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q u ' a i l l e u r s , & même tous les Arincnicns bairent
l a terre dès qu'ils découvrent l'Ararat ; & récitent
quelques prières après avoir fait le (igné
d e la crois.
N o u s campâmes ce jour-là tout près des cabanes
des Bergers, ce font de méclv.iines huttes qu'ils
t r a n f p o r t e n t en diftercns endroits, fuivant le bef
o i n , car ils n'y fçauroient relkr que pendant le
beau temps. Ces pauvres Bergers qui a'avoient
j a m a i s vû de Francs, & fur tout de Francs Herhonjh's
, avoient prefque autan: de peur de nous,
que noub en avions eu des Tigres , néanmoins ii
f a l l u t que ces bonnes gons fe iamiliarifalTent avec
nous , & nous commençâmes à leur donner,
pour marque de nôtre amitié , quelques taiTes
d e bon via. Dans toutes les montagnes du mond
e on gagne les Bergers par cette liqueur qu'ils
eHiment infiniment plus que le lait donc ils le
i i o u r r i l l e n t . Ils ie trouvadeux malades parmieux
qui fiifoient des elîbrts inutiles pour vomir; nous
les recourûmes fur le champ, ¿c cela nous attira
la confiance de leurs camarades.
Comme nous allions toûj jursà nôtre but, qui
étoit de prendre langue & de nous inliruire des
particularitcz de cette Monta,i^ne , nous leur fîmes
propofer plulîeurs qut-IUons ; mais tout bien
c o n l i J e r é , ils nous confeillerenc de nous en ret
o u r n e r , plutôt que d'ofer entreprendre démonter
jufques à la neige. Us nous avertirent qu'il n'y
avoit aucune fontaine dans la montagne,excepte
l e ruilTeau & l'abîme , où l'on ne pouvoit aller
b o i r e qu'auprès du Couvent abandonne dont
o n vient cie parler , & qu'ainli, un jour ne fulïir
o i t pas pour aller julques à la neige, & pour
dcfcendr e au fond de l'abîme. Qu'il faudroit
pouvoir faire comme les Chameaux, c'eftàdire
bnire le matin pour toute la journée, nMtantpas
poiïible de porter de l'eau en grimpant fur une
m o n t a g n e aufll ntfreufe , où ils s'égarotent euxm^
mes aiTez fouvent. Que nous pouvions juger
d e la mifcrc du pays, par la ncceffiré o ù ils étoient
d e creufrr la terre de temps en temps pour trouver
une fource qui leur fournît de l'eau pour eux
& pour leurs troupeaux. Que pour des Plantes il
étoit très-inutile d'aller plus loin, parce que nous
n e trouvions au deiTus de nos têtes qut^ des rochers
entaiïez les uns fur les autres. Enfin qu'il
y avoit de la folie à vouloir faire cette courfe;
que les jainbes nous manqueroient , & que pour
eux ils ne nous y accompagneroientpas pour tout
l ' o r du RoideFerfe.
N o u s obfervâmes cejour - l à d'aflez belles Plantes
: mais nous nous attendions à bien d'autres
chofes pour le lendemain , quoiqu'en diifent les
Bergers. Qui ef l -cequiau feul nom du Mo n t Ararat
n e s'y feroit pas attendu ? Qui ell-ce qui ne fe
feroit pas imaginé de trouver des Fiantes les plus
extraordinaires fur une Mo n t a g n e qui fervi r , po^.
ainii dire , d'efcalier à Noe' pour defcendre du
c^el en terre avec le relie de toutes les crcaciircs;
Cependant nous eûmes le chagrin de voir fur cer
te route le CoWnaßer fuìio rotundo I B. LaC^
iiyza ncris, cccrulea C B. L'Hieracium jhuicl
fum , angufì'tfoìhim .mujus C B. La J'^coò^a
cioMisfohn. h&hiufier yi'Orpin, VEuphraifi &
ne fçai combien de plantes ks plus communes
mélf'es parmi d'autres beaucoup plus rores qu,
nous avions déjà veuës en pluiieurs endroits
E n voici deux qui nous parurent toutes noi
veli es.
Lychnls Orientalis^maxima, "Bu^loßfolio unduk.
iö Corol l . IniL ReiHcrbar.23.
L a racine de cette Fiance ell longue d'un piej
Ä d emi , blanchâtre , partagée en grolfes fibres alfe2
chevelues , groiTe au collet comme le poucf
divifée en plufieurs têtes d'où naiiient des tig«
hautes de trois pieds, droites, fermes , épaiifo
d e quatre lignes, creufes , vert-pâle, velues
g l u a n t e s , garnies de feuilles deux à deux , longues
d'environ cinq pouces fur un pouce de large
femblables à celles de VxBugloße, ondées, frifécj
fur les bords, relevées en deiTous d'une côte affé?.
groilè, laquelle fournit plufieurs vatiTeauxte.
pandus dans la longueur des feuilles. Elles diniinuent
confidérablement vers le milieu de la tige
& de leurs aiiTelles nailfent de chaque côté dei
branches ou brins partagez ordinairemententroij
pedicules, dont chacun foutient une fieur, aiiifi
toutes ces fleurs paroiifent difpofécs conimepar
étage. Chaque fleur ert à cinq fi.'uillcs blanchcs,
longues d'environ deux pouces , larges vers le
haut de demi pouce . échancrees profondemein&
terminées en bas par une queue verdâtre. Du milieu
de ces feuilles fort une touffe d'éramincsde
même couleur, menues, mais beaucoup pluslongues
que les feuilles, & chargées defommas celadon.
Le calici eli un tuyau d'un pouce de I0115
fur trois lignes de large, blanchâtre, rayé de vm,
découpé en pointes, du fond duquel fort un pillile
de quatre lignes de long fur une ligne d'cpaiff
c n r , vert-pâle, furmonté de trois filets blanci
auflî longs que les étamines.
Geum Orientale^ CymbaiariltfoliomoÏÏt^g\ah\
flore magno albo. CoTo\].li\i\. Rei Herb. 18
C e t t e belle efpece de Geum fort des fentesdeJ
rochers les plus efcarpe?.. Sa racine ellfibreiife,
blatichâtre, longue de 4. ou 5. pouces , chevelue.
Ses feuilles nailfent en foule, fi femblables à celles
de la Cymbalaria ordinaire qu'cjlk-s iinpofait:
Cependant elles font plus ferjnos, La pliipartont
9. ou 10. lignes de largeur, fur 7. ou 8. lignes
de long, découpées à groiTes crenelures en arcade
got ique, luifantes & f(;ûtenné'spar une queue
d ' u n pouce ou deux pouces & demi de long. L"
tiges
Iti/cLftU û ^ifniiiltj
di^Li. •