
t&6 V O Y
que des épitaphes da temps des Chrétiens : & comme
lés Dames de Cora nous voyoient examiner les
plantes qui naiffent fur les terrailcs & le long des
chemins à l'entrée de leur ï i l le, elles nous en prefentérent
une, & nous firent demander li nous en
comroiffions les vertus. Cette plante reffembloit
i b r t à celle que l 'on appelle a 7artonraire à Marf
e i l l e . Après les avoir liiit remercier de leur bouq
u e t , j e leur fis dire qu'elles le portoient trop bien
pour en avoir befoin, & que m ême en France, on
ne s'en fervoit que pour purger les perfonnes les
plus robuftes : elles firent quelques éclats de
Ci porté! :nt 'l eurs • - • -
coefîure :
qu'elles, vOLiloient ne
d e cette plante poui
U n moment après '
trois de ces Dal
& qui irous montroie
i à la téte, pou:
nôtre Interprete nous afliïira
s faire connoître qu'on ufoit
teindre leur voile en jaune,
il nous fit remarquer deux ou
qui balayoicut leur terraflê,
- leur s balays , pour nous
iaire entendr e qu'on l'appelloit 1> l'Herbe aux ba-
Uis.^ Pour teindre en j a u n e , on jette dans l'eau
bouillante les fommi tez de cette herbe : après quelques
bouillons , on y ajoute un peu c d'alun en
p o u d r e ; cnfuite on y plonge le linge, le drap, ou
les cuirs , pour les y laiflër tremper toute la nuit
hors du feu: le jaune en eft aflèi beau, & j e crois
bien que de plus habiles gens en pourroient faire
une couleur plus parfaite. Cette plante ne différé
d e celle qui vient fur les côtes de Provence , que
par fes feuilles qui font plus étroites & plus longues.
i Mr. Whelcr en a remarqué la diflérence.
JjC 24. Février malgré le mauvais temps, nous
nous retirâmes au Vati , dans le deflèin de nons
embarquer pour Scalanova & de pafler à Smyrnemais
les pluyes continuelles & les vents contraires
nous arrêtèrent au Vat i jufques à la mi-Mars. C'étoit
un petit déluge, & l'on ne voyoit couler que
ruifleaux des montagnes, qui dans toute autre faif
o n paroiiTent comme calcinées ; c'cft ce qui avoit
f a i t donner à cette Ifle le nom de s Samas, comm
e qni diroit une terre fcche & fablonneufe.
N o u s allâmes pendant ce temps-là , voir un
a f f e z beau village appelle Metelinous à deux milles
de Cora. Metelinous a pris fon n o m de l'Ifle
d e M e t e l i n , patcequ'il fut bâti, ou rétabli, pour
mieux dire , par une colonie des habitans de cette
M e , que l'on y fit paffer après que Sultan Selim
eut donné Samos au Capitan Pacha Oehiali. f Depuis
la mort de cet Amiral , le revenu de Samos
rf aSéSé à une Mofquée qu'il avoit fait bâtir à
T o p a i t a l'un des fauxbourgs de Conftantinople •
cette Mofquée porte encore le nom de fon fondat
e u r , & le fauxbourg, celui de l'artillerie que l'on
rhymalia feu T a n r A , , lini foliii argenteis CoioII. In».
tteili
yj, heibe aux balais. un balai,
d di Dalmattí ir dt Crtct. lem, i.
A G E
y jette en fonte; c a r e n Turc, fignilîe ii„ (,
n o n , & hma, une mai fon; ainfi Topamc'efí IM
cenal ou la mai fon ot\ l'on fait les Îanous
L a fontaine de Metelinous eft la plus belle f„,,
c e de l'Ille; & c'eft aifarément l'une des dem ï
taines que g Pline y marque. Je ne di '
q u ' e l l e ne fût conduite à la ville de Samos, au
vers de la montagne dont Hérodote a fait meiuW
cet Auteur l'appelle fa j r -wi / . t o ,W,
tagne eft entre iMetelinous & les ruines de Samo
L a dilpolition des lieux fc trouva tout à fiiit fi,,:
rabie des le moment qu'on eut furmonté ladillcil
té de la percer , mais il y a beaucoup d'appm,,,
q u o n n'avoir pas mvelé le terrain avec affat
j u f t e i f e ; car on fut obligé de creufer un ami è
j 20. coudées de profondeur pour conduire la fa,,
c e ou l'on fouhaitoit ; il pourroit y avoir quelq®
erreur dans ce paiFage d'Herodote. Jofeph Gtoij,
rene Evêque de Samos doit avoir recherché ton®
ces chofes avec beaucoup de foi n ; mais la defoj.
ption qu'il a donnée de Samos , de N
ftitmos, ell fi r.are, quoiqu'elle ait été traduite i
G r e c vulgaire en A n g l o i s , que j e n'ai pû eu di®
vrir aucun exeinplaire.
A u coin de l'Eglife de Metelinous, devantcei
f o n t a i n e , on a enchaifé à hauteur d'appui un 1
cien bas-relief de marbre parfaitement beau, iju'u
Papas découvrit il y a quelques années en liboi
rant un champ : ce marbre a deux pieds qualiî
pouces de longueur, fur quinze ou fcize ponçai
hauteur , l'épaifleur en efl de trois pouces ; ir
comme il n'eil pas fort élevé de terre, les t&es
font maltraitées. Le bas-relief contient
r e s , & reprefente une ceremonie faite po
r e r l e f e c o u r s d'Efculape dans la maladie de qld.
que perfonne de conlideration. Le malade ell ta
f o n l it, la tête & la poitrine élevées , temnt 111
vafe par les deux anfes ; le Dieu de la Mcdedi!
paroît à fa droite vers le pied du lit fous la figin
d'un ferpent : la table qui efl vis-à-vis le malidt,
foutenuë par trois pieds terminez en pied de ckv
r e , eft chargée d'une pomme de pin, de deux flacons
& de deux corps qui finiiïent en pyraniidci
placez à chacun des bouts. Sur la droite du unlade
eft aífife une femme dans un fauteuil doul I;
doffier eft fort élevé ; cette figure eft bleu dnpt.,
les manches font allez ferrées ; fon vifage ell 4
f r o n t , & il femble qu'elle ordonne quelqin
à un jeune efelave qui eft tout auprès, & o,u. —
efpece de cafaque fur fa vefte. Au pied du lit i
une autre femme ailife fur un tabouret convertí;
drapé : elle eft vêtue de même que celle qni ti
dans le fauteuil, mais on ne la voit que de côté,
& fon vifage eft prefque de profil ; c'eft pent-tw
e arena.
Et Salma genitrix (^uai deleitar
f K-Ut. J„ J. Mr. J, B
g Gigait® Lencoiiica. Hiß. 1
• arena. Ju^ín. SM
1, ¿í. j. «f. 31.
D U L E V A N T . Lettre X. i6j
Ce. ¿as reli^&st re^Oi
ie^ ojiií^ice.. íju¿ se'¡.'oit ai¿ coin Je-UE^Iis.
y'äete'Uji^us darus Í '^jIó de-Samas.
ia femme du malade , car on voit à fes genoux un
jeune enfant debout & tout uud, qu'un petit chicn
femble carelîcr : une jeune efelave ell encore placée
derrière cette femme , & eft vêtue d'un cafa-
(¡uiiifaiis manches, fous lequel tombe une efpece
de jupon pliilë : elle appuyé fa main gauche fur fa
poitrine,& del à droite q-i eft élevée, elle tient un
coeur dont la pointe eft en haut. On voit plus loin
tout à l'extremité du bas-relief un autre efelave
lout nud , qui d'une main prend des drogues dans
n mortier, pour les mettre dans une taife qu'il
mt de T'autre main, & à qui il fembl e qu'Efcu-
3[>e ait donné ordre de les aller verfer dans le vafe
lie le malade tient par les anfes. Sur le haut du
as-relief regne une efpece de bordure caiTée, partagée
en quatre carre?, longs : dans le premier eft
reprefentée une très-belle tête de cheval ; le fécond
ne deux flammes ; le troiiiéme eft orné
afque & d'une cuiraiTe ; le quatrième eft caf-
, ic ne laiflc voir que le bord d'un bouclier.
)n a voulu fans doute par ces attributs, faire con-
»oîire les inclinations & les emplois que le malade
voit eus.
Pendant que nous confîderions la beauté de ce
is-relief, on nous prefenta des médailles, dont
•meilleure fut celle du fameux Pythagore, qui feîtoûjours
beaucoup d'honneur à cette Ille, par le
TPAUNOC ÛEKIOC. b Lt.'cnde,
IT6ArOrHC CAMinN.
ATTORI'ATûî KAlXAf
rang qu'il a tenu parm les anciens Phîlofophcs
mais certainement il n'y a plus de fes difdples dans-
S a m o s ; car les Samiens n'aiment, ni le j e û n e , ni
l e lilence. La médaillé dont nous parlons eft un
moyen bronze à la tête de a Trajan Dece : b Pythagore
eft au revers aiTis devant une colonne qui
foûtient un globe fur lequel ce Philofophe femble
v o u l o i r indiquer quelque chofe de la main droite:
l e même type eft dans Fulvius Urfinus, mais Pythagore
c O n
appuyé fa main gauche fur le glo;
voit aufli de femblables médaillés aux têi
îtes de Cae
r a c a l l a & d ' E t r u f c i l l a ; la plus belle qu
j ' a y e vûë
eft dans îe cabinet du Roi, frappée a
au com de
ConuTiode , & reprefentant au revei
> Pythaj
qui montre avec une baguette une étoile fur le globe
c c l c f t e ; c ' c f t fans doute l'étoile de V e n u s qu'il avoit
découverte le premier, c omme d Pl ine nous l'ailïïre.
A main gauche de la fontaine de Metelinous,.
f e trouve ul^e infcription dont les caraéteres paroii^
fent avoir été beaux : mais ils ne font plus lifibles :
peut-être que de plus habiles gens que nouSj y trouveroient
le nom de la fontaine : peut-être auffi que
cette infcription fait mention de ceux qui entreprirent
de conduire cette belle fource à la ville de Sam
o s , au travers de la montagne percée. Cettef
o u r c e tombe aujourd'hui dans un pedï ruiifeau qui'-
v a fe jetter dans le port de Tigani.
E a *
2 T o 2.
r, Uh. z. (ag, i j .