
^ r i z s a . (¿u c^emiii dlij D U L E V A N T . Lettre XXI .
II y a long- temps, Monfeigiienr, q u e n ' a i cii
l'honneur de vous parler ßotaaique, quoique iious
avions vû de très - belles Plantes depuis Tocac,
incle'es avec la plûpart de celles que nous avions
obil-rvces en Armenie , & avec pluiieurs autres
qui ne font pas rares en Europe. En approchant
du Mont Olympe on ne voie que des Chênes,
des Pins, du Thym de Crete , du Gide à Ladanum
, d'une autre belle efpece de Cifte , que
J. Bau h in a nommé ^ Ci/U de Crete à larges feuilles
, lequel non ieulement vient à la campagne
de Montpellier, mais à l'Abbaye de Fontfredc ,
& dans, tout le Rouffillon. C. Bauhin remarque
avec raifon , que Bclon l'a obfcrve' fur le Mont
Olympe, mais Bauhin l'a confondu avec !e Ciite
à Ladanum , dont ßelon & Profper Alpin ont
fait mention. L'Aune, l'Icble, le Cornouiller
raûle & femelle , la Digitale à fleur ferruginée,
lePiiTenlit, la Chicorée, lepetitHoux, la Ronce
font communes aux environs du MontOlympe
: mais combien d'autres chofes rares n'y a-t-il
pas? Il faut les referver pour VHißoire des Plantes
du Levant à laquelle j'cfpere travailler quelque
jour.
Nous arrivâmes enfin à Prüfe , après cinq
heures de marche dans des défile?, couverts de
bois , lefquels vont aboutir auffi à cette belle
plaine qui eil au Nord du Mont Olympe. On
commence à y voir des Plantes & des Chatai-
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cette fameufe montagne. Du côté du Nord la
ville fe trouve à l'cntrte d'une grande h belle
plaine où l'on ne voit que Meuricrs & arbres
fruitiers. Il fembic que Prüfe ait été faite exprès
pour les Tur c s , car le Pv^ont Olympe lui fournit
rapt de fonrccs , que chaque maifon a fes fontaines
; & je n'ai point vû de ville qui en ait aut
a n t , fi ce n'eil Grenade en Efpagne. La plus
coniîdérable des fources de Prüfe , eft au Sud-
Oueft auprès d'une petite Mofquée. Cette fource
qui fournit de l'eau , de la groiTeur du corps
d'un homme , coule dans un canal de marbre &
va fe dilh-ibuer dans la ville.. On aflure qu'on y
compte plus de trois cens Minarets. Les Mofquées
font très-belles , la plupart font couvertes
de plomb , embellies de d ûme s d e même que
les Caravanfcrais. Au delà de la'rue des Jüifs .
à main gauche en allant aux Bains, eft une Mofquée
Royiilc, dans la cour de laquelle fonc les
Maufolées de quelques Suirnns', dans des chapelles
folidement bâties feparécs les unes des
autres. Nous ne trouvâmes perfonne allez inftruic
pour nous apprendre les noms de ces Sultans.
On peut confuiter Leunclaw qui a tait
un fort beau Traité ^ des Tombeaux des Sultans.
'
c L e nouveau Serrail ciT: fur une colline efcarpée
dans le même quartier ; c'eit l'ouvrage de
^ Ma h ome t IV. car le vieux Serrail fut bâti du
gniers auiÏÏ hauts que les Sapins qui font fur la . temps d'Amur.it ou Mourat I. Les Caravanfcrais
montagne. A la vérité les Landes font un peu : de la ville funt beaux & commodes. Le BezeOcin
gâtées par les pierres que les eaux charrient j ' cil une grande maifon bien bâtie où font plumais
à mefure qu'on approche de Prüfe , les
champs font couverts de Meuricrs & de vignobles.
La plupart des Meuriers font bas & comme
plantez par pépinières, Les plus grands font
ferrez les uns près des autres, & forment de petites
forêts entrecoupées par de grandes broflail-
Ics , parmi le (quelles naît une efpece d^Jpocin,
laquelle non feulement fe tortille fur les hqyes,
mais qui grimpe aufîi fur les plus grands arbres.
En arrivant à Prüfe, du côté d'Angora, on ne
découvre qu'une partie de la viile , au travers
des futayes. Le plus bel endroit de cette place,
quieftle quartier du Serrail, ne paro'it pas ; c'cilpourquoi
j'ai l'honneur de vous en envoyer deux
Plans différons. Le premier a été deffiné au
N o r d - E l t fur le chemin d'Angora , & l'autre
du côté des Bains au Nord-Nord-Oueit.
P r a / f , capitale de l'ancienne Bithynie j eil la
plus grande & la plus magnifique ville d'Afie.
Cette Place s'étend du Couchant au Levant uu
pied des preniicres collines du Mont Olympe,
dont la verdure eil admirable. Ces collines font',
pour ainfi dire , autant de degrez pour aller iur
a Ciflw hion (•"' ,m lanf'Ut'r'-.
V OJmMiila'if
fieurs magazins & boutiques fcmblables à celles
du Palais de Paris , & l'on y trouve toutes les
marchandifcs du Levant , outre celles que l'on
travaille dans cette ville. Non feulement on y
confomme la foye du Pays , qui paife pour hi
plus beile foye de Turquie , mais encore celle
de Pcrfe, qui n'ell ni ii chere ni fi elKmée. La
foye de Prüfe vaut jufques à Ï4. ou 15. piailres
r Ô q u e & demi. Toutes ces foyes y font bien employées
, car il faut convenir que les meilleurs
Ouvriers de Turquie font à Prüfe , & qu'ils executent
admirablement les defleins de Tapifi^cries
qu'on y envoye de France ou d'Italie.
L a ville d'ailleurs eft agréable , bien pavée,
propre , fur tout dans le quartier du Bazar. O.i
y boit d'aftez bon vin à trois parais l'Oque. Le
pain & le fel y font à fort bon marché. La viande
de boucherie y elt bonne. On y mange d'i-xcellentcs
Truites & de bons Barbeaux. Les
pes y font d'une grandeur & d'une beauté fiiiprenante
, mais fades & mollalTcs à quelque îrjce
qu'on les mette. En vcn'aiit d'Angora,à Puife
on p.ifle un beau ruiilcau, fur un pânt àfir,-. iiicn.
A a ?. biliip
c Leusel. Hiß. Ül>. y.