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qu'à" bonnes enfeignes, & par une petite onverture,
pratiquée à un des coins du bâtiment, & qui fe ferme
par- une porte couverte de tôle. En dedans c'cil
u n corps de garde garni de malluës de bois, faites
fur le modèle de celles d'Hercule, & dont un coup
fcroit capable d'allominer un boeuf : la précaution
nous parut fort inutile ; ciu: avec un coup de pied
o n renverferoit fiicileinent un homme du haut de
l ' é c h e l l e par laquelle on monte à cette porte ; l'échelle
a li. marches de bois, fans compter quelques
degrez de pierre, fur lefquels elle eil appuyée:
o n palle eufuite par un efcalier fort étroit ; mais ni
les cellules, ni la chapelle ne font pas taillées dans
l e roc, comme on l'a publié. Les Religieux nous
alÎLirérent que leur maifon étoit l'ouvrage de l'Empereur
Comncnc, qui l'avoit bien remée ; j e n'ai
pas de peine à le croire : Anne a C omnene fille
remarque que la mere de. ce Prince l'avoit fait
élever jofqu'à fon mariage parmi des Religieux :
ceux d'Amorgos publient que cette fondation fut
feite à l'occafion d'une image miraculeufe de la
V i e r g e peinte fur du bois, qu'ils gardent dans leur
chapelle comme une grande relique : ils prétendent
que cette image, profanée dans l'ifie de Cypre &
c a l l é e en deux pièces, fut amenéemiraculeufement
fur la mer jufques au pied de la roche d'Amorgos :
que ces deux pièces s'y ralTemblérent : qu'elle a
opéré & qu^elle. opere encore pkiiieurs miracles.
L ' I m a g e nous parut toute enfumée, & d'un deiTein
fort imparfeit : les Caloyers qui la confervent font
mal propres ; leur "mai fon fent le vîeux' corps de
g a r d e , & ce couvent a plus l'air d'une retraite de
brigands, que d'un lieu de fainteté. Comme on
n e fçauroit fortir honnêtement des monaftéres fans
clOnner à la facriftie, nous ylaillàmes quelque petite
monnoye, & les Religieux nous regalérent d'un
plat de raifms, dont les grappes avoient environ un
pied de longueur ; b chaque grain étoit prefque oval
e , de 15". o u iS. lignes d e long,blanc tirant fur Je. v e r - •
dâtre , fort doux & d'un excellent goût. Ne
voyant autour de ce couvent que la mer & des rochers
affreux, j e m'avifai de demander à ces Religieux
d'où leur venoient de lì beaux fruits : ils
m'ailurérent qu'orf les cultivoit dans un autre
quartier de l'Ille , auprès d'une chapelle où l'on
Gonfervoit cette Urne lì fameufe qui fe remplit
d'eau & fe vuide d'elle-même dans-certain temps de
l'année.
L e ChriftianiCné n^a pas changé l'efprit fabul
e u x des Grecs : nous allâmes le lendemain à la
chapelle pour nous convaincre , ou nous deiàbufer
de ce prodige, & pour manger de ces beaux raiiîns.
Saint George Balfami, c'eft ainiî que s'appelle la
chapelle, eft à quatre milles du village à gauche du
port de l'oueft , tout auprès d'un verger d'arbres
âruitjers en. terralie,. à la tétç d'un potager arrofé
Contubeinalem ex venerabilioiibiis quempiam habuit, iuiTu
b Vitis uvâperamplà.acinîf maximisé gioboiÎs, è viridi albittóUBus,
Br.uf^á^t.idejf, Ocuks bons Giscoium lectcùoiiiEi,
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par une petite fontaine, parmi des vignes bien cui
tivècs : le lieu nous pamt charmant pour la dcmp
re d'un Papas. Quoique la chapelle n'ait que,,
pas de long, fur lo. pas de large, elle ne laiffeJ
d être divilée en trois nefs par de bonnes muraille
comme fi c'étoit une grande Eglife ; mais les HP
des côtez font iî éa-oites, qu'il n'y fcauroit psff
qu'une perfonne de front : on entre 'dans h cb
pelle par le coin de la nef qui eft à gauche • í
comme nous découvrîmes d'abord'une iburced'ea
vis-à-vis de la porte, nous jugeâmes bien quelepri
tendu miracle n'etoit pas difficile à expliquer. C«
te Jour ce, qui eft fort petite, fe raiiiaûè daiis u
refervoir long de cinq pieds quatre pouces, furèj
pieds huit pouces de largeur; l'eau n'y ctoitpo[
lors qu'à la hauteur d'environ un pied : à iix pasi
l à , au bas d'un cabinet pratiqué dans la même ne
elt enterrée à fieur de terre, cette Urne lî celey
que l'on vient confulter comme l'Oracle de l'Ar.
chipel ; c'eft un vaiiTeau de marbre prefque ovi.
l e , haut d'environ deux pieds, large de feize po^
c e s , , dont l'ouverture, qui eft ronde & de lu
pouces de diametre, fe ferme avec une pièce i
bois arrêtée par une tringle de fer pofée entravers,
. ^ L e cabine't eft fermé avec plus de foin,
s'ouvre qu'après qu'on a domi é quelque argcntpoi
faire dire des MeiTes; nous n'y manquâmes pis
& nous eûmes le plaifir de découvrir l'Urne,
mefurer l'eau qui s'y trouva àfeptpoucesneufllm
de hauteur;, mais il ne nous fut pas permis defoi
1er plus avant, ni d'examiner le fond de l'Uni
tout couvert de limon;le Papas nous dit feulemai
que c'étoit la hauteur ordinaire de l'eau : nousli
priâmes de nous faire comprendre en quoiconlîi
donc ce grand miracle ; c'eft , dit-il , que ['a
hauiîe & bailTe plufieurs fois dans l'année : oan
pliqua qu'il fe pouvoit &ire que la décharge dun
l e r v o i r , . q u i eft tout auprès, plus ou moins aboi
dante, paÛàt au travers de la terre & s'imbibât il
fenfiblement dans ce marbre, épais feulement d'ei
viron un pouce, & peut-être fêlé dans le foDd;c
lieu eft fort obfcur, & ilfaudroitvuiderl'Uraepoi
la bien examiner; car le c p . Richard foûtieiiton
le fond de ce vaiiTeau n'eft que de l'argile : lefi
pas fe contenta de nous répondre que c'étoit m
grand miracle.
N o u s le priâmes de nous dire s'il étoit vrai V
1 U r n e fe renîplît quelquefois dans l'efpace de it
mi heitre, & qu'elle f e vuidât vifiblement plulîem!
fois le jour en pareil temps ; d s'il étoit vrai(¡W
dans un moment on la vit iî pleine que l'eau tf
gorgeât par deiïùs, & qu'un moment après elle devint
fi féche, qu'il ne parût pas qu'il y eût eu d«
l'eau ; le bon homme qui fe méfioit de nous, &
qui n'etoit pas fi fot qu'il le paroiiToit, nous répondit,.
que nous n'avions qu'à refler un peu de temp
pûiî
Coroll, Inft. Rei herb. 42. '
c Defcript. de Sant Etini.
à Biß, del DM! 4t t'^nhipd.
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