
D U L E V A N T . Lettre XI I
1cmJI:Taa. ij .
h-c • car il n\\vok vcu que celui de Padoi i c , ou
r o a ' n e Hiic par les dúpmíxs iicccí]liircs pour ccs
recherches. Je ralTûrui eiicorc que je demontrois
tous les iUis dtuis mes leçons ordinaires du
iardiu Royal plus de trois mille plantes en llx
ftmaincs de temps fans pouvoi r démontrer celles
oui ne paroiffeiK pas dans la l'ilfon. Tiicophraflc
¿ Diofcoride , lui dis-je , fcroienc bien Lurpris
s'ils reveiioient au monde , de jcrtcr les yeux fur
le prodigieux recueil de plantes qui ib voyent
danl nos jardins : car il s'en falloir beaucoup
qu'ils n'en" connulTent autant. Je ne fçai comment
cela nous engagea à parler de la langue Greûue,
il dit en riant que nous n'avions pas raifonde
vouloi r leur en montrer la p rononciat ion ,
& qu'il étoit bien aife d'en fçavoir mon fentimcnt:
je m'en rapporte entièrement à v o u s , lui
dis-je , qui parlez ii bien latin , & qui avez
Cicerón avec foin. Ce grand homme, comme
vous fçavez , avoi i ét é à A thène s , à à R h o d e s , il
y a beaucoup d'apparence qu'il prononçoi t la langue
Gréque comme on la prononçoi t en Grece :
quelle raifon auroit-il eu d'écrire Delos & Demofécm
^ lî les Grecs avoient prononcé Di/os &
Demfihenis: il ne défaprouva pas tout à fait cette
réâexion, & me demanda fi j 'avoi s trouvé beaucoup
de médai l lés dans m o n voyage de l'Archipel,
je lui répondis que non , mais que j'étois alfez
content de quelques infcriptions que nous avions
veuës : nous nous quittâmes après les civilitez
ordinaires, il me fit promettre que je le reverrois
après mon retour d'Af ie, & m'oîFrit fes fer -
vices avec b e aucoup de politeiTe. J'eus l'honneur
de remercier S. E . de m'avoir procuré l'entretien
d'une per fonne eftimable par fon mérité & par fa
dignité : j'ai fçû depuis qu'il avoit couru grand
rifque de perdre la vie dans les changemens arriv
a à la m o r t de F e foui l l a -Mouf t i qui fut aiTommé,
traîné d a n s les rue s d 'Andr inopl e & jet t é dans
la riviere : Maurocordato qui étoit dans fa confiance
eut TadreÎTe de fc c a che r & de met t r e à couvert
la plus grande partie de fes efiets. Il n' y a
rien d'aiTuré à la Por t e O t h oma n e , c'elî une roue
q«i tourne inceflarament & qui précipi t e fouvent
ceux qu'elle a élevez. Mr. i'Abbé Michaëlis m'a
écritds Conñant inople, que Maurocordat o étoit
revenu à la C o u r , toûjours habile , toujours eüimé
, & rétabli dans fa dignité de Confeiller
d'Etat.
Si nous n'avons pas fait des découvertes dans
Conflantinople par rapport aux ant iqui tcz, nous
avons au moins trouve à la campagne , des plantes
rares pour embellir le jardin Royal , & inconnues
aux voyageur s qui avoient été avant nous
dans le L e v a n t : les anciens mêmes n'ont' pas parîé
des plantes qui naiûcnt aux environs de cette
? BÏSANTIQN,
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g r a n d e ville , eux qui ont fait frapper des a méd
a i l l e s aux têtes de Bacchus & de Gct a avec de
g r o l l e s grappes de railin ; on voit quelques-unes
d e ccs médailles dans le cabinet du Roi : cepend
a n t le vin des environs de Confiantinoplc n'cfl
p a s trop bon y & n' a jamais paiTé pour tel. Cette
cam.pagne eil fert i l e en belles plantes, mais M r . le
M a r q u i s de T'crriol nous ayant propof é de faire
le voyage de T r e b i f o n d e , & de profiter du départ
d e N u m a n Cuperli Pacha d'Erzeron , qui devoit
y aller par la mer Noire , nous ne fongeâmes
p l u s qu' à nous difpofer à partir. S. E. nous proc
u r a la proic£tion du Pacha, qui de fon côté ne.
f u t pas f iché d'avoir des Medecins à fa fuite : il
f a l l u t donc renoncer à nos promenades pour en.
f a i r e u n e plus longue j & qui fuivant les appar
e n c e s , nous devoit faire voir des plantes bien
p l u s conlîderables que celles qui naiiTent fur le
" B o f p h o r e . Comme il y a lo-ng-temps , Monfeig
n e u r , que j e n'ai eu l'honneur de v o u s parler de
B o t a n i q u e , je crois que vous ne trouverez pas
m a u v a i s que je vous envoyé les dcfcriptions de
q u e l q u e s plantes rares, que nous trouvâmespreCq
u e s aux portes de la ville.
Borrago ConflantinopoUtana, flore reflexo, coerU'
Ico, cûlyce veficario. CoroU. Ifijt. Rei Herbar. û.
L a racine de cette plante eft groiTe comme le
p e t i t doigt, longue de 4. ou 5. pouces , noirâtre
e n dehors, charnue, accompagnée de fibres de
m ê m e couleur, longues de près de demi-pied,,
b l a n c h â t r e s en dedans , remplies d'une humeur
g l a i f e u f e & fade. Elle pouiTe des feuilles longues
d e demi pied fur 4. o u 5. pouces de large , term
i n é e s en pointe 5 mais divifées à leur hafe en
d e u x oreilles arrondies ; ces feuilles font foi!itel
î u ë s p a s un pedicule long de 7 . o u 8. poue e s , arr
o n d i fur le dos , creufé en gouttière de l'autre
c ô t é , blanchâtre & qui fe dilîribuë eu pluiîeurs
n e r f s af lezgros, lefquels fe répandent jufques fur
l e s b o r d s ; ' c e s feuilles d'ailleurs font vert-brun,,
r u d e s & parfemées de petites bubes couvertes de
p o i l ras : elles font d 'un goût hdc & mucilagineux
c o m m e les racines. La tige eft haute d'un pied
o u de 15. lignes, folide, rude, velue, épaifle de
2. o u 5. l ignes , branchuë dès le bas , garnie de
p e t i t e s feuilles femblables aux autres, mais long
u e s feulement d'environ i . pouces , fur u n pouc
e & ciemi de largeur. Les fleurs naiiTent vers le
h a u t le l o n g des b ranches , elles f o n t aflez déliées
& rouge-brun : chaque fieur eft de S. ou 9. lignes
d e diametre, foûtenuë d 'une queue, de près de dem
i - p o u c e de l o n g , gonflée par der r ièr e en manier
e de vefiîe blanchâtre, qui n' a gueres plus d'une
l i g n e de en tout fens ; le devant de cette
fleur qui eft d 'un bleu-celefle , eft divifé en cinq
p a r t i e s difpofées e n roue, larges d'une ligne, re-
B ^ flé