rarement fe fetiguer dans des lieux S .rudes;
]1 e 3 plus naturel de le proinener dans un bois, &
aii'e de rendre raifon pourquoi celles qui nailfeiit
dans les fentes des rochers font fi différentes de.
celles-qui pouffent dans.le be.iu pays;on n'cft guc-,
res plus-habile quand on a recours à-la différence,
du fuc nourricier que ces lieux leur fourniffent ; es:
cette différence de nourriture ne nous dédommage,
pas de nôtre ignorance : c'eft tomber d'une dièculté
dans une autre, & c'eft-là le déiiiut ordinaire
des Phylîciçns,
Pour
Û A - A T C K ^
c-rpea' ^ K f t r a j } a. àe