
V O Y A G E
qu'ils ont tâché d'imiter. Il fit quelques tableaux
à Toulon, un Saint Felix dans l'Eglife des Capuc
i n s , une Annonciation ehei les Dominicains, &
u n autre tableau quieftdansIaCatlicdralc. On voit à
l a Valette proche Toulon , trois tableaux de &
m a i n : celui du maître autel, qni repréfente Saint
J e a n e'crivant l'Apocalypfe, Saint Jofeph agonilànt,
& Saint Hermentaire.
A Marfeille il peignit pour l'Eglife de la M a i our ,
l e Bapt&ne de Ctavis & oelui defconftantin : mais
l e tableau qu'on appelle le Sauveur du monde, cfl
e n c o r e plus beau. Les jefuites ont dans leur Congregation
à A i l , deux tableaux de cet excel lent homm
e , l'Annonciation & la Vilitation de la Vierge,
L ' é d u c a t i o n d'Achille eft le dernier tableau qu'il ait
fait : il eft dans la galerie de Mf . fon fils.
M ' . Puget eut une maladie fi dangerenfe en 1 7 .
qu'après la convalefccnce , fes ami s & fon Mcdec
i n lui.confciUérent de renoncer à la peinture pour
l e relie de fes.jours : mais conmieirt arrêter une
imagination auffi vive , fecondéc par de
ibilcs
mains Néamnoins foit que la fculpture li
l û d t
m o i n s , foit que les modèles qu'il faifoit aIors-pL„,
s'amufer agréablement, l'cngageaifent à contiirucr,
il lie, peignit plus depuis ce tcraps-là. Il travailla
q u e l q u e temps après à cette belle port e de l'Hôtel
d e ville de Toulon , dont les deux termes qui en
f o r i t i e n n e n t le balcon , frappèrent fi fort M' , le
M a r q u i s de Seignelay, qu'il propofa au Roi de les
f a i r e tranfpoaer à Vcrfailles. Enfuite M». Puget
l i t les armes de France en bas-relief de marbre, lefquelles
font un des principaux ornemens de l'Hôtel
d e ville de Marfeille.
I l vint à Paris en 16.5-9. ¡"tiré par M . Girardîii,
qui pendant quelque temps l'occupa àurs fon chât
e a u de Vaudreuil en Normandie, à faire deux
grandes figures de Pierre de Vernon. Mt. le Paut
r e les trouva fi belles qu'il confeilla à M ' . Fouquet
.d'employer un ii grand homme pour les ouvrages
de Vaux-le-Vicomte : c omme le ma rbr e étoit
r a r e à P a r i s . , c s M i n i f t r e qui a v o i t d u g o û t pour les chof
e s exquifes, ordonna. ! jMr. Puget d'aller en Italie,
choiiir autant de blocs de marbre qu'il jugcroit à
p r o p o s , & c'eft lui qui le premier nous a r endu cett
e belle pierre ii familière. Tandis qu'il en faifoit
charger trois batimens à Gênes, il fit ce bel Herc
u l e , qtn eft préfentement à Seaux, couché fur un
bouclier aux fleurs de Ivs de France. La nouvelle
d e la difgrace de ce Miniftre le tint à Gènes plus
long-temps qu'il ne s'ètoir propofè. Il y laiflàdeux
figures admirables, faint.Sebaftien & faint Ambroi,
ft, placées dans l'èpaHreiir des piliers de la coupole
d e faint Pierre de Carignan. Sous la figure dcfaint
A m b r o i f e , il a rcprèfcntè le bienheureux Alexandre
S a n l i , Prélat d'une vie exemplaire, dont les ancê.-
tres ont fait bâtir cette Egiife. La Vierge- qui eft
dans le Palais Balbi, fait e n c o r e beaucoup d'honnaurà
Mt . Fugct.
L e D uc de Mantone lui fit faire dans ce tempslà
un bas-relicf de l 'Af lompt ion, lequel y attir;
Cavalier Bernin; & ce grand homme convint qua
c ' e t o i t un ouvrage parfait. Le Duc n'oublia t
pour engager Mr. Puget à travailler dans f o n Pal:
ma:s cc Prince , qui lui faifoit cfpcrer u n gouv
ncment dans fes Etat s , mourut quelque tems après
M a r i e Sauli Nobl e Génois , qui à l'exemple de
fes ancêtres a fait de grandes dèpcnfes pour ornel
' E g l i t c de faint Pierre de Carignan , uria M , I
get de faire le modèl e d'un Baldaquin,' pouricn
t r e autel : cet ouvrage fait voir à quel degré de
perfeéhon cet homme mcomparabl e avoir por t é l'Arc
h i t e a u r e . Comme il fe dilpofoi t à l'executcr PU
C o l b e r t , fur le récit que le Cavalier fiernin 'lui fit
d e fon rare mérite, l'obligea de venir en Francep-iordre
du Roi , qui l 'honnora d'une penfiondedouî
c cens écus en qualité de Sculpteur & d e Di rea.
des ouvrages qui regardoient les Vaiffeaux & les (
k r e s . . Mr. Puget qui voulcit travailler à dcsmonumens
de plus longue durée, après avoir iiuislait à
fes devoirs, entreprit un bas-relief d'Alexandre &
Diogene : c'eft le plus grand morceau de fculpture
q u ' i l ait execute ; mais il ne l'a achevé que iiir h
£ n de fes jours.
M i l o n Crotoniate eft la premiere &• la oins belle
Statue qui ait paru à Verfailles de la main de M'
Puget : la douleur & la rage fout exprimées fur le
v i f i g e de M i l o n , t o u s les mufclesdefoncorpsm
quent les efforts que fait cet athlète pour dégager
fa -main, laquelle étoit prife dans le tronc d'unïrbre
qu'il avoir voulu fendre, tandis que de l'autre,
il arrache la langue de la gueule d'un L ion qui le
mordoit par derrière,
M ' , le Marquis de Lonvois , Surintendant des
Bâtimcns, après-la mort de Mr. Colbert, écrivit
à M' . Puget, que SaMajefté fouiiaitoit qu'il tra,
} "Il S™"?®' accompagner celui de Mi -
l o n . Ml . Puget modela fon Andromède, mais fc
trouvant incommodé, il. la fit ébaucher par un de
fes élevés, & la fit préfcntcr à Sa Maiefté par fon
fils , après qu'il l'eut finie. Le Roi ne f e contenta
pas feulement d'honnoier Mi . Puget du nom de
grand & d'illufireSculpteur, maisilletraitad'inimitable.
P a f f i n t par Marfeille quelques années après, je
dis a cet excellent honune que. l 'on trouvoit ia
f i g t n e d'Andi-oméde trop petite, & que Perfée paroiffoit
un peu vieux pour un jeune Héros. Il me
répondit alira tranquillement qu'un de fes élevés
nommé Verrier, qui étoit devenu fort habile depuis
c e temps-là, avoir un peu trop raconrci la figure
d ' A n d r o m è d e en l'ébauchant;, que néanmoins ¿11 y
t r o u v e r o i t les mêmes proportions- que dans la Venus
de Mcdicis. A l'égard de Perfée , me dit-il
en riant, le coton qu'il a fui les j o u e s , marqua
plutôt fa tendre jcunelfe qu'un âge plus avancé
M r Puget a confervé le dernier ouvrage de (on
pere: c'eft le bas-relief d e faint Charles, où laptfte
d e Mi lan eft repréfentée d'.une maniere fi touchan-
D U L E
r e beau morccan étoit deft iné depuis long-temps
M, 'Abbé de la Chambre, Cure de S. Bar-
T i é t f ' mÛs M' . Puget ne l'a fini que fort tard
thelemi . -g rire de la figure equei-
; ériger dans la place
' : a u l i i d o u -
M ' . Pug
M n fon fils a le modèl e er
; du Roi , quel'on-d.-v
V A N T
marchandifes que l'< »illc
5 -
i l y
l l S cret^rcduRoi, &M-. Girardonprei
S p K t n de Sa Majef té, conlèrvcnt de M'.
S l ^ c t ' ^ S c s . « s à L plume, qui font d'utre
beauté lurprenantc ^ ,.;„„£„,io„ la fécondi-
, ^ • ;i ^nnnoit le marbre & lui donnoit de la
flexibilité qin dr ape r i e s. Cc beau feu
S t à des ex tefftons fr vives & fi naturelles eft
s t o u r î t i M r f en lépf . âgé de ; - ans,
S f n ^ ; ; . ' S i r e ' t r i d u .„ nidi
. a e r ^ -
en fon genre ne cedc aaucundesplus-bc
du Dire II n'y a pas jufques aux atelre
i i l i i ^ i
i l S S l S H ^ i
s des voiles
J „ 1., 'nie & d'un certain nombre de députez.
^ ' " ' ^ Î Î ^ f p l S Ma r f t a n d s de M jMl e
c e t t e " c h a m b r è fait une penlion de dix-hi
livres à nôtre Ambaflideur a la Por te, po
nir les droits que nos capitula
: Ibû«
donneii
„ ^ Levant. Elle payi
.• rappc
i H a S S i l i S : s ft C e n t i des dépenfes extraordinai-
- s ftt tour ii faire des préfcns anx Pachas qui arv
i r i dans les Echelles, & .a payer les avanies
n , r K.<i T u r c s fout quelquefois aux l-rauçois.
' Not SiemÎtrt c^tte'chante fe dédommage
d e tous fes frais ; mais elle fait de gros .Profits fur
les droits de Confulat , que payent en Levant les
;harge dans les
d é o u t e l en rendent compte à M " , du commerce de
M a r f e i l l l Ils 01« difpofé des Confulats pendant
quelques années:.aujourd'hui la Cour y pourvoi
& la Chambre ne juge des atiaires q u autant 1= .
permet le Miniftre qui a la furmtendance du com-
"^'t p^Vnmniprce des Ftancois cu Levaut eft plus
c o n i a S " Ù'il S j a i S é t é , Il égale &fuiTa&
même celui des autres Nations par le bon oidre
qu'y a établi Monfeigncur de Pontchartraiii : nos
L r c h a n d i f e s y font bk-n reçûés lorfqu'elles fon de
la qualité requife. Cc commerce ne demande pas
u n grand, géiiie : mais beaucoup de d " '
p r o f i t é : toutes les affaires y paflbnt par les ma ns
Ses Juifs , il faut neccftairement s a c c ommo d e a
l ' u f a g c du pays, c'eft à.dii-e leur confier "os « e t s ,
les vendre fuivant leurs avis, achetter les marchaidifes
du Levant , & en &ire les échanges felon qn il
l e jugent, à propos. Les Juifs concluent tous les
marche" ; on en eft quitte en leur payant leurs vacationf:
a nfi il ne faut qu'être te en Levant pour
gagner du bien, & fur tout il faut éviter le commer -
oe des Gréques, qui fout les plus daugercufes temmes
du monde. , , i«,-
L c s boutiques des Marchands de Corail, es
mcio-'innç firç nrocTuiltes les raf incnesdelucrc, .les
T a Ä t s d e s Ä d'or & de foye & celles
d u favon méritent d'être viiés avec foin.^
O n ne trouve des Marchands de Cor a i l qu a M a r -
feille & à Gènes • ceux de Marfeille en debitent
beaucoup plus.: tout l'Orient, eft rempli de leurs
•colliers de leurs brafidets. Ce commerce eft
t r è s - a n c i e n - car Pline ' afSire que les famlois manquoient
de Corail chei eux, poiir en faire garnir
leurs armes,- parce qu'on le tranfportoit tout dans
les Indes, où les Prêtres cnfeigiioient qu il prcfeivoit
de toute forte de dangers. Celui que 1 o n pechoit
fur la côt é de P rovence autour des Ifles d H.eres
& fur les côtcs -de Sicile étoit le plus rechcrchc.
O n en pêche encore dans ces quartiers-la : mis,la
plus grande quamitè fe prend vers les côtes d'Airique
auprès du Baftion de France, d'où onl envoye
à Marfeille pour le mettre en oeuvre,
M r , Salade, qui eft un des plus gros Marchands
d e Corail de Ma r f e i l l e , nous enfitvoirdetres-beaiix
morceaux tant bruts que travaillcl. Le Corail tiavaillé
fevend environ f. 1. l 'once : j enai dans m o n
cabinet de plulieurs couleur s , rouge ordinaire, pliis
p â l e , on plus fonc é ; couleur de rofc couleur de
d i a i r ; blanc, moitié rouge&nio.tieblanc feu.llem
o r t i , grisddiufrifé; mais ce dernier a é t é apporte
d'Amérique. La piece la plus remarquable que j ave
fur cette m-a! iere,ef tun-morceau de Corai l rouged un
demi-pied de haut, lequd a pris naiirancc dans e
f o n d de la mer , fur un plat de terre cafle : cela
A 3
j Hiß. „«. a.