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étencîiië, qui efl aíTez rare, & un certain don de bien voir, plus rare encore,
Les Philofophes ne courent gueres le monde, & ceux qui le courent ne font
ordinairement gueres Philofoplies, & par-là un voyage de Piiilofophe efl extrêmement
précieux. Auffi nous comptons que ce fut un bonheur pour les
Sciences que l'ordre que M. de Tournefort reçût du K.oi en 1700. d'aller en
Grece, en Afie & en Afrique, non feulement pour y reconnoitre les Plantes
des Anciens, & peut-être auiÉ celles qui leur auront échappé , mais encore
pour y faire des Obfervations fur toute l'Hiftoire Naturelle, fur la Géographie
ancienne & moderne, & même fur les Moeur s , la Religion ik le Commerce
des Peuples. Nous ne répéterons point ici ce que nous avons dit fur
ce fujet dans l'Hiftoire de 1700.Il eut ordre d'écrire le plus fouvent qu'il pourroit
à M. le Comte de Pontchartrain , qui lui procuroit tous les agrémens
poffibles dans fon Voyage, & de l'informer en détail de fes découvertes & de
íes avantures.
M. de Tournefort accompagné de M. Gundelfcheimer, Allemand, excelîent
Medecin, & de M. Aubriet habile Peintre, alla jufqu'à la frontière de
Perfe, toujours herborifant & obfervant. Les autres Voyageurs vont par mer
le plus qu'ils peuvent, parce que la mer efl: plus commode , & fur terre ils
prennent les chemins les plus battus. Ceux-ci n'alloient par mer que le moins
qu'il étoit polîible, ils étoient toujours hors des chemins, & s'en faifoient de
nouveaux dans des lieux impraticables. On lira bien-tôt avec un plailir mêlé
d'horreur le récit de leur defcente dans la Grotte d'Antiparos, c'eft-à-dire,
dans trois ou quatre abîmes affreux qui fe fuccedent les uns aux autres. M. de
Tournefort eut la fenfible joye d'y voir une nouvelle efpece de Jardin, dont
toutes les Plantes étoient diferentes pieces de Marbre encore nailTantes ou
jeunes, & qui felon toutes les circoiiftances dont leur formation étoit accompagnée
, n'avoient pû que vegeter.
En vain la Natur e s'étoit cachée dans des lieux fi profonds & fi inaccefiîbles
pour travailler à la vegetation des Pierres, elle fut, pour ainfi dire, prife fur
ie fait par des Curieux fi hardis.
L'Afrique étoit comprife dans le deflein du Voyage de M. de Tournefort,
mais la pefte qui étoit en Egypte le fit revenir de Smirne en France en i/oz.
Ce fut-là le premier obftacle qui l'eût arrêté. Il arriva , comme l'a dit un
grand Poète, pour une occafion plus brillante & moins utile, chargé des défouilles
de l Orient. 11 rapportoit, outre une infinité d'Obfervations différentes,
13^6. nouvelles Efpeces de Plantes, dont une grande partie venoient fe
ranger d'elles-mêmes fous quelqu'un des 673. Genres qu'il avoir établis : il ne
fut obligé de créer pour tout le refte que zf. nouveaux Genres, fans aucune
augmentation des ClaiTes, ce qui prouve la commodité d'un fifteme, où tant
de Plantes étrangères, & que l'on n'attendoit point, entroient fi facilement.
11 en fit fon Corollarium Inftitiitionum Rei Herbaria, imprimé en 1703.
Quand il-fut revenu à Paris,, il fongea à reprendre la pratique de la Médecine,
D E M. DE TOURNEFORT.
-1 facrifiée à fon Voyage du Levant, dans le temps qu'elle conine,
jt i iTr beLconp ^L'experience fait voir qu'en tout ce qui demençoit
a lut reullir beaucoup^ ^^ ^ g„ ^e genre-là, les interruptions
pend d'un certain ^ |eft qudque chofe de forcé , &
font de Touniefort eut d qui ne demande qu à timr m. a s ^ , , ^ jj o; nc q.ujje lsq'auceq upietàint e dàe rfe«-
Houer le fil de ce qu • } „c o r e ce^« du College Royal,
anciens «ercices du Ja,di„ ^ ^^ l'Académie Im
Soient fufi du t e m p t^fin i u L l u t travailler à la Relation de fon grand
demandoient auUi ctu te^^^^^ ^^^ Mémoires informes & mtclh-
Voyage, dont il " & travaux du jour, qui lui rcndoient le repos
id'c' lra Cnuipt lP l^"'Îlefceecfefiaui Vree , ^ ' o b t e o i e nTr u contraire àc^ofnffteitr utliao nn u, it qduai nlsu i dp'aeur--
on ti w a r hazard un coup fort violent dans la poitrine , dont il jugea
b°en-tôt qt'il mourroit. Il ne fit plus que languir pendant quelques mois, &
^^ T S t t i f u n ' ^ S m e ^ Ì ^ I . lequel il a laiffé fon Carnet de Curiofitez
iiu RoiDour l 'ufagedesSavans, & fes Livres de Botanique à M. 1 Abbe bit
L n Crfecond article ne marque pas moins que le premier fon amour pour
k T s d e n L s c'eft leur faire un prefent que d'en faire un à celui qui veille
p o u r dlerdans ce Royaume avec tant d'application, & les favonfe avec tant
^ ' ¿ e f d c î v o l u m e s in 4. que doit avoir la Relation du Voyage de M. de
Tou Lfort , le premier éroit déjà imprimé au Louvre quand il mourut , &
l'on Icheve ¿refLoement le fécond fur le manufcrit de l'Auteur , qui a été
trouvé dansWétat où il n'y a rien à defirer. Cet ouvrage, qui a conferve
W e m i e r e forme «Je Let tres, adreflées à M. de Pontchartram ,aura environ
l o r S c h e s en taille douce très-bien gravées, de Plantes, d'Antiquitez,
&c On f t ro^vera, outre tout le fçavoir que nous avons reprelente jufqu ici
dans M de Tournefort, une grande connoillance de l'Hiftoire ancienne &
moderne, & un^vaf t e é udition dont nous n'avons point parle, tant nos elogeTfont
é tógn"; d'être flateurs. Souvent une qualité dominante nous en fait
negliger d'autres, qui meriteroient cependant d'etre relevees.
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