
'ill
130 o Y A G E
, comme qui dîroit de bons Lahoursurs. Les
I b e r i e n s , comme nous l'apprend Dion Cillîiis,
h a b i t o i c i i t les terres qui font cn-deçu & en delà
d n fleuve Kur , voifins par conféquent des Arm
e n i e n s du côté du Couchant , & des Albanois
d u côté du Levant ; car ceux-ci occupoieiit ies
t e r r e s qui font audelà du Kur jufijucs à la Met
C a l p i e n n c . Ces Iberiens , peuples fort aguerris,
f e déclarèrent contre Lucul lus pour foût.^nir Mi -
t h r i d a t e & Tigraue fon gendre. Plotarque rem
a r q u e qu'ils n'avoient jamais été fotrmis ,
a u ï iVIedcs, ni aui Pcrfes , ni même au grai
A l e x a n d r e ; néanmoins ils furent battus par Por
p é e qui s'avança jufques à trois joiîrnces de
M e r Cafpleniie , mais il ne pilt la voir , quelq
q u ' i l en eût , à caufe que tout le pays etc
^rt de Serpens dont les morfures étôi
t e l l e s . Atroces qui reguoit alors chez les Iberiens
t â c h a d 'amufer Pompé e C.ns prétexte d e recherche!
f o n amitié ; mais Pompée entra dans fes terres,
&
A c r o p o l i s oti le Ro:
C o u r . Artoci
ftirpris & épouvante s'enfuit au
d e l à du Kur
b r û l a le Pont. Tout fe foûmit
aux Romains
qui par là fe rendirent les maîtres
d ' u n e des prii
ipales gorges du M o n t Caucafe.
P o m p é e y laiiTa di
• guarnifons & acheva de foû-
m e t t r e le pays qui el't • le " li
" du Kur. N e peutil
• o n pas conjefturer que 'Tefl'.
A'AcnftUs capitale de l'Ibeti
L e nom. & la iituation de
t o u t - à - f a i t cette penfée.
P o m p é e fans vouloir écoute:
f r t i o n s de paix , pourfuivît &
C ' e i t apparemment de
l'ancienne ville
f u r h
; t t c
; fleuve Ku]
i l l e favorifei
aucun
,nqu"
:s propo-
A r t o c e s .
c o m b a t dont pari
^ Ro "
P l u -
t a r q u e dans la vie de cet illuli
a f f û t e qu'il refta neuf mille fbi
c e , & que l'on fit plus de dix 1
C ' e f t auffi ce même Atroces qt
l a paix, envoya à Pompée fon
f e l l e de fon cheval. Quoique toutes ces piece
f u f i è n t d'or, Pompée qui ne voulut écoûter au
c u i î accommodement qu'il n'eût reçû le fils d
R o i pour ôtage , ordonna aux Quefteurs de l'ap
m é e de tes mettre dans le T r é f o r public. Apple]
ù i l
iens fur la pial
l e prifonniers.
, pour obtenir
t , fa table & la
a p p e l l e Artocus le Ro
thace , & Sextus Ruffu
n i d i u s Craffus Lieutena
r e c o m m a n d a b l e le nor
M o n t Caucafe , pour
P l u t a r q u e . Canidius entra d
m ê m e endroit que Pompée. S
j u g u a Pharnabaze Roi d'Ibi
d ' I b e r i e El
s le nomme Arfn
e t de M . Antoine rendit
n de ce Général dans le
; fervir des termes de
l ' I b e r i e
ant Dion
. & Zobi
par le
1 ilftb-
:re Roi
e l ' E m -
i Roys
d ' A l b a n i e ; l e même Hiftorien rapporte qu
pereur Claude rendit l'Iberie à un de fe;
« p p e l l é Mithridate. Ce nom a été con
p l u f i e u r s Roys du Pont , du Bofphore Cimnrer
i en , & d'Iberie. Mithridate dont nous parlons
fut dépol ledé & tué par fon frcre Pharafr
mais tous ces changemens nous intercffen
C e l u i qu'on y iît fous le grand Conllantin i
q u ' o n y faife plus d attention.
I ^ c u permit que les Iberiens, qu
n o i i f o n s ' a u j o u r d ' h u i G
fuirent éclairez de la
d ' u n e efclave Chr&ieti
f e s miracles, & guérit
qui hn furvint aux yen
f o i t . Socrate ajoûte q.
demandèrent des Evéq'
is le nom d
iyc__Foi p
100s con
Georg
- - ,.„ le
e. Elle les cou.„„,
leur Roi d'une fuftt.
dans le temps qu'il c y
: les nouveaux Co
à Conlbiitin
ille, loliyoi
i p o ,
f a i r e inftruire ; & Procope affure q
les meilleurs Chrétiens de leur temps. Gvre
u n de leurs Rois , preffé par Cavade , Rc
P e r f e , de fe conformer à lit Religion , im,
le fecours de l'Empereur Judin qui av
d é à Anallafe , & cette afl'aire alluma
e n t r e les deux Empires. U n autre de le
n o m m é Zanabarze , vint à Conliantiuople
temps de Jultinien pour s'y faire baptife
f a f emme , fes enfans , & plufieurs Scign
a Cour. L'Empereur lui donna de grandes lii»
ques d'eftime & d'amitié.
A prefent tout eli bien changé. Le Prince i
G é o r g i e , qui proprement n'ell que le Gou
neur du pays, doit être Mahome t an, car le Ra
d e Perfe ne donne point ce Gouvernement à
S e i g n e u r d'une Religion differente de la lien
L e Prince de TeBis s'appelloit Heraclée, à.
le temps que nous y é t ions, il étoit du Rite Grie
mais on l'obligea de fe faire circoncire. 0
que ce malheureux^profeffoit les deux Religi
car il alloit à la Mofqué e , & venoit à 1
c h e z les Capucins oti il beuvoit à la famé d
S a i n t e t é . C'étoit le Prince dn monde le plu
c o n l l a n t & le plus indéterminé ;
changer de fentiment plufieurs fois tout de M
f u r tes aiFaires les plus claires : en voici un etcm
pie à l'égard d'un fcelerat, qui fuivant le juge
ment de tout le monde méritoit pkisqu
s'il cil poffible d'ôter aux hommes quelque cW
de plus précieux que la vie. Un Seign.
lui réprefenter l'énormité des crimes decetlio:"
me ; le Prince ordonna fur le champ q
c o u p â t la mai n dont il s'étoit fervi pour
autres ; mais une D ame ayant imploré fa clciiiet
c e , l'aifûra que tesenfansde ce malheureuxmoil
r o i e n t de faim ii le pere perdoit la maiii qui il
g n o i t leur vie; l'ordre fut révoqué d'abord, t)
C o u r t i f a n fit conuoître après cela au Pri
pour le bien public cet houime méritoit
Q u ' o n l'éxecute donc, dit Heraclée. Lafemi«
du criminel vintenftlite fejetter à fes pieds; qu
f u f p e n d e l'éxecution , dit-il. Après que et»
f e m m e fe fut retirée , un Favori du Prince »
r c p r e f e n t a qu'on perdroit le refpeû qu'où loi *
voli
[loriei
imir
uurd'hui
lear,
il
D U LEVANT.
s'il pardoanoi t de femblables crimes ; qu'on
pu'iiillc, s'écria-t-iL Pour lors ie boutreaa le
i[ HQ mot & coupa la inaia au criminel -, mais
Prince , à U follicitation d'im autre Favori à
les parens du fcelerat avoient fait quelque
lient, priva le bourreau de deux villes qu'il
parce qu'il ii'avoit pas attendu fa der-
'Olonté. Les bourreaux en Geòrgie font
ort riches, & les gens de qual ité y exercent cetcharge
5 bien loin qu'elle foie réputée infâme ,,
inme dans tout le refte du monde , c'eft un titre
c e pays-là pour les familles. On s'y
r e û plufieurs bourreaux parmi fes anctres,
& ils fe fondent fur le principe qu'il n'y
rien de fi beau que d'éxecuter la Judice, fans la-
ILclle on ne fçauroit vivre en fureté. Voilà une
. ime bien digne des Géorgiens.
La Geòrgie eft un pays fort tranquille au-
••• • , mais elle a fervi plufieurs fois de
la guerre entre les Tur c s .& les Perfes.
iilapha Pacha qui commandoic l'armée de
i t e Moma t , prit Teflis en 1578. Il mit tout
pays à feu & à fang , & fit paffer à Conftantiipiê
les deux fils de la Reine de Geòrgi e , dont
'uufe fit Mahometan , & l'autre mourut Chré-
. Les Perfes cependant vinrent au fecours
Géorgiens , & il refta dans une bataille foite
& dix mille Turcs fur la place. La guerre
ralluma encore en 1583, mais les Tur c s y
iirrat toujours battus. Mr. Chardin décrit fore
long par quels évenemens la Geòrgie eft paf-
I fous la domination des Perfes , on peut le
onfuker là-deiTus, car cet Auteur paroît fort
j e le trouve t Meiii r o p p r é v e n u e n f a v e u r
Geor
Le Prince de Gporoîp a plus de fi'î ren<: 7ode
m „„j
lllMli
» c n t
01
rente , fuivant la manière de compter
in pays i un T oma n vaut 12. ecus & demi Roaaiiis
qui font 18. Jjlaxis ou Abeuqutli ^ ce
Mt des ecus que l'on frappe en Hollande pour
Levant. Les Orientaux les nomment AJl-anis,
caufe de la figure du Lion qu'ils appellent
pu. Cette monnoye eft connue en Egypt e fous
•m d 'Âè o u p i e l Les revenus du Prince conca
une peniion de 200 Tomans que le
)i lui fait, & en ce qu'il retire ou de la Douan-
«ieTciiis o u des entrées de l 'Eau de v i e & des
'lelons; le tout va à près de 500. T oma n s , fans
omptcr ce qu'il exige fous précexte de régaler
fsGnnds qui palfcnt par Teflis. Le pays lui
""" it des moutons, de la c ire, du beurre & du
Pour les moutons il en retire un par au de
f eu , cc qui fait le nombre de 40. mille
utons; car quoiqu'il y ait foisante mille feux
G é o r g i e , on ne nourrit des troupeaux que
IS quarante mille maifons. A l'égard du vin,
1 ea donne quatre mille fommes au Prince j
Leiire XVII'L
u n e f o m m e p e f c q u Batrnam , l e Batr l an
eft de ilx oques.
L e s SeijuiMs de V eni f e , qui ont cours par tout
l ' O r i e n t , valent dans Teflis fix Abagis chacun
& trois Chaourts ou Sains. Le Sequi,1 vaut fept
l i v r e s dix fols monnoye de F r a n c e , ainfi TAbagi
v a u t environ vingt & deux fols ; quatre Chaouris
font un Abagi. Cette monnoye fcmble avoir
r e t e n u le nom de ces anciens peuples d'Iberie
q u ' o n appellpit Abafgiens. Il eft vrai qu'on écrit
A b a j f i^ quoiqu'on p r o n o n c e , c'eft-à-dire,
m o n n o y e frappée au nom du Roi Abas. Ainfi le
C h a o u r i revient à 5. fols 6. deniers; U b Ufahon
vaut demi Abagi ou deux Chaouris , c'eft-à-dire,
I I . fols. U n Chaouri ou Sain vaut 10, Afpres de
c u i v r e ou Carbeauis^ dont 40. font un Abagi . Enfin
une Piailrc vaut dix Chaouris & demi.
L e s Géorgiens & les Arméniens payent la Cap
i t a t i on au K o i de Perfe fur le pied de fix Abag
i s par tête. Cette Capitation eft aíFermée 30:^.
T o m a n s . On prefente au R o i en h omma g e quat
r e Faucons tous les ans , fept efclaves tous les
t r o i s ans , h vingt-quatre charges de vin ; mais
o n ne laifle pas de lui en envoyer beaucoup plus;
o u t r e cela laplûpart des belles filles du pays font
d e f t i n é e s pour fon Serrai!. Les Georgiens font
g r a n d s yvrognes & boivent plus d'eau de vie que
d e vin ; les f emme s pouffent cette débauche plus
l o i n que les h omme s , on peut juger par là fi elles
f o n t cruelles. C'cft peut-être cet excès d'yvrogner
i e qui a gâté le beau fang de G eòrgi e , car rien
n e contribue plus à faire de beaux enfans, que la
v i e réglée , & c'eft pour cette raifon que le fang
eft fort beau en Turquie. On y voit peu de boit
e u x & peu d'eftropiez , fur-tout dans les pays
qui font u n peu avant dans les terres o ù les Francs
n e féjournent pas ; car on accufe ces derniers
d ' i n c o n t i n e n c e par tout où ils en trouvent l'occ
a f i o n .
L a débauche cft grande dans Teflis parmi les
C h r é c f e n s ; il eft vrai qu'ils ne font Chrétiens que
d e nom : d'ailleurs les Mahometans & les Juifs
n ' y vivent pas plus régulièrement. Le vin eft la
f o u r c e de tous ces defordres ; il faudroit par polit
i q u e en défcndrfe l'uñige à ceux qui fe portent
b i e n , &ne le permettre qu'aux malades. Chardin
a remarqué avec raifon, qu'il y a peu de pays
o ù l'on boive tant de vin qu'en Géorgie; pauvres
& riches tout le monde en prend avec excès; ces
débauches leur font fupporter plus doncement le
j o u g des. S e igneur s qui les trair^nc avec tyrannie.
N o n feulement ils les fr-^: travailler à coups de
b â t o n & enlevenc en f a n s pour les vendie à
l e u r s voi f ins, fîuand ils ont befoin d'argent ; mais
ils préte"íícnt avoir droit de vie & de mort fur
leurs^ Ai icts. Le vin gris de Géorgie eft affez bon ;
c e l u i que l'on fournit à la C o u r de Perle eft
R a vi a