
D U L E V A N T . Lettre XXÎÏ.
iî nécelTaire à leurs dcfleins, que nonIculement
lis s'en faiiîrent, mais qu'ils la conlcrvérentpar
la famcufi : i^aix d'Antalcidas. Augulte cil appelle
f o n d a t e u r de cette ville , lur une Médaille du
C a b i n e t de i'ElciSlcni' de Brandebourg ; m'àis cet
E m p e r e u r ne fut que le roilauratenr de la Place.
Clazomene autrefois tenoic ii bien en rai-
I b u Smyrne & tout le pays qui elt autour de
la Cayc , que Tzachas , fameux Corfaîre Mah
o m e t a n , fut oblige' de s'en emparer lorfqu'il
s ' é t a b l i t à Smyrne fous l'Empereur Alexis Comn
e n e .
O n ne fçauroit mieux déilgner la lituation de
C l a z o m e n e , que par les Ifies qui font à l'ent
r e e de la Baye de Smy rne , après avoir doublé le
C a p de Carabouron. Strabon en compte jafqucs
à huit. Pline ne parle que de quatre ; elles font
p r è s de la côte en deçà du Château de la Marine.
Les Turcs les colinoilTent fous le nom des
I f l e s de Fourla.
P a u f a n i a s aiïure que Clazomene étoit en terre
f e r m e , & que les ioniens la fortifièrent pour alr
e t e r les conquêtes des Perfes j cependant ils furent
fi épouvantez de leur progrés, après la prif
e de Sardes, qu'ils pafTerent dans une des ifles
qui étoît vis-à-vis de la ville , s'y croyant beauc
o u p plus en fûreté , parce que les Perfes n'av
o i e n t pas encore de Flotte. Enfulte Alexandre
l e Grand en fit une Peninfule par une jettée de
250. pas de long, fur laquelle on alloit de l'IDe
à la terre ferme. Pour éviter le grand & dangereux
tour de Carabouron , ce grand Prince fit
o u v r i r une plaine au travers du Mont Mimas ,
l a q u e l l e conduifoit à Erythrée, famenfe ville
& porc de mer vis-à-vis Scio, en forte! qu'ayant
débarqué à Erythrée, on paiFoit par ce nouveau
chemin à Clazomene , de même que l'on débarque
aujourd'hui à Seagi pour venir par terre
à Smyrne, fans entrer dans la Baye. Peut-être
que Seagï eli un nom corrompu de T'eus \ car la
p l a f p a r t des Grecs prononcent le T comme uii
S ; de Teus OIÎ a fait Sev.Sy &. puis Seagi- Cef i
le pays du bon vin nous avons une Médaille
d ' A u g u f t e à la legende de cette ville, dont le revers
rcprefente Ëachus debout , vêtu en f emme ,
tenant une cruche de la main droite, & le Thyrf e
de la gauche : on a marqué par flaterie autour de
la tête d'AuguÛe , qu'il étoit le fondateur de cette
ville.
L e s anciens appelloient Mineas iOMiQ la chaîne
de montagnes , qui occupe la Peninfule qu'ils
Jiommoient ilivoKwf/i- ou Vlfle aiix Mulots ^ dont
toute la côte d'Al i e eH infciiée. Les deux principaux
fomniets de cette montagne s'appellent les
Frares , parce qu'ils parniffent égaux , & qu'ils
font l'un contre Tautre comrne deux jumeaux ,
Les P rov enç aux leur ont donné le n o m de Poujfos,
ipp
c ' ç f t - â - d i r c Mamelles , fuivant l'idée des anciens
G r e c s qui regardoient les pointes des montagnes
c o m m e des mamelles. Mr. Morel qui a furpail'é
l e s plus grands Antiquaires de fon temps , par la
c o r r e f t i o n admirable de fes defïèins , a crû que
C l a z o m e n e étoit l'ancienne ville de Gryfice qui
a v o i t donné le furnom de Grynéen à Apollon.
C y b c l e , la mer e des Dieux , étoit fort venerée
à Clazomene & portoit le n o m de la ville,comm
e on le voit fur les Médai l les de Valerien. On
y ador o i t auiTi D i ane attx blancs finrcils , coiíimc
nons l'apprenons par quelques Médailles de Gall
i c n . Il yaui-oit plaifîr d'aller fouiller dans Iesr
u i n e s de Vourla.
Q u e l q u e s jours après nous allâmes au vieux
C h â t e a u de Smyrne, fitué fur la colline qui domine
la ville. Les Turcs ont achevé de démolir
un des plus beaux Tliéatres de marbre qui fût
e n Afîe , & qui occupoit la croupe de cette
m o n t a g n e du côté qui regarde la rade. Ils ont
e m p l o y é tous ces marbres à bâtir un beau Be-
7.ellein & un grand Caravanferai. L'ancien Chât
e a u , . bûti par Jean D u c a s , efl au f omme t de cett
e colline;, fon enceinte eii: irreguHere&ferefient
d u temps des derniers Empereurs Grecs , fous
l e f q u e l s on employoit les plus beaux marbres parmi
l a maçonnerie des murailles des villes. On voit
au devant de la porte de ce Château , un arbre
f a m e u x , parce que les Grecs prétendent quec'eft
u n rejctton du bâton de Saint Polycarpe. Autant
que j'en pus jug e r , au commencement de Janv
i e r , par une branche que j'en fis couper & qui
c o m m e n ç o i t à perdre fcs feuillts , c'tfl ce Micocoulier
que nous avions obfervé depuis peu fur
la route de Tocat . A droite & à côté de la pyrt
e , efl enclavé dans la muraille le Bufte de Ja
p r é t e n d u e A m a z o n e h a u t d'environ trois
p i e d s ; mais il ne paroit pas qu'il ait jamais été
f o r t beau , & les Tur c s l'ont maltraité à c o u p s de
f u f i l s pour lui caiîer le nez ; ce qu'il y a de cert
a in , c'eft que ce Bufte n'a aucun des attributs
des Amazones , au lieu que fur l c s Médailles frappées
à la legende de cette ville , l'Amazone qui
e n eft la fondatrice, fe difiingue par fa hache à
d o u b l e tranchant & par fon bouclier. Dans les prem
i e r s temps là figure de celte Heroine étoit comm
e le f ymbol e de la vi l le, comme il paroit par
les revers des Médailles que l'on frappoit pour
m a r q u e r les alliances des Smyrnéens avec leurs
v o i l i n s .
I l n'y arien dans ce Château qui merited'être
v e û : les Turcs y ont bâti une méchante Mofq
u é c . Sur la porte du N o r d , il y a d eux Aigles
f o r t mal delîlnécs & une Infcription fî haute
q u ' o n ne fçauroit la lire. L a Place d e ce Château
é t o i t occupée, dans le temps del à belle Grece,
par une Citadelle fous la protcâ-ion ^de Jupiter
/icrc'c