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V O Y A G E
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v i n rouge qui approche de celui de Côte-rôt i e ,
mais il eft encore plus fameux & plus violent.
L e s vignes naiiTcnt en ce pays-là autour des arbres
, & grimpent audciïiis comme en Piémont
& en pluileurs eudi'oits de Catalogne. Les Mi«
hometans boivent du vin , ou s'en paiTentfuiv
l e goût du Roi. Si le Prince ne l'aime poim
leur eft défendu d'eu boire ; mais ils fouffrL
i m p a t i e m m e n t, en cc dernier cas, d'être obliee'j
d e s'accommoder au goût de la Cour . '
T c f l î s ci! u n e ville affei grande & bien peuplce,
les maifons font baffes, mal éclairées, & bâties
ordinairement de boue & de briques ; c'efl encore
bien pis dans le reite de la Province où elles ne
r é p o n d e n t plus à la peinture que St rabon en a fait
e . La plus grande partie de Hbsrie ^ d i t - i l , eft
hicn habitée : on y voit de gros bourgs ^ des maifins
couvertes de briques ; l'architeaure en eft Hen
entendue , de même que celle des Edifices publics
fcf des Places. Aujourd'hui les murailles de Tejiis
ne font gueres plus hautes que celles de nos
J a r d i n s , & les rues font mal pavées. La Citadell
e e a , u haut de la ville dans une belle fîtuation,
mais l'en^tînte qui en ell prefque ruinée , n'eft
d é f e n d u e que pat d . maovaifes Tonr s . Toute la
g a r n i f o n couDlle en quelques malheureux artif
a u s Mahometans qui font pay«?, pour en faire la
garde. Ils y logent avec leurs familles, & ils ne
fçavent gueres manier les armes. Ce liiu fert
d ' a i i l e à des tnaîheureus chargez de dettes , ou
p o u r f u i v i ! pour crimes. La Place d'armes quitl
au devant, ell belle, fpacieufe, & fert de nmc
h e , on y vend les meilleures denrées du pl»
Q u a n d on vient d'Hifpaham à Tef l is, il faut int
r e r par la Citadelle ; ainfi le Prince de Gcoriit,
q u i , fuivant la coùtume de Perfe, doit aller recevoir
les prefens & les ordres du Roi hois il
la ville, fe trouve obligé de paflér au havreá
cette Citadelle où le Gouverneur pourroit 1' »
ter aifément s'il en avoit reçû l'ordre.
L a ville s'étend du IMidl au Nord. La CitJiieUi
eil au milieu. On en pourroit faire une Plw
conlidérable , car la côte de la montaine ûrli
quelle elle eB (ituée, eft for t ofcarpée, & Il .
ve Kur qui paiTe tout au long n'eil pas guéable.
L ' e n c e i n t e de la ville regne fur cette côte & ta
une efpece de quarré, dont les côtez defcendeii
j u f q u e s au fond de la vallée ; mais la moitié de
murailles font rainées & ne valent pas celles'
Bois de Vilicennes, quoiqu'en dife M r . Cliardii
D U L E V A N T . Lettre XV111. 3 3 3
I Palais du Prince, qui eil au deffous de la Ci-
„ j . l l c cil fort ancien & affci bien ordonne
X le'pays. Les Jardins, les Volieres, le Che-
S la f auconne r i e , la Place & le Baï.arqui font
lU devant, meritent qu'on y jet t e les yeux. On
»00! fit entrer dans nu nouveau falou aOcï .agréaquoiqu'il
ne foit que de bois. Il eli percé de
Me,
l o i s
te bleu,
qaes glal
piochent pas^
iljfond eil i
ious affûta I
encore plus
li)it avoi
Cour itt
côtci & fermé par de grands carreaux de verj
a u n e , grifdelin, &c. On y a mis qucl-
;es de Veuife, mais petites, & qui n'apd
e la beauté de celles de Paris. Le
. compartimens de cuir doré. On
[ue l'appartement des femmes étoit
Deau ; je ne fçai par quelle avanture
ouva égarée , cependant on paroifbonne
envie de nous le faire voir. La
it à la catupague dans ce temps-là. Le
f e portoit pas trop bien , à ce qu'on
ce fut une des principales raifons qui
\ partir de Teflis , de peur qu'il ne
d e nous retenir auprès de lui pour
d e fa f a n t é , comme cela arrive queldaus
le Levant.
Du Palais nous allâmes voir les Bains qui n'en
font pas éloignez. Ce font de belles fources dont
liehaleur cil fupportable à peu près comme celle
de! eaux d'El i j a auprès d'Erzeron. Dans les Bains
de Teflis il y a de l'eau tiède & de la froide , outre
la chaude. Ces Bains fout bien entretenus &
font prefque tout le divertilfement des Bourgeois
de lavine. L e u r plus grand commerce efl en fourrmes
que l 'on envOye en Perfe ou à E r i e r o n pour
Conllantinopic. La Soyc du pays , de même que
celles de Schamaki & de Gangel , ne palTent
joint par Teflis , pour éviter les droits exceiirfs
y feroit payer. Les Arméniens vont l'ajieter
fur les lieux & la font porter à Smyrne ou
MI antres Echelles de la Mediterranée, pour la
vendre aux Francs. On envoye tous les ans plus
de Jeux mille charges de Chameaux, des environs
de Teflis & du relie de la Geòrgie , à Erzeron
de h racine appellee Boia. D'Erieron elle pafTe
dans le Diorbequis où l'on l'employé à teindre
de! toiles que l'on y fabrique pour la Pologne.
Li Geòrgie fournit auffi beaucoup de la mime
racine pour l'IndoRan où l'on fait les plus belles
toiles peintes. Nous ne manquâmes (
illei promener au Bazar de Teflis c
on voit toutes fortes de fruits , & fu,
francs , & d'excellentes Poires de Bt
ÎEtc. Nous allâmes anffi nous- pr
lans lequel
- t o u t des
. Cirétiea
miifou de camp-.tgne du Pr
fmxbourg par où on arriv
maifou ell diilinguée par
au devant de la porte ; U
coup mieux plantez & mie
de T u r q u i e . Cefi dans cc
qui Il dans le
, ie. Cette
de Tr
uns
J:
ax
Urapade qui efl
-dins y font beau-
-donnez que ceux
Jardins, que nous vtÍ
mes avec admiration cette belle efpcce de Per/lcaire
à feuilles de Tabac , dont j'ai donné la figure
& la defcription dans an volume de rlliftoire
de f Academic Royale des Sciences. Mr. Commelin
en afait mention dans foi) Traité des Plantes
Rares, Comrne la graine n'étoit pas meure
pour lors, nous priâmes un Capucin Italien qui
avoit fini fa Mi f l ion à Teflis , & qui devoir s'en
revenir par Smyrne, d'eu amaffcr dans le temps;
cc Pere l'a communiquée, comme nous, aux curieux
de Hol lande & d'Angleterre. Nous en trouvâmes
auffi dans les Jardins des Moines des Trois
Eglifes.
L a maifou du Grand Vilir ell la plus belle de
la ville. A peine étoit-elle achevée quand nous
arrivâmes à Teflis. Les appartemens font en enfilade
, mais bas, à la mode du pays , avec des
d e fleurs qui f o n d ' u n aifez ma u v a i s g o û t .
d e mime que les tablfigures
font mal dcflir
core plus mal groupé-
Mahomctans , fe f
peint à frefqnc dd
' u n e maniere qui
t r e y cil ft
d'Hille
mal colorée
L e s Perfaus,
d e tableaux ,
is Teflis fur le plâtr
l'eft pas défagréable.
,ÎD-bien qud
o n t kl
s , & enquoique
& l'on
ï gâché ,
L e plâ-
. : le bois,
quoiqu'on y brûle ordinairement de la bouze de
vache. On croit qu'il y a environ vingt mille
ames danslavi l le, fçavoir quatorze mille Armen
i e n s , trois mille Ma h ome t a n s , deux mi l l e Geop-
;s Romains. Ces
ronvertis, ennemis
les Capucins Itacilier
enfembie.
Peres qui font
giens & cinq cens Catholiqu
derniers font des Armeniens
déclarez des autres Armeniens
liens n'ont jamais pù les récoi
N o u s logeâmes chez ces baimez
en Geòrgi e où
corps & di
pation , C!
deux Peres
Propagandi
écus Rom;
F r a n c e ; IT
d u e , laque
ils ;
I s f o n t les Medecinsdes
y manquent pas d'c
.ins par
aïs on 1
Ile
: [ l ' à - d i r e ,
ion de la
e.' La Congrégat
inne prefcntetnet
qui valent cent
permet d'exercer
la Medequoique
1rs princit
pourtant ils n'en ayeut que de très-Ieg.
pes. Si te malade meur t , ou s'il ne guet
pas,les
Médecins ne font point payez ; s'il
qui arrive par hazard, on envoye du vin au Cou
v e n t , des vaches, des efclaves, des moutons,
e&c. Leur Couvent ell joli ; ils y reçoivent prefque
fuppofe qu'ils favcnt
gUC)
tous les Francs qui paffent par Teflis ,
leur hofpice appartient aux P. Capucins de la
Romagne. Le Supérieur de la iMaifon prend la
qualité de Prtfet des Miffuns de Géorgie. Les
T h e a t i n s qui étoienc dans la Colchide ou Meiigrelie
recevoient de la mime Congrégation cent
écus par tête , & ils étoient devenus Seigneurs
d ' u n e ville. Il n'y a plus à prefent qu'un feul de
leurs Peres qui y faffe la iclidence, les autres f
R î f o n t