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dire fans foi ni Loi : les Turcs les ont cngagci d'y
Venir pour repeupler l'iile où il n'y a'guercs plus
d e 4000. ames, & où les terres nous parurent bien
Cultivées : Pline ne donne à cette llle que 93. milles
de circuit ; les habitans prétendent qu'elle en
il 120.
L a principale richeiTe d'Andros conliite en foye;
quoi qu'elle ne foit propre qu'à faire de la tapiiibr
i e , de même que celle de Thermie, de Carylt:o&
d u Volo , elle ne laillè pas de fe vendre fur les
lieux un écu & demi la livre, & l'on y en recueille
plus de 10000. livres : peut-être que li elle étoit
bien préparée, ou la pourroit employer à des étoff
e s , à des rubans & à coudre. Ceccc Ifle produic
alTez de vin & d'huile pour les habitans , l'orge y
efl: beaucoup plus commua que le frojnenc q l'on
cft fouvent obligé de faire venir du Voio. Les
montagnes d'Andros font couvertes d'Arboulîers
en plulicurs endroits , on en diftille le fruit pour
faire de l'eau de vie : les Meures noires donnent
aulîi un efprit ardent qui n'efl: pas déligréable; &
l ' o n nourrit les vers à foye dés feuilles de) ce Meaner.
Les Grenades y font à gros grains & d'un
excellent goût ,on en donne 100. a pour trois fols:
les Limons n'y font pas plus cliers, non plus que
les b Cèdres.
L e Gadi fait fa refidence d^ins le château avec la
N o b l e i f e du pays & les Adminiftrateurs ; on crée
o u deux de ces derniers tous les ans : l'ifle pay:
: la c 1 f o o o . e cus p o u apic n & p o u r Ja taille réelle
en 1700.
N o u s allâmes falaer l'Aga Commandant de cett
e Me , niché au haut d'une vieille tour quarrée où
l ' o n monte par un efcalier de pierre à 14. marches,
f u r lequel s'appuye une échelle de bois de pareille
l o n g u e u r , qui porte contre le fcuil de la porte : au
moindre foupçon qu'il y ait des Corfiires fur la
c ô t e , on tire l'échelle de bois, & l'on prépare les
moufquets pour les faluer : la tour de l'Aga eil
hors de la ville^ ce Seigneur ne fe por toi tpas bien,
& il reçût fort agréablement nôtre préfent , qui
étoit un flacon de criftal rempli d'elpric volatile,
aromatique, huileux, propre pour le foulager dans
le tems que l'althme le fatiguoit ; toute l'iilc ell:
remplie de femblables tours où logent les plus
c aifez • elles font aiTez, forres & percées feulement
par des lucarnes-comme les cachots des prifons.
, L e s habitai
excepté Mis
s de cette Ifle font tous du rite Grec,
. de la Grammatica deux frères fort riches
& fort ïélez pour l'Eglife Latine; c'eit dans
leur chapelle que le Confuí de France entend la
Meife. L'Evêque Latin n'a que trois cens écus de
r e n t e ; d il arriva il y a quelques années à ce Prél
a t , qui eft homme d'efprit, appellé M' . Rofe,
line cruelle avantui'e: en paiTant d'Andros à Naxie
G E
fa patrie, avec les ornemens & fa vaiiTelle d'EsIi
f e , il fat pris par les T u r c s , dépouillé, bâtomV
mis aux galères, d'où il ne fe tira que par foo écui
d e rançon : on n'a pû découvrir de quel pretexte
o n s'étoit fcrvi pour lui faire cet affront.
L ' E v ê q u e Grecafoo. écus de rente, & beau,
coup plus d'agremens dans cette lile, bien fournie
d'ailleurs de Papas & de Caloyers : les priücipa,,
• - - ' l a f t c r e s font celui de Crufo Pigbi, de
do , & de Sa>j Nicolo Se
de ces Religieux eil telle
obligez pour l'éducadou
1er les Capucins. SigiK
che Marciiand d'Andro
100. écus pour faire relever
bli UQ fond de 60. ducacs d(
:près avoir donné à la ili
idant r
que les bourgeois
de leurs entans .de rappjir
Nicol o Condolhilvo li.
; établi à Venize, a donni
leur couvent, & a éta-
: rent e pour Iciu' entreiftie
les habits fa.
-dotaux & la vaiiTelle neceifaire pour le fe
'in : Mr. Nicolachi de la Grammatica & queles
S
glife
Mr."
la Fé
f e
Seigneurs du pays , quoique du rite
. t auffi contribué au rétabliifement de \' l
de ces bons Peres dédiée à Saint Bernardin,
abandonnée depuis cinquante ans. Ce que
Theveuot rapporte de la proceffion du jour de
•Dieu dans Andros , s'y pratique encore;
que l'Evêque Latin qui porte le corps de
N ô t r e Seigneur , foule aux pieds les Chrâieus
prolîernez dans les rues , de quelque rite qu'ils
foient. Les Jefuites avoient un fore bon hofpice
dans cette Ifle ; mnis ils ont été forcez par les avanies
des Turcs d'en for-tir il y a quelques années.
L e 27. Novembre nous allâmes voir les ruines
de PaUopoUs à deux milles d'Arna vers le fud-fidoueft
au delà du port Gaurio : cette ville quiportoit
le nom de l'ifle, comme l'aiTurent Hérodote
&eGaI ien, étoit fort grande & lîtuée
fement fur le penchant d'une me
intagne qui doiin-
n e toute la plage ; il relie encori
: des quartiers de
murailles très-folides, fur tout d:
ins un endroit refes
marquable, où fuivant les apparences étoit la ciia.
delle dont f Tite-Live fait mention. Outre les
vieux marbres renverfex dans ces ruines , on y
de belles colonnes, des chapiteaux, dcsbaqui
ne fçauroiem être
nous tirâmes ce que nous
is parut la moins eftacéc : il
du peuple d'Andros & des
qui me fit conjedurer qu'elmurailles
ou dans le fai
t que conféqui
& quelques infcripti
prefque d'aucun ufage,
pûmes de celle qui no'
y eil parlé du Senat,
Prêtres de J3acchus, ce
le avoir été placée fur
meux Templ e de ce Die
:11e pouvoi r marquer la iituation de ce bâtiment.
E n avançant dans ces ruines, le hazard nous fit
découvrir une figure de marbre fuis téte & fins
bras; le tronc a trois pieds dix pouces de haut, h
la draperie en cil fort belle : le long d'un petit ruiffcau
Nobills
f Lit.
Dominus, &c.
ä^fi^/,'. lùlk./Ac»!. Uh.
fourninbit de l'eau à la ville, nous ren^rdeux
feau qui
quâmes
oût du
foav(
peut-être
D U L E V A
autres troncs de marbre, où ]c gnuid
fculpteur paroilfoit encore : ce ruilfeau me
:nir de la fontaine appellée a le prcjent de
• mais nous la cherchâmes inutilement:
• qu'elle s'eil perdue dans "
oit do:
Pli
mentionné
/•'ctoit le ruilleau même à qui
: quoiqu'il en foie cette fontaine, au rap-
M u t i a n u s , avoit le ggût du vin dans le
[nois de b Janvier , & ne devoir- pas être loin d.
l'endroit où nou§ nous trouvions, puifq
,lacc proche le T empl e de Bacchus,
iaiis rinfeription.douc on vient de parlci .
nîc Auteur dit que ce miracle duroit fept jours de
fuite, c & que ce vin devenoic de l'eau ii on l'empottoic
hors de la vûé du Temple. PauOinias ne
„le pas de ce changement ;. mais il avance que
l'on eroyoit que tous les ans pendant les fêtes de
Bacchus, il couloit du vin, du Teinple confacré à
Dieu, dans Tlfle d'Andros : les Prêtres fans
nte lie manquoient pas d'entretenir cette croyaneii
vuidant quelques muids de vin par des caaaiix
cachez..
Le port Gaurio n'efl pas loin de ces ruines au
fud-ellde l'ifle , & peut contenir une grande arlée.
d Alcibiade y relâcha avec une flote de 100
ailTeaux ::il prit & fortifia le château de Gauriurn,
d'où vient le nom de Gaurio ou Gabrio. Les Antels
s'oppoférent au projet des Athéniens, avec
toutes leurs forces jointes au fecours qu'ils avoient
reçu du Peloponnef e ; mais ils furent battus &• contraints
de fe mettre à couvert dans l'enceinte de
leur ville : Alcibiade n'ayant pû s'en rendre maître,
alla ravager les Ilîes de Rhode & de Cos, après
avoir lallfé une forte garnifon dans le château de
Gc,!irmr/i fous le commandement de Thrafybulc.
Cen'etoitpas la premiere fois que les Athéniens
••oiciit viiicé l'ifle d'Andros ; Themillocle avoit
lis les Andriens à la raifon quelques années aupaivaiit;
ear les peuples de cette Ifle ayant été longtemps
fous la domination des Naxiotes, furent les
premiers à cmbrailer le parti des- « Perfes dont la
te fubjugua prefque tout l'Archipel. Les Grecs
confederez refolurent d'attaquer la ville d'Andros,
& Thcmiftocle n'ayant pû en exiger les contvibu-
, en fit le liege : comme il étoit grand Capitaine
& bel efprit,il.fit dire aux Commandans de
la place, que les Athéniens avoient apporté de leur
pp deux grandes divinitez, la Verfmjion & la kî-
& qu'ainfi il falloir lui donner de l'argent
ou degré ou de force: les affiegez repondirent,
que pour eux ils n'avoient d'autres divinitez, que
^ipanvreté & V impfiùilite : fuivant les apparences
a ©î'-Kiw. Flm. H\fl. i
^ Kon. jHti.
C«/J. nauUk 31.
i Diod. Sic: 3ibuc:h. hiß. m
•.. ¡ib. :
g Oidi. S:t. O.blielh, Hiß, Iii
N T. Lettre VIIL î^ - î
la ville fut emportée d'ailaut, & l'Ifle fut maltraitée
, puifque i Fericles y envoya quelque temps
après une colonie de z fo. hommes ; au lieu que les
Andriens avoient accoutumé d'en envoyer dans la
T h r a c e , du côté d'Amphipolis que Braiidas g Capitaine
Laccdemonien fubjugua.
h Ptolemée premier du nom voulant donner la
liberté aux villes de Grece, i traverfa tout l'Archipel
avec une puiflTantc a rmée navale , & obligea
la garnifon d'Andros , engagée dans le parti
d'Antigonus, de fe retirer après avoir capitulé: par
ce moyen il rétablit cette ville dans fon ancienne
liberté..
Attalus Roi de Pergame vint aflTieger Andros
avec une armée Romaine , qui débarqua au poit
G a u r i o , appellé Gauroleon par k Tite-Live; la ville
ne fit pas grande reiiilance; & la garnifon s'étant
retirée dans la citadelle, capitula trois jour s après.
Les Romains profitèrent de tout le butin. Attalus
s'empara de l'ifle : pour ne pas la dépeupler , il
pcrfuada aux Macédoniens qui s'y trouvèrent & aux
gens du pays d'y relier. Les Romains après la
mort de ce Prince, héritiers de tous fes biens,poffederent
l'ifle jufques à ce qu'elle paffa aux Empereurs
Grecs.
1 Andros fe rendit à Alexis Comnene revenant
d'Italie d'implorer le fecours des Croifez,
pour rétablir fur le thrône >" Jean Ange Comnene
f o n pere, chalTé, mis en prifon & privé de lavûë
par fon frere Alexis Coimiene Andronic. Quelque
temps après la prife de Conftaiitinople , Maria
Dandolo fe faifit de l'ifle d'Andros ; elle fut en- •
fuite poifedée par la maifon de n Z e n o , & donnée
pour dot à Cantiana Zeno époufe de Couriin de
S o m m e r i v e , comme le remarque le 0 P. Sauger
dans la vie de Jacques Crifpo XI . Duc de Naxie.
Courfin troifiéme du nom & feptiéme Seigneur
d'Andros fut dépouillé par BarberouiTe ; mais à •
la follicit.ition de l'Ambaifadeur de France, Solyman
II. le rétablit dans fon domaine : Jean François
de Sommerive fut le dernier Seigneur de cette
i f l e ; & fes fujets d u rite Grec, après avoir voulu
l'aiiaflîner, fe donnèrent au T u r c pour fe délivrer
touc-à-fait de la domination des Latins.
L e port Gaurio efl: le meilleur port de l ' ifle, Scies
Vénitiens y viennent donner fond lorfqu'ils ont
la guerre avec les Turcs. A un mille de terre visà
vis de ce por t , eft Gaurionifi écueil afl'ez long
entouré de quelques rochers ; c'eft peut-être l'ifle "
de Caura de Baudrand : la nuit qui nous furprit ne
nous permit pasd'examiner s'il y refte encor e quelques
veltiges du château Gaurinm.
N o u s fumes contrains de venir coucher au Mo- -
n a f -
m Du m. dei Emp. de C,
e <¿fí ûm dt VsArcLi^tl.