
111,
•! - 'Si
¿ 4 V O Y A G
o b l i g c c s de pafTer duns Tcndroit où ii n ' y avnît
q u e duterreîii : c'eil d ans ce terrcin qu'elles comi
n e i i c e r c n t à Ce creufcr un canal en le prefentant
d e front par une colomne qui amollit les terres
& les emp o r t a par diftereiitcs fecouflès. Les eaux,
f i r i v u n t cette hypothele , le firent d'abord une
o u v e r t u r e en ligue droite entre [es deux rochers
o ù fout les nouveaux Châteaux, & de'trei
npcrrent
] e s terres qui occupoient le premier cc
ü d e ou
f o n t les Golphes de Saraï a & de Tharabie'
, cond
t r a i n t e s de fe tenir dans un baflin borde
e roe
c h e r s fort élevei : mais leur pente mrui
l l c Ies
É t defcendre enlnite jufques au Kiofc d(
S o l y -
m a n II. & de là changeant de déterminatior
l a rencont r e d'autres nouveaux rochers, elles form
è r e n t le fécond coude du canal dont les terres
o b é i r e n t du côté du Midi.
C e t t e route avoir été fans doute tracée par
l ' A u t e u r de la natur e j qui fe fervit des eaux pour
c r e u l e r les terres dont elle étoit rempl ie; car fuiv
a n t les loix du m o u v eme n t qu'il a établies, ell
e s fe jettent toûjours du côté qui s'oppofe le
m o i n s à leur cours. Celles de la rner N o i r e cont
i n u è r e n t donc à charrier les terres qui le trouv
o i e n t entre les deux rochers o n font les vieux
C h â t e a u x , & par - l à elles poniferent leur canal
j u f q u e s à la pointe du Serrail j dont le fond ert
u n e roche vive & inébranlable. Ce bras de mer
e m p o r t a peut-être tout d'un coup la digue de
t e r r e qui reftoit entre Condantiuople & le Cap
d e Scutari , d'où il fe dégorgea dans la mer de
M a r m a r a .
C ' e f t dans ce temps-là , -fui-vant les apparences,
q u ' a r r i v a cette grande inondation dont parle a
D i o d o r e de Sicile l'un des plus fidèles Hilloriens
d e l'antiquité. Cet Auteur alfure que les peuples
d e b Samot'nrace , Ifle confidérable lîtnée à gauc
h e de l'entrée des Dardanelles , s'aperçurent
b i e n d e l'irruption que .le Pont -Euxi n fit dans la
E r o p o n t i d e par l'embouchure des Illes Cyanées ;
c a r le Pont-Euxin que l'on regardoit dans cc
t e m p s - l à comme un grand L a c , augmenta de
t e l l e forte par la décharge des riviére-s qui s'y
d c ' g o r g e o i e n t , qu'il débord.a dans la Propontide
& inonda une partie des villes de la côtcd'Alîe,
l e f q u e l l e s fans doute fe trouvoient plus balles
q u e celles d'Europe. Malgr '
It j u f q u e s fur 1.
3 t h r a c c , & fir
L e s InTulaire
d e no
t a g n ; Sai
les de
: l e _
: pays.
l a tradition du
p a r là
lcrv.at;
c h a n g e m e n t e.1 a
g e des Argonautes ,
fituation le
i plus hautes mount
changer de face
¡ de l'antiqr
t r e Hiftorien ,
d e s plus belles
il efl certain qu
- t e m p s n t l e V
H i •QS l i t r e p n r c n
. n,ß. I
o y a g e
t a n t ,
E
12Ö3. ans a'
qi
c e qi
m j e a
i q u e ,
J l e m e ;
s ' é t ü
f o r t ' v :
r i t é hilk
g r a n d éc
[ e r r a n é e
la même
Il ell
P r o p o n t i d e , qu
q u ' u n L a c fornu
R h y n d a c n s , ayi
c r e u f e r un canal
u n autre partage
r a n é e , & déciiai
c h e r s à force de
P r o p o n t i d e ne le
r o c h e r « que les t
q u e celtes q
n t Jefus-Chrij. •c^
. . .. „ „ n s de propofer coin,
.ire de phyfique , devient ii„c
& doit nous perfuadcr que il
i t d e Ja P ropont ide dans la .JVlEdi
it lait long-temps auparavant pj,
• a i f c n i b l a b l e que les eaux de-L
•i netoi t pent-etre aneieniicme,,,
: par les eaux du Graniqueiè
i n t trouvé plus de facilitéis
aux Dardanel les que de fe ft,
, fe répandirent dans la Mdte.
• l i è r e n t pour a,ni. dire, les
•laver les terres. Les Illes de 1,
int antre choie qne les redes do
;aux ne purent diffoudre, demi
•lait de bruit dans I' »
t i q u i t é fous le n o m des IHes Cy.onées d'Europe ¿
d ' A l i e à l 'embouchur e de la mer Noire, il [ij,.
b l e que les Illes font c omme autant de clo® at.
t a c h e z au globe de la terre, & dont les moiia.
g n e s font , pour ainli d i re, les têtes.
¡Mais quels changemens les Mes de la mer,
E g é e ne reçûrent-elles pas par le débordcmtm
d u Pont -Euxi n , à fur tout celles qui fe trou,
v e n t expofées comme en ligne droite i Biiifiiit
S a m o t h r a c e , qui eft à côt é du canal , en fiilitll
e m e n t inondée que fes habitans ne favoient à
q u e l s Dieux fe vouer : li les pêcheurs quand les
e a u x furent abaiirées tiroient avec leurs fileisdei
c h a p i t e a u x de colomnes & d'autres raorceauï
d ' a r c h i t e a u r e . S'il en faut juger par la violtiice
d u coup que les eaux portèrent dan
G r e c e , eft-il f u r p r e n a n t que les plus
r e n t s Hilloriens & Poètes , ayent
p l u l î e u r s Ifles s'étoient abîmées dans
& qu'il s'en étoit formé de nouvelles
q u e la fameuf e Delos ne parut que da
l à . , & que les peuples des Illes voilii
n e r e n t ce n o m qui fignilie Mamfeftt,
n é a n m o i n s la plûpart des anc'
& de conteurs de tables
la mer dt
ncieiis ilupublic
(lie
l'Areliipd,
' Peut-êiit
IS ce tempses
lui don-
Oo tiïitt
A u t e u r s de li-
C o m b i
l o n i e s ne fal lut il pas établir après ce r.ivage? Et
i q u e ne faurions-nous pas fi les ouvrages de ceux
' qui avoieut décrit tous ces changemens étoient
p a i ï e z jufque s à n o u s , comme cetix de Diedore?
C e qui nous paroît déplus incroyable dans Fliiit,
n e font peut-être que les meilleurs morceaux de
p l u / i e n r s Anteurs qui avoient écrit fur ces matitr
e s , & dont .le relie eft perdu.
J e vous demande pjrdoi
Il |C p o u f l é l a .Philofophie
d ' u n favant Miniftre à q
n o i f f a n c e d e tant de belles
IVIo.N
1 peu lo
IG NEUIti
L'exciiiplt
.joiis -dcvcos la coiii
h o f c s , m'adípayí"é;
. . mais
tchipîî.
D U L E V A N T . Lettre XIV.
.„!< cc n'en P » pour le f.
. ho m m e d
e n toutes chofes ;
q u ' i l étoi t , puif-
" ¡ \ oris la formation des mers dans un
. '°J t oppofe au feus naturel. 11 a crll que
' f , mr fes fecoulfes ayant feparc des terres
im utague de Calpe, s'étoit répandu
i ' i ' T v a i r S a c e où eft prefcntement la Me -
iniiée que cette mer avoir enfuite percé les
érs le Nor d & produit la Proponiide ou
• ' f d e Marawr a , la mer Noire , & les Palus
£ c . Cependant indépendemment de 1 o b -
r r „ , de Diodor e de Sicile , s'il ell p e rmi s de
' 2 et r la fotmation des chofes peu à peu ,
' l l p " plus raifounable de regarder les Palus
î d Ui me r Noire , la Propont ide, & la
S d i t ' e ù a n é e , comme de grands Laes for-
, > Oue pouvoient devenir les eaux qui fe ra-
S o i c n t eiifemble jour & nuit dans les memes
£ vant qu'ils eulfent leurs décharges ? elles
S i e i n fans dout e des Lacs P' o d i g e u f e
iit»duc, qui auroicnt enfin couver toutes les
leris veiiiues , s'ils n'avoieut force leurs digues
¡ , 1. maniéré qu'on a dit plus haut.
li en donc certain que les eaux du N o r d tombtiit
dans la Médi ter rané e par le Bofphor e Cim-
•lien par le Bofphore de Thrace , & par le
S d e s ' D a r d a n e l l e s qui , fuivant l'idée des an;
dois eft une autre efpéce de B o f p h o r e , c'eft a
fcmibras de mer qu'un beeuf peut traverfer
ill nare La décharge de la Médi ter ranée dans
ïOcem eft a u détroit de Gibraltar o ù heurcufemtntles
eaux trouvèrent plus de facilite a fe creufe
un canal , que de fe répandre fur les terres
fAfiiqne. L e Seigneur avoit lailH cet t e ouverture
.litre le mont-At las & celui de Calpe, il ne ftlloit
qa'en déboucher la digue. Feut-eire que 1 i r -
,.,tion épouvantabl e qui fe fit alors dans l'Océan
fémergeaou emporta cette fameufe Me A lantide
que "Pl a t o n décrit au delà des côtes d t f p a -
¡.e , & b D iodor e de Sicile au dela^ de celles
d'Afiique. Les Mes Canaries , les Açores , &
l'Amérique e n font peut-être encore dcs_ reftes;
S on ne fera pas furpris qu'elles ayent ete peuplits
par les defcendans d 'Ad a m & de Noé_; m
qie leurs peuples ayent eù l'ufage des memes
armes que les anciens peuples d'Al i e & d'Europe,
c'eil àdire de l'arc & des flèches.
Pline auroit donc mieux fait de s'en tenir au
fentimcut de quelques Auteur s qui ne lui ètoient
îas inconnus, & qui de fou aveu failoicnt venir
léserai dans l'Océan du Nor d an Midi. Comment
juger du cours d'une eau dormante? delà
Saône pat exemple, ou de la Marche, C ccn'ell
T o m . II.
1 Tim. 7,m, j. . M,!. Hmù. S„fi.
par les courans qui palTent fous les arches de
l e n t s ponts or ces courans liint manifeftes dans
l e s Bolphores dont il s'agir. II n'y a q u ' u n e circ
o u f t a n c e qui pnilfe favorífer le fentiment de
P l i n e , c'eft lafalûre de l'eau de toutes ces mers;
il n'eft pas polïïble de rendre raifon comment
ces grands Lacs dont nous avons parlé , & qui
n e fe font formez que par ia décharge des rivièr
e s d'eau douce, font devenus falez. Mai s oulre
l a communication de l'Océan avec la Méditerr
a n é e , il eft certain que les eaux de la inerNoi'
t e font beaucoup moins falées que celles de nos
m e r s ; & d'ailleurs les terres qui font autour de
la me r Noire lont toutes remplies de fel foffile
qui fe difl^out continuellement dans fes eaux; ce
f e l mêl é avec une port ion de Ibuf r e que fournit
l ' h u i l e des poiffons qui s' y pourrilTent continuell
e m e n t , augmente ce degré de falûre, & comm
u n i q u e ce filet d'amertume fi fenlible dans i'eati
m a r i n e . La mer Cafpienne par la même raifon
ell auffi falèe que les autres m e r s , quoiqu'elle ne
p a r o i l f e qu'un étang o ù il ne fe d é cha rge q u e des
e a u x douces.
A v a n t que de revenir au canal de la mer Noir
e , il eft bon de remarquer que la prophétie de
P o l y b e ne s'eft pas accomplie. Ce bon homme
s ' e ' t o i t imaginéque lePont-Euxi n devoir fe chang
e r en marais ; & même il ne croyoi t pas que le
t e m p s en fût trop éloigné, parce que , difoit-il,
l e limon que les rivières y charrient devoir form
e r une barre de vafe capable d'en embarraiTer
l ' e m b o u c h û r e , de même que de fou temps 011
v o y o i t une barre confiderable de vafe aux bouc
h e s d u D a n u b e . Heureufementpour les T u r c s >
à qui le c omme r c e de la me r Noi r e procure tant
d e fortes de biens, le Bofphore s'ell confervé,
& p eut - ê t r e eft-il devenu plus grand. Quoiqu'il
e n foit, il n'y a pas lieu cV craindre qu'il s'y
f o r m e de barre; cela n'arrive qu'à l'embouchure
des rivières , dont les eaux font répouiTèes vers
les terres par les vagues de la m e r , & par les
m a r é e s . Rien ne fait rebroulfer les eaux de la
m e r N o i r e ; le Bofphore au contraire eft un canal
de décharge , où les eaux coulantd'clles-mêmes
par des endroits étranglez , pour ainfi dircj
d ' e f p a c e en efpace , augmentent la viteflt & ent
r a î n e n t tout ce qui pourroit s'oppofer à leur
c o u r s . Par rapport aux marées , Strabon a re- •
m a r q u é qu'il n'y eu avoit point dans le Bofphor
e , & Mr . le C omt e de Mar f i l l y a obf e rvé qu'el- '
les n'y etoient p.ts fenlibles. Quelque rapide que
f o i t ce Bofpliorc, fes eaux ne laillent pas de fe
g é l c r dans les plus grands Hivers. Zonare allure .
q u ' i l y en eut un fi rude fous Conf tant i n Copron
y i n e , que l'on pafiiiut à pied ilir la glace de
C o n f t a n t i n o p l e à Scutari ; la glace foùtenoi t mê-
1 me
b mihi . wjl. al'. !. ' • '