
m
V O Y A G E
líe foie â convcrt de l'eau qui doîc purifier leui
corps & leur aine, & pour qu'el l e penetre mieux
ils le coupent les ongles avec beaucoup de foin
& font tomber le poil de toutes les parties de leui
c o r p s , excepté du menton. La grande ablutior
c o n f i é e à fe plonger trois fois dans l'eau, quelque
rigoureufe que foit la faifon. J'ai vû danslt
f o r t de l'Hiver des Turcs fc décacher de la carav
a n e pour fejetcer tout nuds dans des ruilfeaus
qui écoient à còl du chemin, f.ms appreliender
•eiie; ils • lennent en
t r a u q u i l i t é , qui pa^
les donda conf c i enc e
des fources chaudes
Dans la plupart des
des cuves que Pon
pour y faire la grana
m e s d e S c i o à C o n -
,an de nôt:
. d éuj
uiie oreille
qu.
•blution,
Ml fc lav.
:olique ni pieu:
dre la troupe avec cet air de
r o î t fur le vifage desperfoni
eft jufte; . quand ils trouvent
ils s'y plongent avec plaiiîr,
m a i f o n s des gens aifez il y a
remplit d'eau tous les matins
d e ablution. Quand nous pai
ftantinople, un bon Mufiiin
g n i e d o n n o i t trente fols de tei
M a t e l o t s qui le prenoient ch;
f m i d qu'il fît,
Pour fairela petite
tourne la tête
les mains & les
rois foi s f a boules
d u côté delaMéque,
bras jufques au coude
c h e , & on fe netcoye
Après, cela il faut fel:
par les
creux di
mains trois fois de'Teau f u r i e vifage ; il eft oi
d o n n é de fe frotter avec la main droite depuis le
f r o n t jufques au-deifus de la tête; de là il faut
venir aux oreilles & les bien nettoyer en dedans
& en dehors : enfin la. cérémoni e fe termine par
les pieds..
M a h o m e t ayoit beau dire que Îà Loi étoît aif
é e à pratiquer; pour moi je la trouve fort gên
a n t e , & j e ne doute pas que la plûpart des renégats
d< •c u n e broife.
.'erlenez, troisfois, &t
d e l'eau que l'on prend avec
la main ; on fe jette eiifuite avec
ne paiTenc par deiFus toutes ces vetilles.
On. eft obligé pour lâcher de Peau de s'acroupir
comme les f emme s , de peur qu'il ne tombe quelm
que. goutte d'urin
c e peché , ils exprimí
nal par où.elle a paffc
t r c la muraill
pierres toutes
fois les Chrêtie
pierres avec le fruit d
r a c i n e du Pied-de-Ver.
dans le: chauffes. Poui
it avec grand foin , le ca-
, & en efluyentleboutconit
en plaiîeurs endroits des
ufées par ces frottemens. Quelqueour
fe divertir frottent ces-
1 Poivre-àUnde, avec de la.
. ou de quelques autres
plantes brûlantes, en forte qu'il furvient fouvent
une inflammat ion à ceux qui viennent s'y effuyer.
Comme la douleur eft fort cuifante, ces pauvres
T u r c s courent fouvent , pour chercher le remed
e , chez les mêmes Chirurgiens Chrétiens, qui
f o n t la caufedu mal qu'ils fouf f renc: néanmoins
f t a g e i : ablution d?î Turcsj
o n ne manque pas de leur dire que la maladie .
d a n g e u r e u f e , & qu'on fera peut-être obl ig/ t f
r e quelque amputation. Les Turcs mreïr î
leur côté qu'ils n'ont eû aucun commerce J
femme m fille qui puiifent être fufpedes • S
o n envelope la partie malade avec des HiiS
trempez dans l'oxicrat que l'on a coloréavé?
peu de bol, & on leur vend ce remcH^'^^.!""
u n grand ipédfique pour ces fortes d e t m * '
Q u a n d ils vont à la garderobe chei,
la campagne, ils font proviflon de d,
mouchoirs qu'ils portent à leur ceir
qu'ils met tent fur les épaules comme l^i M i j ;
d hôtel font la fervictte : dans cet cquipaje
portent i la m d n un pot plein d'eau quiletf,
pour faire le Taharar, c'eU a-dire pout fe la,
& relaver le foiidetnent avec le doigt. Le Griid
i e i g n e u i lui-même ne fauroit s'en difpenftr h
Olli
giaiiás
premiere innmaion que fon Gouveniti,
ne;, il eft à prélumer qu'après cette ooen.
n o n les T u r c s fe lavent & s'effuyent fouveSti,
bout des doigts. Ce n'cft pas là le feul incom-t
' furvenir bien des chofes qui rtilUtile,
& qui obligent ill
e a u , . p a r exemple (ionlaif.
nt : mais le malheur eli
Lie cours de ventre, auquel
doit itre fouvent rfiteiie,
ie très-fatigante. J'ai oii
m e des principales riifms
iyager en pais de CHvoir
pas faire de pittil-
!lie're , ilÉintj
me pours'ê.
c ' e n la
lui do
d e n t c e t t e ablu
recommencer de nou'
f e échaper quelque V'
bien plus grand B on
cas cette ablution qui
devient une cérémoi
dire à des Turcs , qu
qui les empêchoit de
t i e n t é , c'étoit de ne po
les foiiaionsaiTezà leur
A l'égard de l'ablntio
revenir pour la moindre fànti
r t e mouché avec la main droirej pours'étielavc
les parties du corps plus de trois fois, poiiravoii
^ p l o y e à cet ufage de l'eau échaufée au foldl.
O n tombe dans le m ême inconvenient, 6 l'oi
f e j e t t e de l'eau fur le vifage avec trop deviolti.
c e , ii I on reçoit du fang ou quelqu'autre oiàr
e fur fon corps, fi l'on v omi t , (i l 'on s'évanouit,
il l'on boit du v in, fi l'on dort pendant lapriiire;
enfin fi I o n fc laiflTe t o u c h e r [par un chien, ou pir
quelqn autre animal impur. Toutes ces raifoffi
leur font bâtir des refervoirs , des fontaines,
des robinets autour des Mofquées , ou chez eu!.
A u défaut d'eau , ils peuvent fe fervir de fable,
d e poulîîére , ou de quelques plantes propres
pour fe nettoyer. f L e Chapitre queRabelaisaM
& qui porte un affez plaifant titre , leur fétoit
d ' u n grand fecours li on le traduiioit en lelt
langue.
Après que les Turcs fe font pnrifieï , ils bsilfeut
les yi ;ux & fe recueillent en eux-mêmespt^ur
f c diipofer à la prière qui fc fait cinq fois par
jour,
t Rabelais, Liyic I , Chapic, XI11.
D U L E V A N T . Lifire XIV.
•nur T Le matin entre la pointe du jour & le
l e v e r ' d u Soleil , 2. A midi , 3. Entre midi &
le Soleil couchant, 4. Au coucher du Soleil,
Environ une heure & demie après que le Soldi
elt couché. Toutes ces prières font accomgiices
de plulieurs inclinations & de quelques proleniations.
ils peuvent prier ou chez eux ou
dans les Mofqué e s , & ils font avertis des heures
(jjdinécs à cet excercice par des hommes gagez qui
it fur le cours du Soleil , & fur des hoi
:e font des cloches parlantes ,
loges" de fabl.
car ils montcuL , uu
dcries des Minarets
;Îvcc les doigts,
les paroles fuiv
mil d'íítilre D.
ji vous l'annotii
heures réglées , dans les
(Se f e bouchant les oreilles
ils chantent de toute leur force
Il tes : Dieu eß grand, il a
•u que Dieu ; 'venez à la friere,
clairement. Ces Chantres rcpces
mêmes paroles, en fe touri
t v e r s le Midi , puis vers leSeiciic
quatre fois
Jlitllt pc(
ptcntrion, en 1
du côté du C<
A cc lignai tout le monde fe purifie & s'en va
lia Mofquée, à la porte de laquelle on quitt-e
(es pantoufles, fi mieux on n'aime les porter à la
main, de crainte qu'elles ne fe mêlent avec celles
des autres. Tout cela fe paife en grand filence,
On faluë d'une profonde reverence la niche
où eft l'Alcoran , & cet endroit déligne la fituationde
la Méqae. Après cela chacun leve les
yeux & fe met les pouces dans les oreilles avant
que Ide s'aifeoir : la manière même de s'aifeoir
e(l la poÛure la plus humiliée qu'on puiife prendre
parmi eux , car on eli aiîîs fur les gras des
jsmbes; ils s'y tiennent quelque temps puis ils
blTent les yeux & baifent trois fois la terre : ils
fereraetcent enfuite fur leur fcant en attendant
que le Prêtre commence , afin de le fuivre tout
bas & de faire les mêmes inclinations que lui.
C'eildans ce temps-là que leur modettie eit la
plus admirable ; ils ne faluent perfonne , & ils
n'ûferoient caufer ni s'entretenir avec qui que ce
foit, pas même regarder à droit ni à gauche,
îout le monde eft immobile , on ne crache ni
l'onite touiTe: enfin on ne donne des marques
iî vie que par quelques foupirs profonds, qui font
dssépanouïiîemens mécaniques. Parmi ces foupirs
del'ameenvers D i e u , plûtôt que des mouvemens
Prêtre fe leve; il por t e fes mains ouvertes à la
We, il bouche fes oreilles avec les pouces , leve
te yeux vers le Ciel & chante fort haut difiin-
«emeiit : Dieu cfi gra»d\, gloire à toi, Seigneur,
k'^îon mmfoitbcm ^ ionl Que ta grandeurfoii
fHomfic ; car il n'y a point d'autre Dieu que toi.
VOICI la prière qu'ils récitent ordinairement
yeux baiffe?, & les mains croifécs fur l'eftoaac.
C'eftleiir Oraifon Dominicale.
mm de Dieu plein de bonté ^ de mifericorde.
Loué foit Dieu le Seigneur du
Dieu ph
• toute
pui/qi
eß Ielle qu
graces. C
contre qui
Ils font
yant 1
bonté y de r/iife
les hommes, nous
•ótre confiance en .
t'invoquons dans l
tu a, choific ty q:
fi'efipas la myc de
•lesjupmeM ¡rute
iprès cela des ine:
• s fur leurs geno
la veritable voye, qui
que tufavorif/s de\es
les infidèles ni de ceux
te'. Ainfifoit-ii
clinatipns , & appu"
OUÏ, à demi courbei
« eft grand, gloire à
I s d i f e n t par troi s fois,
•ar. Ils fe profternent
Dieit
irdc. Se,
factor
4 3
; e/! ,m
Kur qui
îpetent l'Oralfo:
Seigneur, i¿c. ou 'bien i
: glorifié le mm du Scignt
, baifent
autant de fois,
rifie. Enfui
md Dil
citent er
Confcrve-nous y
" • , &CiienC
de hmé iá de
i j o û t e n t l'article fui
de D,
ricorde b'e- A quo
tiré de l'Alcoran : ~/e coifeffe que D,
que Dieu efl éternel , qu'il n'a n, enge,
engendré, ^ qu'il »'y a aucun qui lui
ble ni égal. Après ave
l ' h e u r e de la prière dem;
torn foit ç/onde
O'rai-
^ife.
•efiDieu,
^.dré, ni éti
foit fembla»
fait les inclinations que
ide ., ils fe relevent à
d e m i , quoiqu' affis fur leurs talons , & jettant •
les yeux fur leurs mains ouvertes comme furuii
l i v r e , ils prononcent ces paroles.
U adoration ^ les prières ne font dues qu^à Dieu.
Salut y paix foientfur toi, ô Prophète. La mi~
fericords , les benediâions éf p^ix du Seigneur
foientfur mus fur les ferviteurs de Dieu. Jepro^
tefte qtUil n'y a qu'un feul Diea , qu'il n'a point de
compagnon , que Mahomet eft PEnvoyé de Diea.
L e s prières finiiTent par la falutation des deux
Anges qu'ils croyent être à leurs côtez. Pours'aquitter
de ce devoir , ils empoignent leur barbe
& fe tournent à droite & à gauche. Ils s'imaginent
que l'un de ces Anges eft b l a n c , & que l'aut
r e eft noir } le b lanc, à ce qu'ils c royent , les excite
à bien faire ; & t ient un regître deleurs bonnes
actions ; le noir contrôle les mauvaifes pour
les en accufernprès leur mor t . En faluant chaque
A n g e , ils prononcent , Le falut ^ la mi fer i cor dede
Dieufoient fur toi. Ils croyent d'ailleurs que
les prières ne fauroient ctre exaucées, s'ilsn'onc
auparavant fait une ferme réfolution de pardonner
à leurs ennemis ; c'eft pour cela qu'ils ne
luiiTent point paiTer le Vendredi fans fereconcilier
de bon coeur avec eux j del à vient auffi qu'on n'entend
jamai s ni médi fance ni injur e parmi les Turcs.
L e s prières du Vendredi fcfont dans l'intention
d ' a t t i r e r la grace du Seigneur furtous les Muful -
mans. On prie le Samedi pour la converiion des
Dimanche-pom celledes Chrét iens: \tLun- .
di pour les Prophètes : le Mardi pour les Prêtres,
& pour ceux qu'ils eftiment faints dans ce mon«-
d e : le Mercredi pour les Mort s , pour les mala--
d e s , & pour, les xVLufulmans qui fontefclavespar - .
F a mi