
Ri^ûfiûides Ûrie^ntaU Xj^heiroe
D U L E V A N T . Lettre X I X . 1 4 7
tnre bien fingulier, à laquelle je donnai le nom
Pul)[^onoidcs, parce qu'elle a beaucoup de nip-
Ephedra, qu'on a nommé e uutreibis Pomiini
Maritimum.
Celt un arbulle de trois ou quatre pieds de
ûiiS, foit^ toulFu & fore é tendu fur les côtez , fon
ronc'ell tortu, dur, cafTant , épais comme le
iras, couvert d'une écorce roufî'âtre , divifé en
itjiiciies tortues auiTi , fubdivifees en rameaux
¡'oùnaiirenr, au lieu de feuilles, des brins cilindtiqucs
épais de demi ligne vert-de-mer , longs
¿'un pouce ou 15. lignes, compofe?, deplulieurs
-ifccs articulées bout à bout, lî femblables aux
ciiillcs de VEphedra , qu'il n'eit pas poffible de
eîdillinguer ians voir les fieurs. Des articulations
ii ces brins il en fort d'autres qui font articule?,
(iemême, &ccsderuiers pouffent dans leur loniceur
quelques fleurs de trois lignes de diametre.
icfoin des baffiLIS découpez en cinq parties jufqaesversle
centre , vert-pâle dans le milieu, &
lianes dans le reik. Du fond de chaque balTiii
brt un piitile long d'une ligne & demi , angueuj,
relevé de petites arêtes & entouré d'étamines
blanches d o n t les foinmets font purpurins.
;;haque fieur eft foutenuë par un pedicule très-
(jflié & for t cour t . Le pilîile devient un fruit long
d'environ demi pouce , épais de quatre lignes ,
(i£figure c o n i q u e , canelé profondément dans iîi
ongueur. Les canelûres font quelquefois droiles.
quelquefois fpirales. Leurs arêtes font terminées
par des ailes découpées en franges, rrès-
Muës. Quand on coupe le fruit en travers on
en découvre la partie moel leufe, laquclleeilblanthe&
angulaire. Les fleurs ont l'odeur de cel les du
Tilleul, ne fe flétriflent que tard, & relient à )a
ble du fruit comme une efpece de rofette. Les
feuilles ont un goût d'herbe mais ilfptique.
Nous commençâmes à monter ce jour-là le
Mont Ararat fur les deux heures après midi ¿mais
ce ne fut pas fans peine. Il faut grimper dans
Qcs fables mouvans où l'on ne voit^^ue quelques
pieds de Genièvre & 'ii'Epine de bouc. Cet t e Monqui
reite entre le Sud & le Sud-Sud-Ei t des
! Egl i f e s , cil u n des plus trilles & des plus dcfagreablesafpeéls
qu' i l y ait fur la terre. On n'y trouve
ni arbres ni a rbr i i e aux 1 encor e moins des Couvents
des Religieux Arméniens ou Francs. Mr,
Siniys nous auroit fait plaiilr de nous apprendre
où logent les iVnachorettes dont il parle, caries
gens du pays ne fe fouviennent pas d'avoir ouVdits
qu'il y ait jamais eû dans cette Montagne,ni
Moines A rmé n i e n s , ni Cannes, - tous les Monaleres
font dans la Plaine. Je ne croi pas que la
P k e f û t tenable autre part, puifque tout le ter-
'«Il de l 'Aiarat ell mouvant nu couvert de neige.
Il feinble m ême que cet t e Montagne fe confoini^
e tous les jours.
D u haut du grand abîme , qui cil une ravine
é p o u v e n t a b l e , s'il y en eut jamais , & quirépond
au village d'où nous étions partis , fe détachent
à tous momens des rochers qui font un bruit eff
r o y a b l e & ces rochers font de pierres noirârres
& fort dures, il n'y a d'animaux vivans , qu'au
bas de la Montagne & vers le milieu ; ceux qui
o c c u p e n t la premiere region, font de pauvres bergers
& des troupeaux galeux , parmi Icfquels on
voit quelques perdrix ; ceux de la feconde region
f o n t des Tigres & des Corneilles. Toutleréflc
d e la Mont agne , ou pour mieux dire la moitié
d e la Mont agne , eft c o u v e r t e de neige depuis que
T A r c h e s ' y arrêta, ces neiges font cachées la
m o i t i é de l'année fous des nuages lort épais. Les
T i g r e s que nous apperceiimes ne laiiferent pas
d e nous faire p e u r , quoiqu' i l s fu (Tent à p lus de 200.
pas de nous, & qu'on nous allûiiU qu'ils_ne venoient
pas ordinairement infulter les pailans, ils
c h e r c h o i e n t à boire , & n'avoient fans doute pas
f a im ce jour-là. Nous nous p rof ternâmes pourtant
d a n s le fable & les laill'âmes palier fort refpcf tueuf
e m e n t . On en tue quelquefois à coups de fuiil,
mais la principale chalfe fe fait avec des traquen
a r d s ou pièges, par le m o y e n dcfquelson prend,
les jeunes Tigres que l'on apprivoife , & que l'on
m e n e promener enfuite dans les principales villes
d e Perfe.
C e qu'il y a de plus incommode dans cette
M o n t a g n e , c'eft que toutes les neiges fondues ne
f e dégorgent dans l'abîme que par une infinité de
f o u r c e s où l'on ne fauroit atteindre , & qui f o n t
auffi laies que l'eau des torrens da^.s les plus
g r a n d s orages. Toutes ces fources f o rme n t le rui f -
feau qui vient paifer à Acourlou , fit qui ne s'cc
l a i r c i t jamais. On y boic de la boue pendant tout
e l'année, mais nous trouvions cette boue plus
d é l i c i e u f e que le meilleur vin ,elle eft perpétuellem
e n t à la glace, & n'a point dégoût limoneux.
M a l g r é l'ctonnement où cette effroyable folitude
n o u s avoit jettes , nous ne biffions pas d e chercher
ces Monafteres prétendus , & de demandée
s'il n'y avoit pas des Religieux reclus dans quelques
cavernes L'idée qu'on a dans le pays que
r i . \ r c h e s'y arrêta, & la vénération que tous les
A r m é n i e n s ont pour cette Montagne, ont fait
p r é f u m e r à bien des gens qu'el l e devoit êtreremplie
de Solitaires, & Struys n'cft pas le feul qui
l'ait publié; cependant on nous affûta qu'il n'y
avoit qu'un petit Couvent abandonné , au pied
d e l 'abîme, où l'on envoyoit d'Acour lou tousles
ans un Moine pour recueillir quelques fiics de
Blc que produiR-nt les terres des environs. Nous
f û m e s oblige?, d'y aller le lendemain pourboire,
car nous confonimames bien-tòt l'eau dont nos
Guides avoient fait provifîon , fur les bons avis
des bergers. Ces Bergets y fout plus devors
" T Z qu ' a i l -