
V O Y A
tre. O n cfl bien fervi dans tous ees bains moyennant
trois ou quatre afpres ; les étrangers ordinairement
payent plus honorabk-ment , & tout le
monde y eft bien venu depuis quatre heures du
m a t i n , jufques à huit heures dû foir.
O n entre d'abord dans une beile ù l e , au mil
i eu de laquelle eft la principale fontaine , dont
î e baflln fert à laver le linge de la maifon ; tout
autour de la fale regne une b^uiquette élevée d'env
i r o n trois pieds, couverte de nattes ; on s'aiïït fur
c e t t e banquette pour fumer & pour quitter fes
habits que l'on enveloppe dans une ferviette.
L ' a i r de cette premiere fale eil li tempéré , que
l ' o n ne s'aperçoit pas de n'avoir fur le corps
qu'un tablier attaché à la ceinture pour fe couvrir
par devant & par derrière. On palîe avec cet
équipage dans une petite fale un peu plus chaud
e , & de là dans une plus grande o ù la chaleur eft
plus feniible: toutes ces fales font ordinairement
terminées en petits dômes éclairez par des ouverrurcs
garnies chacune d'une cloche de verre, femblable
à celles dont nos Jardiniers couvrent les
m e l o n s . On trouve dans cette dernière fale des
baffins de marbre avec deux robinets , l'un dVau
c h a u d e , & l'autre d'eau froide, que chacun mêle
à fa flintafie pour s'en jetter fur le corps avec
de petits féaux de cuivre qui font fur les lieux.
L e pavé de cette chambre eft échauffé par des
fourneaux fouterrains, & Ton s'y pron^cne tant
q u ' o n le juge à propos.
Quand ou veut fe faire ^décraiTer, un valet du
bain vous fait étendre tout à fait fur le dos , puis
mettant fes genoux fur vôtre ventre , fans autre
c é r é m o n i e il vous ferre étroitement & vous fait
craquer tous lesos. La premiere fois quej e tombai
critre les mains d'un de ces baigneurs , je m'imaginai
qu'il m'avoi t diiloqué tous les membres;
ils mai.ieni avec la même adreiTe les vertebres du
dos & les os des épaules: enfin ils vous razent fi
v o u s le voulez , & vous donnent un razoir p(
oiis-môme où il ^
faut pour cela paifer feul dai
porte duquel on laiile
que perfonne n'y entre }plaît ;
1 cabin (
mais il
à L
: tablier pour fignal afin
;
quand on en fort on re-
: tablier & l'on revient dans la grande
o ù un autre valet vous preife avecfes mains
i les chairs, avec tant d'habileté qu'après les
: bien pétries , pour ainfi dire, fans pourtant
i n c o m m o d e r , il' en exprime une quantité
:enante de fueur : les. petits facs de camelot
valets fe fervent, tiennent lieu des étril-
;iciens , & font beaucoup plus commo-
avoir
v o
furpri
dont t
les de;
des.
beau
l e vc
Pour mieux nettoyer la peau, ils jettent
ptL-i
i k l e
ucoup d'eau chaude fur le corps , & quand on
^eut on fe fait .donner la derniere façon avec
une pièce de favon parfumé : enfin on's'elfuye
avec des linges bien propres, bien fees & bien
chmds
même
G
&
dans
r & qinde
finit par les pieds qM,,
f o in , - quand on e» ,
fale
les lîngcs.
du eaff'é &
moi
•let toi
la g,
ft là
e l'on reçoit
ites habillé,
O n fume d;
o ù l'o
ous prefent,
i t r e argent ,
: que vous !
cette fale ,
UlRt,
m psi
raii,
on ï hi
; ême l ' o n y fait c o i a t i on a r i p i
cet exercice on fe fent un appétit racrveilleui,'';
eft certain que par le degorgemcnt des glanfcj
la peau, le bain dont on vient de parler fadliitl
tranfpiration , & par confequeiit la circulation J,
liqueurs qui arrofent le corps ; on fe fcni b„
coup plus de legereté qaand on a ¿té bien dici
f é , mais il faut être accoûtumé au bain licsfi
jeunciTe , car autrement la poiirine ne laiiTepi
de fouifrir dans ces fales échauflécs.
L e s Dames fe rrouvent fort heureufes qujij
o n leur permet d'aller aux bains publics j lapjj.
part pourtant , & furrout celles dont les nini
font aifei riclies pour faire bâtir des baiiisek
enx , n'ont pas cette liberté. Dans les bains »
blics elles s'entretiennent enfemble fuis ancDD;
contrainte, & elles y palfent des heures plûsagréi'
bles que dans leurs appartemens. Les maris qoi!
ont de la complaifance pour leurs femmes ne leu
refufent pas ces divertiiièmens innocens. Tropi
contrainte fait quelquefois chercher des raifoisi
divorce..
L e Mariage chez les Turcs n'eft antre tloi
qu'un Contrait civil que les parties peuvent rr
pre ; rien ne paroit plus commode : neaumi
comme on s'ennuyeroit bientôt parmi eutduirtt.
riage , auffi-bien qu'ai l leurs ; & que les friqiniis
fépararions ne lailferoient pas d'être à charge sis
f a m i l l e s , on y a pourvû fagement. Unefeniui
peut demander à être féparée d'avec fc
s'il cft impuiiTanr , addonné aux plaiiirs conili
n a t u r e , ou s'il ne lui paye pas le tribut la iniit *
Jeudi au Vendredi, laquelle eft confacrée mi t
voirs du mariage. Si le mari s'en aquitte honniit
ment , & qu'il lui fourniffe du pain , dnbei»,
du ris, du bois, du caifé , du cotton & de lafojl
pour filer des habits, elle ne peut fe déga^erd'S'
vec lui. Un mari qui refufe do l'argent à fi fe'
me pour aller an bain deux fois la feinaine, eil"
p o f é à la réparation ; car (î la femme renverftS
pautouBe en préfence du Juge, c'eft une miiqa
que le mari a voulu la contraindre ii lui accor«
des chofes delfenduës. Le Juge envoye chetelift
pour lors le mari, le fait b l tonner & calé It;»'
pour fa
U n i
anqui
inoin
le l'oi
qu'il n'apporte de bonne riifo»
deffenfe.
" qui veut fe fc'parer de ià femme
pas non plus de pretexte
s la chof e n'eft pas fi aifée pa
i s ' imagine. N o n feulement l
à fon ton:
'fis.»
D U L E V A N T . Leirre X I y.
• d'airnret le douaire à fa femme pont le rcffe
Vrt iours; ni-ais fuppofé que par un retour de
; ,Tr-il veuille la reprendre , il eft condamné à
' S , coucher pendant .4. heures avec telhom-
'11 inse à propos ; il choiSt ordinairement
C l i d e f t s a m i s qu'il connoi t l e plus di fcrct; quelfois
auffi il prend le premier venu ; mais on
,11'eiire .,f" „'¡1 arrive f o u v e n t que certaines f e m m e s ,
guifetro
ulei
e f e
... bien de ce changement,
avec lents preiniers maris. Cel:
l'égard des femmes qu'on a époufées
aux Turcs d'en entrenir de deux auivoir
r,nique qu'a
lit» permis
ires fortes; la
SdesefcUis
cel les que l'on prend à penfion,
» „ „ . . " - - • s . On époufe les premieres, on loue
¿¡fécondes, & on achette lesdernieres.
Quand on veut époufer une fille dans les formes,
lAdteffe aux parens & l'on figne les arncks afi
i,rc convenu de tout en prefence du Cads & de
J,m témoins. C e ne font pas les p c r e & mere qui
dorteiltlafille, c'tftlemari: ainfî quand on areilt
ledonaire, le Cadi de'livre aux parties la copie
îeleM eontraa de mariage : la fille de fon côté
iipporlcqnefon trouffeau. En attendant le jour
dtsnoccs, l'époux fait bénir fon mariage par le Cuti
Spoiir s'attirer les graces du Ciel , il diftnbue
JeS aumônes & donne la liberté à quelques efdaves.
Leioui des noces la fille monte à cheval couverte
fnn grand voi l e & fe ptomene par les rues fous un
dais accompagnée de pluficurs femines & de quelluesefclaves
, fui v ant la qualité du ma r i , les joueurs
ilesjoucnfes d'inftrumens font de la cérémonie:
on iàit porter enfuite les nippes qui ne font pas le
moindre o rnement de la marche. C omme c'eit tout
leproñtqui en revient au mar i , cijaff'ectede charter
des Chevaux & des Chameaux de plulleurs coffres
de belle apparence, mais fouvent vuides , ou
dinslefqocls les habits & les bi joux font fort au lar-
¡e. L'époufée eft ainfi conduite en triomphe par le
chemin le plus long chez l'époux qui la reçoit à
la porte. L à ces deux perfonnes qui ne fe font jamais
vfiës , & qui n'ont entendu parler l'un de
l'iurre que depuis quelques jours , par l'entreiniftde
quelques ami s , fe touchent la main & fc tont
les plus tendres protellations qu'une veritable pafiioiipnilfe
infpirer. On ne manque pas de faire la
leçon aux moins éloquens, car il n'eft guère pofiible
que le coeur y ait beaucoup de part.
La cérémonie étant faite en prefence des patens
Sdesamis, on paCTe la journée en feftins, en dances,
& à voir les marionettes ; les hommes le réiouiïlcntd'iincc")
té, & les f emmes d'unamre. Enfin
laiiuitvicntit le lilence fiiccede à cette j o y e tumullueufe.
Parmi les gensaifez , la mariée ell conduite
pat un Eunuque dans la chambre qui lui eft delhnie:
s'il n 'yapoint d'Eiinuquc, c'cft un
qui donne la main & qui la met entre les bi
mari. Dans quelques villes de Turquie,
femmes dont la profeffion eft d'inftrnire l'éponfée
de ce qu'el l e doit faire à l 'aproche de l 'époux, qui eft
obligé de la deshabiller piece à piece & de la placer
dans le lit. On dit qu'ell e récite pendant ce tempslà
de longues prières, & qu'elle a g rand foin de faire
pUlfieurs noeuds à fa ceinture, en forte que le pauvre
époux fe morfond pendant des heures entières
avant que ce dénouement foit fini. C e n'eft que fur
le rapport d'autrui , qu'un homme eft informé ii
c e l l e qu'il doit époufer cft belle o u laide. Il yaplufieurs
villes en T u r q u i e , où le lendemai n des noces,
les parens & les amis vont dans la mai fon des nouveaux
mariez prendre le mouchoir enfanglantc
qu'ils montrent dans les rues en fe promenant avec
des joueurs d'inftrumens. L a mere, ou les parentes
ne manquent pas de préparer ce mouchoi r à telle
fin que de raifon & pour montrer • en cas de bef
o i n , que les mariez font contens l'un de l'autre.
Si les femmes vivent fagement , 1'Alcoran veut
q u ' o n les traittc bien & condamne les maris qui en
ufent autrement, à réparer ce péché par des aumônes
, ou par d'autres oeuvres pies qu'ils font oblig
e z d e f a i r e avantquede coucher avec elles.
L le premier ,
de plus. Les enfiiiis dont
, peuvent obliger le pere
e. En cas de répudiation
I f o n s du mari fout perticondamné
à le continuer.
i s d e f o n
) y a des
L o r f q u e le m
prend fon douaire & rien
la mere vient de mourir
de leur donner ce douait
le douaire fe perd fi les r:
nentes ; finon le mari elt
& à nourrir les enfans.
V o i l a ce qui regarde les f emme s légitimes. Pour
c e l l e s que l'on prend à penf ion, on n'y fait pas tant
d e f a c o n . Après le confentement du pere & de la
mere , qui veulem bien livrer leur fille à un tel,
o n s'adrefle au Juge qui met par écrit que ce tel
veut prendre un telle pour lui fervir de temme,
qu'il fe charge de fon entretien & de celui des enfans
qu'ils auront enfemble , à condition qu'il la
pourra renvoyer lorfqu'il le juger a à p r opo s , en luf
payant la f omme convenue à proportion du nombre
d'années qu'ils auront été enfemble. pour colorer
ce mauvai s c omme r c e , les T u r c s en rejettent
l e fcandalefurlesmarchands Chrétiens, qui ayant
laiflè leurs femmes dans leurs pays, en entretiennent
à penfion dans le Levant . A l'égard des e fda -
ves , les Mahometans fuivant la Loi en peuvent
faire tel ufage qu'il leur plaît; ils h
liberté quand ils veulent , ou ils les
leur fcrvice pendant toute leur vie. ,C<
louable dans cette vi e libertine , c'ell q
que les Tur c s ont de toutes leurs femtr
également des biens de leur pere , av .
f S e n c c feulement , qu'il faut que ceux des efcl
f o i e n t déclarez libres par Teftanient. Si le pere ne
leur fait pas cette grace, ils fuivent la condition
de leur mere, & font à la difcrctioll de 1 aine de
1 la famille. ^ .
I Q j Qu o i -
r donnent la
etiennent i
qu'il y a de
e les enfans
;s, heritent
dif-
' J
l - i '