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fapportc par quatre tours folides qn
tiennent Heu
d'nrc-boutaiis. Cette Mofquée & [
5 autres Mof -
quées Royales que les Mufulmci
mt fait bâtir,
f o n t éclairées par beai
ap plus de lampes que
Sainte Sophie , & l'o:
placé parmi les lampes
d e la Moiquée neuve, des boules de criftal , des
liUbes , des oeafs d'Aut ruche, & quelques autres
pieces pour égayer la vûë. On y remarque deux
globes de verre , dans l'un defquels on a conilruit
une galere, en conduiilmt avec des pincettes les
pieces neceiîaires & les appliquant les unes contre
les autres : dans l'autre globe on a repreienté en
bas-relief avec une patience admirable, le plan de
• • • o u le Maufolée de Sultan
iere de la Mofquée du cô-
; Turbé
; dei
la Mofquée. L<
A c h m e t , eft fuj
t é du nord.
D e toutes les Moiquées de Conftantinople il
n ' y en a aucune qui approche plus de Sainte Sophie
par la beauté de fon dôme, que la Solymanie,
fondée par Solyman II. le plus magnifique de
tous les Sultans : on peut dire même qu'elle furpafle
Sainte Sophie par les (dehors , car fcs arcboutans
lui fervent d'ornement; fes fenêtres font
plus grandes & mieux difpofées ; les galeries qui
régnent d'un arc-boutant à l 'autre, plus régulières
& plus fuperbes : tout l'édifice eit bâti des plus
belles pierres que l'on ait trouvées dans les ruines
d e Chalcedoine. ifindifpenfable neceffité où font
les Mufulmans de faire leurs ablutions , les obi:
ge à conftr
quées Roy;
milieu , .
environs :
manie foun
qui la renferme eft tt
l e principal dôme cft
d e Sainte Sophi
•e de grands cloîtres auprès des Mof -
es : la fontaine cft toujours placée au
: les endroits pour fe laver font aux
elle qui eft dans le cloître de la Soly-
;t d'autres petites fontaines. La cour
rs-belle & plantée d'arbres;
peu moindi-e que celui
il eft dans les mêmes propor
t ions , auffi bien que les dou' : petits d ôme s
qui font autour. A l'égard des m
fl quatre : les deux qui font à l'en
f o n t plus petits que les aut res , &
galeries ; ceux qui font attachez à 1;
ont trois & font plus él
L e Maufolée du Sultan Fondateur & celui de
l a Sultane fon époufe font derrière la Mofquét
fous des dômes fort propres & fort riches ; le
cercueil de Solyman eft couvert d'une belle portiere
en broderie , reprefentant la ville de la Mé'
que d'où elle a été apportée. On a
cercueil le turban de ce Prince a
tes garnies de pierreries : plufie
& quantité de lainpes brûlent en
voit des Alcorans attachez avec d(
perfonnes gagées pour les lire : le
que les prieres foulagent les morts, ^
faifent pas un article de foi. Cette Mofquée eft
fur u n colline dans le quartier da vieux Serrail
bâti par Mahomet IL
i SushM. BJÎMÎ^
trée du periftyle
n'ont que deux
, Mofquée en
i la tête du
vec deux aigretj
r s gros cierges
ce lieu , on y
;s chaînes, & des
5 Turcs croyent
quoiqu'il;
E
L a Validée qui porte le nom de la Valider
Fondatrice , femme d'Ibrahim & mere de
let IV. ;ft encore
port auprès du Serrai!,
mée par les murs de 1:
couchant ; au midi p;
•¿ar de la même Sultane
grand dôme & de qua
croix fur les côcez ,
dômes font remplis par q
petits : en dedans elle eft
font d'
minati
tyle q.
vert d
blanc
.n bel édifice p h c é ï ;
Cette Mofquée cil enfeï
' /eptcutrion &au
ir le Mauiolee&par lei
EUe cft compofcc dk
tre demi-dômes difpufeun
& les mtervalles des demi,
re autres dômes plus
itue de belle foycnce
mais fa colonnade eft de marbre avec des Chai '
teaux à la T u r q u e ; la plupart des colonnes d.„
été apportées des ruines de 1 roye : les lampes 1«
luftrey, les boules d'yvoire , les globes de cryftil
1 g rand ornement dans le temps des iliuons
qui s'y font pendant la priere : le p«if.
.li eft fur le devant de la Mofquée, cft cou-
; fes dôme s , embelli de colonnes de marbre
, entremêlées de quelques-unes de marbre
gns. Tout l'ouvrage paroît plus délié que celd
des autres M o f q u é e s , & n'a rien de gothique, quoi,
qu'il foit beaucoup dans le goût Turc; les cintres
des portes & des fenêtres font d'une aflèï bonne
a r c h i t e a u r e ; fes deux minarets ont chacun trois
galeries bien ouvragées : il eft même furprenant
que les Turcs qui font fi rarement de ces fotteî
d'édifices, ayent des Architeites aiTez habiles pom
les executer.
L a fituation de cette Mofquée qui cft toyt-à-fcii
fur la vûë du Serrail, & dans l'endroit de la ville
l e plus fréquenté, fait qu'on la prefere ai
les jour s de réjouïHances publiques : on ne fe contente
pas de cotivrir de lampes les galeries de fe
m i n a r e t s , on tend à différentes hauteurs plulîeurî
cordes d'une de ces aiguilles à l'autre ; iionfc
lement ces cordes foûtiennent le nom & le chiffit
d u Grand Seigneur, reprcfentez en feu par de petites
lampes, mais on y voit aufli la reprcfcntaiion
des villes & des principales viâoires qui donnent
lieu à la fête.
T o u t brille dans ces illuminations jufqucs ans
croiifants. Si les anciens Byzantins re ' ' •
monde , ils admireroient fans doute la pi^-u,^.-.
f e grandeur de leur ville qui s'étend aiijoiirii'toi
jufques au fond du port , au lieu que de leur teif
elle n'en occupoit que l'entrée du côtc du midi;
mais ils ne feroient pas furpris d'y voir le croiffiiw,
car c'étoit le fymbole de Cyzauce. Nous.caap;
prenons la raifon par Etienne le Géographe roU
de cette ville. Philippe de Maecdoiue pere d'Alexandre,
trouvant de grandes difficultez à coni;-
nuer le iiege de a Byzance^ fit travailler p
une nuit fort obfcure à des mines pour fai
breche propre à faire entrer des troupes dans lapis
ce , fans que les ennemis s'en aperçûftéj
heureufement pour les affiegez , la lune
nuë à paroître, découvrit les travailleurs.
D U L E V A N T.
.„-ter ce deftein. Les habitans par reconnoimrn-
S e i r é r c n t une ftatuë à Hecat e lur le por t ; & ce
lieu qu'on appelloit Bojphorc, parce qu un jour de
I r c h é un boeuf avoit pafte à lanâge du côté d'Ar
fut depuis appelle i^ho/phrc ; à caufe de Dia-
.«•'a Purte-lrt-miere : il y a même beaucoup d'apqa=
l'Eglifc de Sainte Pborinc de Topai»,
; Été bâtie lut les débris de quelque Temple de la
même Diane, b Ttillan a donné le type d'une belle
médaille de Trajan , an tevers de laquelle on
voit le croiffant iurmont é pat une etoile j & la
légende exprime qne la ville fut fauvée à la fa-
-mr°de ce ctoill'ant , ou pat le feeonts de Diane
it le fymbole. 11 y a ptafieuts médailles
dont il
da même tïpe dans le cabinet du Roi à la légende
des d Byzantins, aux têtes de Dian( ,
de lulia Domna femme de Severe : ainli les
n'ont fait qu'adopter le croilfant, & ils l'ont trouvé
eu plufieurs endroits des plus anciens bâtimens
dehviile.
Parmi les Sultanes qui ont manié les affaires de
la Porte,la Validé Fondatrice de la Mofquée que
l'on vient de décrire, étoit d'nne habileté extraordinaire
, & elle s'étoit fait un credit incroyable :
clic choifit l'endroit de Conftantinople le plus avantageux
pour y faire éclater fa magnificence ; mais
avant elle on n'a point d'exemple d-ans l'Empire
qu'aucune Sultane ait eu le privilege de faire élever
uiicMofquéc Royale;car pour celle de SauitFrançois,
outre qu'elle n'eft pas Royale , la mere du
Sultan Achmct 111. à prefent regnant, n'a fait que
convertir en Mofquée ordinaire , l'Eglife des Relieieux
Italiens de l'Ordre de Saint François du faux-
W g de.Galata.
Peu de chofe fiiffit pour l'entretien d'une Mofquée
ordinaire ; mais pour les Mofquées Royales,
les Sultans même fuivant leur Loi , ne fçauroieut
en faire bâtir une , qu'après de grandes conquêtes
fur les ennemis de l'Empire, & il faut que ces conquêtes
foient capables de fournir aux frais exceiîlfs
de h conftruéiion de ces biitimens & de leur dotation
: c'eft pour cette raifon que Sultan Achmet
ayant fait bâtir la Mofquée neuve contre le fentimcnt
des D o r e u r s de la L o i , qui lui avoient reprefcuté
inutilement que n'ayant pris ni villes ni
châteaux il ne devoit pas entreprendre un bâtiment
de telle dépenfe ; ces D o r e u r s noimnérent la Mof -
quée ¡e Temple de l'Incredule.
Ikfaut pour l'entretien de ces Mofquées , des
fommes fi coniiderables, qu'elles confomment le
tiers de ce que raportent les terres de l'Empire. Le
Kiflai-Aga, ou Chef des Eunuques noirs, en a la
Surintendance ; c'eft lui qui difpofe de toutes les
Charges Ecclelîaftiqucs des Mofquées Royales : les
principales font à Conftantinople, àAndrinople,
B comment Hi/l. Tom. l
«BÏZANTINH 2Í
Lettre XI, 187
à Prufa. On afiûre que le revenu de Sainte Sophie,
eft de 800. mille livres. Le Grand Seigneur
paye pour le f o n d fur lequel le Serrail eft b â t i , mi l l e &
u n afpre par jour. Ces revenus font deftinez pour
l'entretien des bâdmens , pour les gages des Officiers
de la M o f q u é e , pour la nourriture des pauvres
qui fe prefentent à la porte à certaines lieures du
j o u r , pour les hôpitaux des environs, pour les
Ecoliers que l'on éleve & que l'on inftruit dans la
Loi de Mahomet , pour foulager les artifans qui
f o n t en neceffité & pour les befoins des pauvres
honteux : le refte eft mis dans le thrcfor de la
Mofquée, pour fubvenir auxaccidens imprévûs, tels
que font la chute des bâtimens, & le dommage des
• .cendies. Ce threfor de même que celui des r
s M o fquées eft conferv
T o u r s , & le Grand Seign
:onfcicnce, que dans des
dans le château des fcpt
:ur n'y peut toucher en
ccafio preilàntes pou:
la confervation de la Religion. Les villages dont
les revenus appartiennent aux Mofqué e s Royales, ont
ichifci les habitans font exempts
ouvert des oppreffions des
routes s'en détotirnent orde
grandes îi
de gens de guerre, &
Pachas, qui dans 1
dinairemcnt.
Dans les autres villes de l'Empire, toutes les
maifons payent e un cens annuel que doit la place
de chaque maifon pour l'entretien des Mofquées.
Sainte Sophie tire le cens ou vacouf de Smyrnc,la
Validée celui de Rodofto , Sultan Bajazet celui
d'Andrinople, les Mofquées d'Andrinopl e jouiïïènt
du cens de Galata. Lorfque les Grecs, les Juifs,
& les Anneniens meurent fans enfans mâles , la
M o f q u é e acquiert la mai fon, outre le cens qu'ell.
cri retiroit auparavant ; mais p; ': Jes '
Tu ) le;
freres & les parens heritent de
i mai fon ,
payent que le cens à la Mofqu
Pour amortir ce
cens il eft permis d'achette:
L profit de la Mofquée
des boutiques ou d'autres effets qui rendent
l'équivalent du vacouf. -
Les autres Mofquées Royales n e font pas fi confiderables
que celles dont on vient de parler : elles
portent le nom de leurs Fondateurs, Bajazet^
Sultan Selim, Sukan Mahomet. La Mofquée d'Ej
o u p n'eft pas regardée comme un bâtiment Royal,
quoiqu'elle ait été bâtie par Mahomet II, qui fit
reparer toute la ville , & fonda plulieurs collèges.
Cette Mofquée conlille en un feul dôme qui n'eft
célébré que par la céremonîe que l 'on y fait du couronnement
du nouveau Sultan ; la cércmonie n'eft
pas longue , il ne s'agit ni de couronnes, ni d'autres
ornemens Royaux. L'Einpereiir monte dans
une tribune de marbre, où le Mouft i lui met le fabre
au côté , car on prétend que ce fabre le rend
maître de la terre, & que les autres Rois font au
deiTous de lui dès le moment qu'il le tient à fou
A a i côte'
d B r zANT i nN.
e WacE ou Vacouf,
il
!
I