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purgation duis les premiers jours lorfqu'elleeiibien
indiquée.
a Si la tête d'un malade fc broviille & qu'il foit
attaqué d'un traiiiport au cerveau, ou le traite de
poircdé : on congédié & les Mcdecins & les Chirurgiens.
On fait venir des Papas qui après avoir
l o u é la fage conduite des parens, commencent par
reciter je ne fçai combien d'oraifons & répandent
l ' e au benite à grands flots dans le lit du malade &
çar toute la chambre : enfuite ils tourmentent fi
f o r t le malade à force d'exorcifmes, qu'ils augmentent
le délire , bien loin de l'-appaifer.. On nous
traita de vifionaires à Mycone, lorfque nous propofâmes
aux parens d 'une D ame de confideration de
l a faire faigner au pied , pour tranquilifer ià tête.
L e s Papas nous vouloient chanter pouille. Que
répondre à des gens qui n'entendent pas raifon? Ils
n e fe contentèrent pas de lui rompre la tête pendant
deux ou trois jour s , fous prétexte de foire fortir
le diable dç fon corps de ^-é ou de force ; on
porta cette pauvre femme à TEglife ; on la menaça
de l'enterrer toute vive fi elle ne déclaroit le nom
d u démon qui la poiïèdoit ; fi nous pouvons l'apprendre,
difoient-ils, il fera bien-tôt à nous. Ce
n o m cependant les embarraiToit fort, car ils ne favoient
comment l'apoilropher. Les Papas fuoient
à grolfes gouttes & fe relevoient d'heure en heure ;
eniîn la malade qui avoit une fièvre maligne des
plus fâcheufes, mourut avec des mouvemens conv
u l l i t s , qui épouventérent tout le monde. Toute
la phyfique des Papas fe termina à faire fentir aux
aiTirtans la violence du combat qui fe paifoit entre
l e diable & la malade, laquelle pour ne s'être pas
bien deffenduc fuivant le jugement decesDofteurs,
n e fut pas enterrée en terre fainte ; on la porta de
T E g l i f e à la campagne, au lieu qu'on porte les autres
morts de la campagne à l'Eglife. Lorfqu'un
malade échape d'une fçene fi tragique, tout le monde
crie au miracle, & les Papas palTent pour des
Thaumaturges.
A v a n t que de quitter le M î l o , nous montâmes
au haut de faint Hel ie, montagne la plus élevée du
p a y s , pour avoir le plaiiir de coniidïrer les Mes
voifines : c'efl: un des plus beaux coups d'ceil qu'il
y ait dans l'Archipel : t> l e jour etoit parfaitement
b e a u , & nous laiiïà voir une infinité d'Ifles voifines
qui brillent dans la m e r , pour me fervir de l'exprefi
i o n d'Horace.
Defcendant de cette montagne, nous nous embarquâmes
pour l'Iflede S I P H A N T O qui n'eft
qu'à 36. milles de Mile. Siphanto a retenu fon
a n c i e n nom de Siphnos, qu'Etienne le Géographe
fait venir d'un certain « Siphnua fils de Sunion-, car
auparavant, cette Iflc s'appclloit Merope, fuivant le
même auteur; & Merapia & Ads. felon d Pline,
vîtes crquora Cycîaûas. Hora. di'. od.
« 2 I 4> N O 2.
i tìijl. nA,. lit. 12,
A G E
qui ne lui donne que 28. milles de circuit, quoi,
q u ' o n en compte quarante.
L ' I f l e de Siphanto eil fous un beau ciel : 0111
l e trouve encore plus charmant quand on arrive I
de Milo où l'air cil infeaé de vapeurs fulfureu-1
fes. On voit à Siphanto des vieillards de 120
ans : l'air , les eaux , les fruits , le gibier, lavo-f
lai l i e , tout y ell excellent; les raifins y font merveilleux
, mais la terre qui les produit eft trop for.
t e , & les vins n'y font pas délicats ; ainfi l'on y |
boit ceux de Milo & de Santorin. Quoiqui I
l ' I f l e de Siphanto foit couverte de marbre & de I
g r a n i t , cHe eft pourtant des plus fertiles & des I
mieux cultivées de l'Archipel : elle fournit aflci I
de grains pour les habitans du pays qui font au-[
jourd'hui de très-bonnes gens. Les moeurs del
leurs ancêtres étoient fort décriées. Quand on |
reprochoit à quelqu'un qu'il vivoit à la Siphancine, f
qu'il étoit homme de parole comme un « Siphaiitiii, 1
c'étoit lui dire de grolîès injures, comme nous|
l'apprennent Etienne le. Géographe, Hefychiusàl
Suidas.
L e s habitans de Siphanto s'appliquent à faire vl
loir leurs huiles & leur câpres. La foyedel'IlleL
ell très-belle, mais en petite quantité, & les toi-l
les de coton que l 'on y fait font aifez recherchéesT
ces toiles font de deux fortes, la Scamite eft touiil
unie : la Dimite eft croifée, beaucoup plus belle,!
plus forte & de plus graiid débit. Ainfi l'on y con-1
Ibmme non feulement le coton du pays; mai
c o r e celui des Mes voifines. Le reftedunég...-
de Siphanto ne roule que fur les figues, les oignons J
la cire , le miel, le fefame ; on y travaille à desI
chapeaux de paille, qui f e vendent par toutl'Archi-1
pel fous le nom de cailors de Siphanto. Cette Ille|
o ù l'on compte plus de cinq mille ames, fut iaj
eu 1700. à quatre mille écus pour la capitation &|
pour la taille réelle. Outre le f château, fitné fut i
une roche au bord de la me r , & peut-être bâti fiitL
les ruines de l'ancienne g Apollonia^ il y a cin'q vil-l
l a g e s , Aitimone, Stavril, Catavati, Xambela,
Pecali ; quatre couvents de Caloyers, Brici oulal
Fontaine , Stomongoul, Saint Chryfoftome , & I
Saint Hélie ; deux couvents de Religieufes, l'uu |
d'environ 20. filles, & l'autre de 40. dans un quai- i
tier appel lé Camarea. Il y en vient quelquefois dî
l ' A r c h i p e l pour y faire leurs voeux ; mais ces bonnes
Il filles ne font pas trop régulières. Pour ce
qui eft des chapelles, il y en a 5-00. & 60. Papas qui
ne difent la MeiTe qu'une fois l'année, le jour del
la dédicace de leurs chapelles.
L e s ports de l'Ifle font Faro , Vati, Kitriani,
K i r o n i f l b , & celui du > Château. Faro a fans dou-1
te retenu le nom d'un ancien Phare, qui fervoit à
guider les vaiiTeaux. . O n voit dans Goltiias une |
me-
D U L E V A
, Médaille, où d'un còte eft reprcfentée une tour
1VCC un homme placé tout au haut; de l'autre co-
I lé c'dt l'i cète de lupiter felon Nonius ; pour moi
I ie crois plutôt que c'eft celle de Neptune . M''. Fou-
Icault Confeiller d'Etat, dont le cabinet eft le plus
Ibeiu de France après celui du R o i , a une b M e -
ï<iillledc cette Ifle : le. type cft une tête de Gordien
¡0 & le revers une Pallas en cafque, qui lance
1 javelot. L^s ports de Siphanto étoient aile?.
I frequenter il y a environ 5-0.
I Marchand de l 'Ifle, enterré du
I ikici y attiroit par fon iiidufti
i F r a i i c e & d e Venife.
I Siphanto étoit autrefois
Imiiies d'or & d'argent :
I d'Imi où elles fe trouvent.
Iplusftineufc , on nous mei
I près de San Softi chapelle
l.nous ne vîmes que l'entrée
I pût nous conduire plus ava
Iras & de l'obfcurité du lieu
Inons fit fouvenir de ce qu(
; Içavoir qu'Apollon s'e;
Bafili riche
> le monaftére de
• des vaifleaux de
:elebre & rîch(
a pein
Poui s fair
par íes
aujoL
la
a fur le bord de la mer
à demi ruinée ; mais
de la mine, & l'on ne
i t , à caufe des embar-
S a fituation pourtant
c Paufanias en raconoit
approprié la dixième
U<f>iit Hijjch. ir Said^
h C^Ioyereji« Calogi
Í la Calaij.c^ue.
Sttgh,
partie de l'or & de l'argent qu'on tii^oit des mines
de Siphnos, & qu'elles furent détruites par l'inon-
I dat-iou de la mer , laquelle vengea ce Dieu du mé-
Ipris que les habitans avoient -eu pour lui , en re-
I fuOiiu de payer cette efpéce de tribu, d Hcrodote
d'an autre malheur que les mines avoient atà
cette Ifle. C e u x parmi les Samiens qui avoient
I déclaré h guerre à Polycrate leur tyran, fc voyant
I abandonnez par les Lacedemoniens, après la levée
^ c d e S a m o s , s'enfuirent à Siphnos, où ils
I demandèrent à emprunter dix talents. Siphnos
I étoit alors la plus riche de toutes les Ifles, & l'on
oit comme un grand thréfor la dixième par-
I tie de l'or & de l'argent que l'on prenoit tous les
s fur le rapport des mines , pour envoyer au
I Temple de Delphes. Cependant la propofition des
I Samiens fut rejettée ; mais ils ravagèrent tout le
I pays, après avoir mis en fuite les habitans que l'on
I obligea de donner 100. talents de rançon pour re-
I tirer leurs prifonniers. On prétend que la Pytho-
I îiilTe avoir prédit ce malheur: confultée par ceux
I de Siphnos, pour fç-avoir fi leurs richelfes fc foû-
I tiendroient long- temps, elle répondit, qu'ils fe
I donnafîent bien de garde d'une ambalTade rouge
I dans le temps que leur hôtel de ville & leur mar-
I chc fcroient tout blancs. Il femble que la prophétie
s'accomplit à l'arrivée des Samiens, dont les vaif-
I feaax étoient peints de rouge , fuivant l'ancienne
I coûtume des infiilaires cheî qui le bol cft fort
commun, & l'hôtel de la ville de Siphnos , de
1 même que le marché , étoient révêtus de marbre
I blanc.
^^ Ltgindi.
C U n i î î N .
Vcf.ri^,. OrM. Plm!t.
N T. Lettre IF. 67
Outre les mines dont on vient de parler , le
plomb y eft fort commun : les pluyes en découvrent
prcfquc par tout. La mine cft grifâtre, lilïè
& rend du plomb qui approche de l'étaim. Lorfque
les payfans veulent chaifer , ils vont la prendre
dans les champs & la fondent pour en faire de
la grénaille. Ce plomb qui eft conunc une cerufe
naturelle fe vitrifie facilement, & c'eft ce qui rend
excellentes les marmites de l'Ifle. e Théophrafte,
f P l ine , g Ifidore aliurent qu'on tailloit à Siphnos
au cifcau des pots à feu d'une certaine pierre moll
e , lefqucis devenoient noirs & très-durs, après
q u ' o n les avoit échaudez avec de l'iuiile bouillante
; h on eftimoit -auíü les gobelets qui fc fabrîquoient
dans cette Me.
Il y a près de 5-0. ans qu'il vint des Juifs à Siphanto
par ordre de la Por te, pour y examiner les
mines de p lomb; mais les Bourgeois de cette Ifle
craignant qu'on ne les contraignît d'y travailler,
gagnèrent le Capitaine de la galiotte qui avoit amené
ces Juifs, & que l'on avoit chargé de mine pour
conduire à Theifalonique. Cet Officier fit percer
f o n bâtiment & fe fauva dans fa chaloupe pendant
qu'il couloit à fond. Quelques autres Juifs étant
revenus à la charge n'en furent pas meilleurs Marchands.
Les Siphantins pour s'en débarraffer tout
de bon, donnèrent une foimiie d'argent à un Corfaire
Provençal qui étoit à Mi l o & qui perça à
COUDS de caiion une fécondé galiotte chargée de
Juifs & de mine, li bien que les Tur c s & les Juifs
abandonnèrent cette entreprife.
L e s Turcs n'ofoient pas trop fe montrer dans
les Iflcs avant la retraite des Armateurs François,
qui s'en alloient fouvent les prendre par la barbe
& les faire efclaves fur les fommets des montagnes.
L e s Grecs , qui favorifoient ces violences, venoient
confoler les Mufulmans & leur prêtoient
de l'argent pour leur rançon. Nos Armateurs travailloient
quelquefois à la confervation du Chriftianifme
avec plus de fuccès que les Miflîonnaires
les plus zèle?. : en voici un bel exemple. Il y a
quelques années que dix ou douze iàmîlles de
N a x i e embraiFérent la loi de Mahomet : les Chrétiens
du rite Lat i n les firent enlever par des armateurs
, qui les emmenerent à Malte. Perfonne depuis
ne s'eft avifé de ie faire Mahometan à Naxie.
L e s plus fameux Corfaires de l'Archipel n'avoient
rien d'odieux qne le nom de Corfaire. C'étoient
des gens de qualité & d'une valeur diftinguée qui
fuivoient la mode de ce temps-là. N'a-t-on pas vû
M « , de Valbel lc, ide Gardane,de Colongue devenir
Capitaines & Chefs d'Efcadre des vaiifeaux du
R o i , après avoir fait la courfe contre les Infidèles.^
combien voit-on de Chevaliers ou de Commandeurs
de Mal t e foùtenir en Levant le nom Chré-
1 2 tien
d Lib. 3.
e Lib. di UpldH,.
i Hift. «rtf. lik J5, cap. II.
g Orig. lib. J6. cap. 4.
h 2i>»«» nttifm. Sttfh,
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