
L E T T R E
II revint à Montpellier continuer fon cours en Medecine, & fes Operations de Cliymic
& d'Anatomie ; c'cil en dire allez , pour perfuader qu'il le perfedionna dans toutes ces
Sciences. E]ifuite il alla fc faire recevoir Dofteur en Medecine dans la Faculté d'Orange.
D e l à , M. de Tournefort fe rendit à Aix. Mais fon amour pour tout ce qui s'appelle
PUyfique, ne lui permit pas d'y refter longtems ; ü lui donna bientôt le defir d'eflayer fi
les Alpes ne lui fcroicnt pas plus hcureufes que n'avoient été les Pyrénées: En traverfant
les Païs qui les feparent, il étudia toujours les Plantes & la Nature. Les monts & les precipices
furent pour lui les Livres les plus inilruétifs , quoiqu'auffi difSciles q • - •' " J ue dangereux à
c'étoit
A M O N S I E U R BEGON
[tre Nat ion ; il femble que
que lorfqu'une ardeur Botaniqu
parcouru-. Souvent il eft arr:
porté jufques fur le fommet des montagnes, en gra<
riiliin
tout ce qu'il pouvoir faire que d'en defcendre.
Malgré tant de fatigues & tant de perils, il croyoit
de s'inftruire; il n'en connoiflbit pas de plus grand. Dai
n'échapoit à fon attention, foit Plantes, foit Pierres, e
tutelle ; il examinoit tout avec une avidité qui ne fe dén
ntredesi
Les lumières qu'il acquit étoient fi grandes, qu'elles ne
cachées, ni infruaucufes. Quoique le mérite foit prop:
ou Phylicienne,
ocliers efcarpez,
lie, It fit bien-tc
élo!
ne point acheter trop cher le plaifir
is tous les endroits où il paflbit, rien
nfin, ce qui regardoit l'Hiiloire nantit
jamais.
arent demeurer plus longtems
, . : perfonnel, à un homme ; il
femble néanmoins que les elïcts qu'il produit, lui deviennent en quelque maniéré étrangers.
Cette efpcce de paradoxe fe vérifia dans M. de Tournefort . Pendant qu'il étoit à Aix , (oîi
il revenoit de tems en tems,) tout occupé de fes obi'ervations fur la Phyfique,fon mérite
agiiToit à fon infçû dans Paris. 11 ne contribua pas même de fa prefence à la reputation qu'il
y acquit ; elle l'y précéda.
D e toutes les'Perfonnes qui parlèrent avantageufement de lut, aucune ne le fit plus efiicacement
que Madame de Venelle, F emme d'un Confeiller:au Parlement d'Aix, & Sous-Goavernante
des Enfens de France. Comme elle avoit toujours été très-amie de la Famille de
M. de Tournefort , elle lui en voulut donner des marques plus réelles, que ne le font de fimples
agon, qui po
louanges. Elle l'engagea de venir à Paris, & le produifit à M. Fagon,pour lors
étoit premier Medecin de la Reine.
La propre fciencc de ce grand Gi
f o r t , dont la premiere converfation juftifia tous le ^
de trouver un homme fi rare , il ne fongea qu'à lui pr
veilleux talens fembloient exiger. 11 fe fit un devoir er
culier à lui -même, de devenir fon P rot eûeur j & il l
au Tardin du Roi.
esqu
ouvrir celle de M. de Tourneon
lui en avoit faits. Charmé
tous les avantages que fes merfers
le Public , & un plaifir partifit
nommer ProfefTeur de Botanique
î nombreux de Perfonnes fais
limites du Royaume ; les
laniere de vivre foeiable &
L'habileté de M. de Tournefort , attira bien-tôt un concoui
vantes, ou qui travailloient à le devenir. Sa renommée paffa l
Païs étrangers lui fournirent beaucoup d'admirateurs , dont fa r
commode lui fit autant d'amis & il n'y en a point eu, qui depu
:puis n'ait fait gloire d'entretede
Hir avec lui une iiaifon de coeur , auffibien qu'un commerce
belles Lettres, de remedes,
& de chofcs naturelles & curieufes.
Dans fes Leçons de Botanique , il joignoit une pratique util,
l une favantc theorie ; &
dans les diverfes herborifations qu'il faifoit aux environs de Pari
il enfeignoit à connoître
fur leur pied, les Plantes dont il avoit donné la defcription.
Pour embellir utilement le Jardin Royal , M. de Tournefort fit, par ordre de Sa Majefté,
différons voyages en Efpagne & en Portugal ; & dans la fuite en Hollande & en Angleterre.
II eut à Oxford plufieurs conferences avec le Doéi:cur Goddard, qui conçût pour lui une fi
grande eftime, qu'il lui donna fon admirable Secret des Gouttes d'Angleterre. Tant il ell
vrai, nue les Scavans qui le font véritablement, eftiment & cheriflent le mérite dans la Per-
- fonnc
fonne même de l e u r s Rivaux de fcience, quoiqu'ils foient d'i
î : u^l m - e s les rendent tous compatriotes ^^
Ä L I E : L Ä - F ^ ' ^
de la Botanique. . „¿ „ i rnVment reconnues, pour ne pas obtenir la juqu'il
faifoit, que pi^ofond dans les au goV.t & 'auxbmieres
¿ i n der Academic des Sciences ^^, ^ b ^ e ^ Ainfi, MONSIEUR, les prémices de
df eo nquVi ml'oinm dfotirt ala. inoonmfmuarteionnt cdeo nMi .a dcer eTeos"^ ^ République des Le t t r e s , par le choix
qu'il fit de deux Hommes d un meute cette Acadcmie.
l u x derniers font compofez de
mier contient les explications ck pluf iem^ ^ des fleurs, des fruits, & des
Planches, qui marquent la delcription ™ f f ' „i^^^e. En faveur des Etrangers,
graines de toutes les Plantes qm fous le T i t r e äInflMoMS Rci Herbaria.
M. de Tournefort les ^ P ^ ^ - e i depuis en I^at.n lou • • difficultez de laBotanique,
Il a trouvé le fecret d'applamr par cet otiviage les p me ^ ^^^
en reduiGmt les huit mille huit J f , S H fpc^fic exaftement
: fix cent foixante & treize genres, & ces gcni « ^n vm^ r .
les figures & les qualitez eflentieUes qui les ca to ^ ^^ ^
. & les graines. Et comme Diofcoride n avoit t aite que^^^^ x ^^^^
- S i ^ ' ^ ù e L ^ r i Ä r ^ i r a S S qm ; ; ^ e t t o i t d i n devenir undesprin-
" " Ö f u i t e , M. de Tournefort compofa fon Hifloire â - F l ' ^ ^ t n f ^ ^
ùur ufage dan. la Médecine. Elle ne parut ou « 'J / ^ X t é que\rous
iferme dans t o n fein, des trelors de remedes, & des^ ' ^ " " ' f o ' i^ppUcation & fans
de Paris
France •
ignorions; & peut-être les ignorerions-nous encore aujourd hui, f ns Livr e -
f ö recherches. Ses Elemen^dc Botanique avoient appris a connoitie les 1 lantcs,