
î i ,
'58 O Y A G E
u n cloître, leur fafbîoil qui n'opargn-a pas mime
l e s chofcs les plus lacrics , continua les delbrd
r e s jufques i l'endroit appelle IcBoeiif. CeBoeuf,
o u cc marché aux Boeufs , a leivi de theatre à
d ' i l l n l l r e s martyrs. Julien rApollat , ditCodin,
f i t brûler plufreurs Chrétiens dans cc fourneau de
b r o m e qui avoit la tête d'un Boeuf, & qui itoit
d a n s l'endroit appelle le B oe u f Le faint martyr
A n t i p a s y fut confumé , dit Cedrcn. Ou y brûl
o i r auffi les criminels.
L a Tour de Leatider eft tout près du Cap de
S c u t a r i . L'Empereur Manuel la fit bâtir fur un
é c u e i l d'environ deux cens pas detour, & en
i î t conllruire une autre du côté d'Europe au
c o u v e n t de faint George , pour y tendre une
c h a î n e qui fermât le canal. Mr. Gilles a remarq
u e qu'il y avoit autrefois un mur dans la mer,
l e q u e l oceupoit lepaffagequi Ce t r o u v e entre rec
u e i l où ell la T o u r , & la terre ferme d'Alie.
i l y a beaucoup d'apparence que c'écoit l'ouvrage
d u même Empereur ; car par ce moyen hr chaîn
e étant tendue d'une Tour à l'autre , il n'étoit
pas polîîble aux vaifleaux de remontrer le
d e la me r N ( . M r . G i l l e s a f f a r e q a
o n t démoli ce mur pour en employer lespi^...
à d'autres bâtimens. Ils nomment cette Tour
U tonr de U PucdU -, mais les Francs ne I
connoilTent que fous le nom Ai la Tonr de Leun
dre, quoique les amours de Hero & de Leandr
f e foient palTées bien loi]] de là lur les bords di
c a n a l des Dardanelles. Cette Tour,ert q
t e r m i n é e par un co]T]b3e pointu , garnie ds
ques pieces d'artillerie , cnfennée dans
qui eft .auin quarrée
-a pour tout
ut les appoin
que lui don
d é f e n f c
c i e r g e qi
l e s marchands de Conila] "
l ' o r & l'argent qu'ils ti
d ' A l i e . Tant de richefl
•es
arrée,
quele
l l e eftprefque fans
g a r n i i o n qu'un coi]-
m i e n s d e fongouverent
les Jajiiffaires ou
o p l e qui vont s'y div
e r t i r en fecret. On pretend que l'eau douce du
p u i t s qui ea creufé dans cet e'eueil foit une fourc
e vive; d'autres aiTûreiit que ce n'eft qu'une cit
e r n e d,t]]S laquelle fe vuident les égout s du comb
l e par un tuyau caché dans la muraille.
Q u o i q u e cc ne foit pas la coutume des Turcs
de rebâtir les villes ruinées , ils ont pourtant
r e l e v é Scutari que les Perfans avoient mis en
c e n d r e . Il ell vrai que les T u r c s regardent cette
p l a c e comme un des fauxbourgs de Conlloetin
o p l e , ou comme leur premier repofoir en Al i c
c ' e f t d'ailleurs un des principaux rendé-vous des
m a r c h a n d s & des caravanes d'Armenie .5c de
P e r f e qui viennctit trafiquer en Europe. Le Port
d e Scutaii fervoit autrefois de retraite aux traîtres
de Chalcedoine ; & ce fut à cauf e de fa Btuat
i o n , que les Perfes qui méditoient la conquête
d e Grece , le choiiirent non feulement pour en
f s i i e une place d'àtiiKs , mais pour y dcpofct
i f l ï ï n t ' d o ] "
d e C l , r f l i p oHs 7 on'm7 d ' ' ur felo^rDe!,"?
B y j a n c e au rapport d'Etienite le Geogripl
qu] ajoute pourtant que l'opinion la plus
m u i t c ctoit , que le nom de Cbriiopol,, v!c„rî,
C h r y f e s fils de Chryfeis & d'Agamemiion C»,
IVauti,] iManafFes marque li biet] la lituatio,, 4
C h r y l o p o h s , qu'on ne peut pas douter t
f o i t Scutari , quoiqu'il allure auffi que
ont pris cette ville pour UrmofoU, , „e fc g '
pas trop eloignel de la vérité. C'étoit penl-i,,,
l e nom de la ville avant que les Perfes s'e,, fj"
f e n t rendus les maî t res ; & ce nom qui ligliifei,
l'ilU Ja Ciel, ne lui croit pas moins glorieui,,,
c e l u i de l, mile d'Or. Quoiqu'il en foit tï
é t o i t deftincc à fervir de retraite à des nialtotitii.
car les Athéniens , par le confeil d'Aleibiidt'
y établirent les premiers une efpece de douaté
: payer les droits à ceux qui navigcoitu
r Noi r e . Xenophon aflûre qu'ils iitii
:ependant c'étoit bit
mu r e r C h r y f o p o l m pt!
d e chofe du temps d'Augull
uifque S.
ne la traite que de village. Atij
, rd'huie'clhr
g r a n d e & belle vil"
, & même la feule qui foit
fur le Bofphore d
r ô t é d ' A f i c . Cedreiinoosip.
prend qu'en la J;
de l'Empire du giani
C o u l l a n t i n , Liciiiins fon beaufrere'. après mi
é t é battu plulieurs fois fur mer & fut terte
fut pris prifoimier dans la ville de Oiryfopoli!,
& de là conduit à Thcnaloniqt i c , ou ileutlalfit
t r a n c h é e .
L e premier village du Bofphore an delà it
S c u t a r i , ell CaJJiurge, enfuite A » ™ , lequellec
e u t ce nom d'une croix dorée pofée fut leliaut
d ' u n e Eglife que Conllantin y fit bâtit. Après
S t a v r o s , on découvre le village de TelispU,
qui pourroit bien être le lieu qu'on nommoit nt
r e f o i s Cir/ficeramoi , ou Brifxe dorie, à caife
d ' u n e Egl i l e couverte de briques de conictit d'ot;
car fuivant le dénombrement de Mr. Gilles, qui
f u i t D e n y s de Byiance comme pas à pas , & qui
l ' a redreffé dans les endroits les plus obfcuri,
Chryfoceratnus ell litué après Stavros, en montant
a u x vieux Châteaux d'Alie. Leunciaw fait ment
i o n de Chryfoceramus, & place entre ce ïillsjt
& Stavros le m ona t t e r c / i^'W« , o u des Religitu!
qui veillent la Kuii.
A v a n t que d'arriver au vieux Château d'Amt
o l i e , on rencontre deux autres villages & l'on
paffe deux ruiiTcaui. Le premier de ces ïillJSK
f e n omme CouU oaConU bachefi, & l'antre &<-
dil-Rachefi. Coulébacheft ell fur la pointe q®
les anciens nommoient le Cap Cecrium , à q»
s ' a p p e l l e encore Cecri, oppofé au CapdesEliits,
au bas duquel eft bâti Courouchiliné. Candllbachefi
cft à l'embouchûre du premier ruilin«
cjii
D U L E V A N T . Leiln XV. 69
•ui fe jette dans legolphede Napli-, & peut-être
iiie Nipl i Nicopolis , que Piine décrit
5j„s CCS quartiers-là. Mr . Gilles appelle ce ruif
h yriiûeaa de Naph , mais les Tur c s lui ont
j j n n é ' e n o m d c C f o « - / - « ou l'Eau ^i«i,auffi-bien
nu'à l'autre qui cft près du Château ; ainli l'on
lie hafarde pas trop de dire que Candil-Bacheli
ell l'ancieune Nicopolis du Bofphore. Etienne
i e B ï i a n c e f e contente de dire ,que c'eft une ville
¿eBltliynie: il feroit à fouhaiter que l'on pût découïtir
à l'occafion de quelle vifloire elle fut
¡¡uli nommée. L e fécond ruiireau que l'on paffe
avant que d'arriver au vieux Château d'Afie, ou
premier Château d'Anatol ic, s'appelle auffi rEa>i
;,„•», comme l'on vient de dire ; & c'ell le
plus grand ruiffeau qui fe jette dans leBofpho-
K du côté d'Alie. Les anciens le nommoient
A i « , & quelques Grccs l'appellent encore
rfif, mais il ell bon de remarquer que tous ces
quartiers font occupez par "les Jardins du Grand
Seigneur, lefquels non feulement s'étendent depuis
les premieres Eaux vertes jufques à t:elle-ci,
mais même jufques à Sultan Solyman Kiofc ;
S de là fuivant la côte ils vont finir à l'embouchire
del à mer Noire. Tout le tefte du pays
eli deftiné pour les grandes chalfes de l'Empereur,
auffi y cna-t-il peu dans lemondequi foit
plus propre pour un pareil divcrtilfement.
Il eii certain, comme le remarque Leunciaw,
que du temps des Empereurs Grecs il y avoit
jeux Châteaux fur le Bbfphore , l'un fur la côte
d'iUie, & l'autre fur celle d'Europe, lefquels
aélendoient le paffage du canal dans fa partie la
plus étroite. On les laiffa tomber-en ruine dans
la décadence de l'Empire , & même avant ce
tenips-là on les regardoit plutôt comme des priions,
que comme des citadelles à y mettre des
pmifens. En effet Gregoras affâre qu'on les
ippelloit les Châteaux de LetJjé, ou les prifoas
iitokbli, parce qu'on y oublioit entièrement les
malheureux qu'on y avoit enfermcl- Les Turcs
ont re'tabli ces Châteaux en differcus temps ,
mnt même qu'ils fulTent les maîtres de Conflanlinople.
Nous ne parlerons préfentement
qie de celui qui ell fur la côte d'Alie. On lit
dans L eunc lauw que l'Empereur iMourat 11. qui
filti les Dardanelles pour venir combattre fou
oncle Muf tapha dans la Thrace , repaâa en Europe
par le canal de la mer Noire pour faire la
guerre à Uladi i las Roi de Hongrie. Ce Sultan
qui YOuloit fe confervcr un palfage li nécefl'aite,
fit bâtir dans l'endroit le plus étroit du cau
l ' le Château neuf fur les ruines du Château
fa Grecs ; & Mahomet II. qui fucceda à Mount
, le fit fortifier à f a manière , dans le deffein
e cuuper à
Kcoaflton,
l ' E m p e r e u r de Gonilantinoplc ia
c o m m u n i c a t i o n avec le Nord, comme il l'aVoit
f a i t du côté du Midi par les Châteaux des Dard
a n e l l e s . Cependant tous ces Châteaux que les
G r e c s nommerent Nouveaux dans ce temps-là,
ont été n omme z dans la Imit Vieux Chitea«^,
a p t e s q u o n ci: a e û bât i d ' a u t r e s à l ' emb o u c h l â r e
de ces caiiau
- C o m m e le
l ' e n d r o i t le plus étroit
d o u t e que' ce fut là qu
fit dreflèr un pont pou
C h â t e a u d'Alie eft limé fur
it du canal , il e(l hors de
)ue Darius , pere de Xerxes,
3ur aller chez les Scythesl
T a r t a r e s à qui il
a r é la guerre
L a conduite de cet ouvrage fut donnée à Mand
r o c l e s habile Ingénieur de Samos. Detiys de
B y z a n c e nomme cet Ingénieur Androcles, & aff
û t e qu'on avoit taillé un fiége dans le rocher
pour y faire alTeoir Darius lorfquc les troupes
d é f i l o i e n t fur le pont ; il n'cft pas dit fi ce fiége
é t o i t en Europe ou en A l ie, & l'on ne fauroit le
v é r i f i e r , fuppofé même qu'il fût encore en état,
parce que les Turcs ne permettent à- perfonne
l ' e n t r é e ni les approches de leurs Châteaux. Ils
n e favent,, ni ne s'embarraiTent pas de favoir s'il y.
a eû des Dar ius &desXerxesdans le monde: que.
f a i t - o n m ême s'ils ne vont point faire aujourd'hui
l e u r s ordures dans l'endroit qui fervoit de.thrône.
au Maître du monde de cetemps-là.i'
A p r è s que ce Prince eut veû la marcire de fest
r o u p e s , il fit élever deux grandes pierics carr
é e s , fur l'une defquelles- on grava en carafleres.
A l f y r i e n s les noms des nations qui ctoient à f a
f o l d e ; on eu fit autant fur l'autre en carafieres,
G r c c s , & c'ell beaucoup dire , car Herodote
c o n v i e n t que ces troupes ctoient (
t o u s les peuples- de fon obéiflhnce
t e r r e étoit de fept cens mille ho
flore de lix cens vailfeaux : mais cet
r e l i é e dans la-Propontide , avec o
dans le Bofphore pour fe rendre
d u Danube, où l'on drcllii un ar
des - gém
dai
iCiei
i m p o f é e s di
L ' a r - m é e de
unes-, & la
:ette a rmée étoit
o r d r e de venir
à l'embouchure
itre pont. Mane
r o f i t e z de Datableau
le pafpout
du Bolphore , en
qui étoit , dit Herodoinaniére
des Perfes. Cc
T e m p l e de Junon. avec
f u t " fi fatisfail
r i u s , qu'il fi-t réprefenti
f a g e des Perfes fur le
p r e f e n c e de leur Prince
t e , fur un thrônc à la
tableau fut mis dans ui
f c r i p t i o n en quatre vers Grecs qu'Hcrod
o t e nous a confervez. - On ne fçait pas fi ce
fut dans un T emp l e de Junon bâti fur le Bofphor
e , o u fi Mandrocles envoya le tableau dans celui
de Junon de Samos fa patrie Herodote veut
que le Pont de Darius ait été dreifé à peu près
au milieu de Byiance, & du T emp l e qui étoit à
l ' e m b o u c h û r e du Bofphore. Pline donne 500. pas
de largeur à cet endroit là ; mais Polybe qui le
piquoit d'une grande cxaclitude , a mieux délignê
I 3, es