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^chùim^ Orientale T.-erhas eijvlic i^ore m<zximo
Co-ntpoTLiilato.
D U L E V A N T . Lettre XVIÎL
(d d'environ un pied de haut, creufc auffi, vcrrià[
e& velue» dpaiiTe d'environ deux l ignes, toute
nue, iî le haut où elle Ibutient un
tKjuquet d c l e p t ou huit fleurs, entouré de 4. ou
5,feuilles, longues feulement de deux pouces ou
deux pouces & demi fur un poucc de large, découpées
cil trois principales parties , & recoupées
encore à peu près comme les autres feuilles.Quoique
!c bouquet foit aiTez ferré, chaque fleur eft
pourtant fout enuë par un pedicule long d'environ
j,. lignes. Les fleurs ont deux pouces de diai„
ctre, compofe'cs de 5- ou 6. feuilles blanches
d'un poucc de long fur 8. ou 9. lignes de largeur,
arrondies à leur pointe , mais pointues à leur naifftnce.
Le milieu de ces feuilles eft occupé par
uiipiftileou bouton à plufieurs graines , terminées
pat un filet crochu & couvertes d'une touffe
d'ctainiiics blanches de demi pouce de l o n g , chargées
de fommets jaune-verdâtre , longs d'une
ligne. Ces fleurs font fans calice, fans odeur,
fMisacreté, de même que le refte de la plante.
Il y a des pieds dont les fleurs tirent fur le purpurin.
Nous n'eûmes pas le temps d'en arracher
la racine.
Le 6. Juin nous partîmes à trois heures du matin,
&nous traveriâmcs jufques à midi de gran-
<ies mont a gne s toutes pelées, & dont la vue eft
fort d e f a g r é abl e , car on n'y découvre ni arbres ni
stbrifîeaux , mais feulement une méchante pelouft
brûlée par la neige qui ctoit nouvellement fondue,
l! y en avoit encore beaucoup dans les fonds,
àiious campâmes tout auprez. Cette pelouf e étoit
couverte en quelques endroits de cette belle efpeitiiViolette
à grandes fieurs , jaunes far certains
pieds, violet foncé fur d'autres , panachées de
jaune & de violet fur quelques-uns, jaune rayé
de brun avec l'étendart violet & d'une odeur trèsagréable.
On fe leva fur les deux heures du matin le 7.
Juin, pour partir à trois heures ; l'on continua la
toute par des montagnes pelées & parmi la neige.
Le froid étoit âpre , & les brouillards li épais,
^u'oi) ne f e voyoi t pas à quatre pas les uns des au-
'tcs. Nous campâmes fur les 9. heures & demi
¿ans une vallée aifez agréable par fa verdure,
liais fort inc ommode pour les voyageurs. On n'y
•prouve pas une branche de bois , pas même une
¡»nie de vache ; & comme nous ne manquions
P3S d'appeiit, nous eûmes le chagrin de ne pou-
"¡joir, faute de broifailles, faire cuire des agneaux
•lotit nous avions fait provifion. On ne vécut ce
y'ûr-là que de confitures chez le Pacha. Nous ne
«^couvrîmes rien de nouveau. Toute la peloufe
«uit couverte des mêmes Violettes, ainli nous
Mâmes lajournée fort trilkment5 les Tur c s ne
^acconimodant pas de ce jeûne , non plus que
iious. L e 8. Juin nous c ommenç âme s à la pointe
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d u jour à nous appercevoir que nous étions veri"
t a b l e m e n t en Levant. De Trebifonde jufques ici
l e pays nous avoit paru aiTez femblabl e aux Alpes
& aux Pyrenées ; pour ce jour-là il nous fembla
que la terre avoit tout d'un coup changé de face,
c o m m e , fi l'on eût tiré un rideau qui nous eût déc
o u v e r t un nouveau paVfage. Nous defcendîmes
dans de petites vallées couvertes de verdure, coup
é e s par des ruilfeaux agréables , & remplies de
tant de belles Plantes, ii di f férentes d e celles auxq
u e l l e s nôtre vûë étoit accoûtuméc , que nous
ne fçavions fur lefquelles nous jetter. On arriva
fur les dix heures du jnatin à Grezi village qui
i i ' e f t , à ce qu'on nous alTûra, qu'à une journée
de la M e r Noire ; mais le chemin n'eii pratiquable
que pour les gens de pied. Je fus fi ébloui d'un
e efpece d'Echiîim qui fe trouve fur les chemins ,
que je ne fçaurois m'empêcher d'en faire ici la
d e f c r i p t i o n . .
S a racine a plus d'un pied de long , elle efl épaiff
e de deux pouces, accompagnée de groifes fibres
b l a n c h â t r e s en dedans, mucilagineufe, douçâtre,
c o u v e r t e d'une écorce brune & gerfée. La tige
qui eft haute d'environ trois pieds, eiî groiTecomm
e le pouce , vert-pâle , dure , folide , & remp
l i e d'une chair gluante & comme glaireufe. Les
f e u i l l e s inférieures ont 15. ou 16. pouces de long
u e u r , fur 4. à 5. pouces de largeur , pointues,
v e r t blanchâtre, douces, molles, velues, comm
e fatinées en deiTus, cotoneufes par deiTous, rel
e v é e s d'une grolle côte, laquelle'fournit une
n e r v e u r e aifez femblable à celle des feuilles du
Bouillon blam\ ces feui l les diminuent confidérablemenr
le jong de latige, o ù elles n'ont guère plus de
demi pied de l o n g , moins cotoneufes que les premieres
, mais beaucoup plus pointues. De leurs
a i l i e l l c s naiifent des branches longues d'environ
demi pied , heriflées de poils allez fermes de mêm
e que le hautde lat ige, accompagnées de feuilles
d ' e n v i r o n un pouce & demi de longueur. Toutes
ces branches fe divifent en petits brins recourbez
en queue de Scorpion , chargez des plus grandes
fleurs qu'on ait obfervées jufques ici fur les efpeces
de ce genre. Chaque fleur a un pouce & demi
de haut , vers le bas c'eil un tuyau de 4. ou j.
l i g n e s de diamètre & tant foit peu courbé , lequel
f e dilate enfuice en manière de cloche, dont Touv
e r t u r e cil divifée en cinq parties égales , taill
é e s en arcade gothique. Cette fleur eft bleu-pâle
tirant fur le gris-de-perle , mais trois de fes déc
o u p u r e s font traveriees dans leur longueur par
deux bandes rouges fuig-de-boeuf, fur un fond
purpurin fort clair. Des bords intérieurs du tuyau,
n a i f l e n t cinq étamincs blanches , recourbées en
c r o c h e t , chargées chacune d'un fommet jaunâtre.
Le calice cfi prcique auiTi long que la fleur,
& découpé en cinq parties jufques vers le bas
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