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mes de garnîfon, quoiqu'il en fallût plus de quliiae
cens pour la deffendre. Les murailles font comme
en limaçon tout auiour de la roche , flanquées
fur des tours quarrées » dont le canon en
erapécheroit les approches s'il ctoit bien fervi,car
CCS tours ne font pas plus élevées que les murailles
, & paroilfent comme des plateformes. Les
foüez n'ont gucres plus de denx coifes de largeur,
& encore moins de profondeur, creufez dans un
roc très-dur. Si cette Place croit fur la frontière,
on la rendroit imprenable à peu de frais. Les marchandifcs
que Ton conduit d'Erzevon à Erivan
par AiTancalé , doivent demi piallre par cnar^e,
foit de cheval ou de chameau , quoique la dirterence
des poids foit fort grande. Celles qui vicn-
Bent d'Erivan à Erzeron ne payent que la moitié
des droits. Nos Plantes feches ne payoienr rien
du tout; les Turcs & les Perlans ne ront pas cas
de Cette mai-chandife , que nous eílímions pourtant
plus, que la plus belle foye du Levant.
Le chemin d'Alfancalé à Erzeroii^lt fort beau.
Nous le fîmes en fix heures de temps, & nous
courûmes le même jour embraifcr Mr. Prefcot
• Confuí de la nation Angloife,nôtre bon ami,.qtii
avoit bien voulu être le dépolitaire de nos hardes,
de nôtre argent, & de nos Plantes-feches. Nous
allâmes le lendemain rendre nos refpeds au Beglierbey
Cuperli nôtre procefteur i qui nous fit
mille queftions fur ce que nous avions vû. dans
nôtre route , & fur tout touchant la difference
que nous trouvions entre la Turquie & la Perfe.
Après l'avoir remercie de fii recommandation pour
îe Pacha de Cars , nous lui contâmes une partie
de nos avancures; nous nous louâmes fort du bon
naturel des Perfans, & du bon accueil qu'ils faifoient
aux Francs, Il nous dit entre autres chofeçj
que le Patriarche des Trois Eglilcs étoit un bon
marchand Hu'tk ^ faifant allulîou auprocezquüi
2 avec le Patriarche Arménien de Ju-rufalem,
pour îe débit de l'Huile facrce que l'on employe
dans radminiiîrationdesSacj-emens parmi les Armen
i en s.
Nous allâmes vifiter la campagne après nous
itre délaifez dans la ville , & ne manquâmes pas
de parcourir la belle vallée des 40..A/0«//«/où
nous avions lailTé trop de Plantes rares en fleur,
pour oublier d'en aller amaiTer les graines. Nous
paiTâmcs.dans le même, deifcin le premier Septembre
au Monaflsre Rou^e des Arméniens, d'où nous
montâmes encore vers les (burees de l'Euphrate
pour continuer nôtre moiirun. Les Curdcs,. graccs
à Dieu ,. avoient evacué ces Montagnes, aiiiii
nôtre fécondé récolte fut faite avec plus de tranquillité
que la premiere, Cette récolte conliltolt
plus en graines de plantes que nous avions deja
\'.eucs- qu'en nouvelles découvertes ; mais ces
gfaines. li'étüient pas le moindre fruit, de. nôtic
voyage. C'eft par leur moyen que les Plante;
d'Armenie fe font répandues dans le Jardin du
R o i , & dans les plus célébrés Jardins de l'Enrope
, aux intendans def^uels nous en avons communiqué
une bonne partie. Nous nous aniufions
de cette mauic're autour d'Erzeron , tantôt d'un
côté , tantôt de l'autre , & nous ne laiilions pas
de glaner utilement. Voici la defcription d'une
très-belle efpece ¡yArr/ioife , dont perfomie , jj
crois , n'a fait encore aucune mention. Ellefc
trouve dans le Ciineiiere des Arméniens, & ¿31,5
quelques endroits autour de la villt: où elle
ne fleurit qu'en automne.
La racine de cette plante eft longue d'environ
un pied , dure , ligneufe, grolfe coimne le peiit
doigt, garnie de fibres chevelues, blanche en dedans
, couverte d'une écorce rouiTâtre. Les tiges
nailfent ea bottes , hautes d'environ deux pieds,
droites,, fermes , liiTcs , vcrt-pâlc, rougeâtres en
quelques endroits, caiïantes ,. accompagnées de
feuilles tout-à-fait femblables à celles de la Tanaijîe
^ mais in.fipides & fans odeur; les plus grandes
ont environ trois pouces de long fur deui
pouces de largeur, vert-brun, liiTes, découpées
profondément jufques à la côte, t& recoupées à
dents très-menues ; elles diminuent jufques au
bout fans changer de figure. De leurs ailletles
naillenc des branches longues feulement de demi
pied , fubdivifées en plufleurs brins tous chargeî
de fleurs fort ferrées & relevées en haut; ce font
des boutons femblaoles à ceux de V/Irmoife cmy/
tune , compofez. de quelques demi-fleurons fort
menus & purpurins , renfermez dans un calice
à petites écailles vert-foncé. Chaque fleuron porte
fur un enibrion de graine , lequel devient une
femence très-menuiî, rouiîâtre, longue de demi
ligne. On ne découvre point de faveur ni dV
deur dans cette Plante , elle aime la terre gralFe,
fraîche , humide.
Au Sud-Ell d'Erî-cron eft Ta vallée de Caracm
qui eft toute remplie de belles Plantes. Nousy
obfervâmes entre autres chofes le vrai NapcUiceupé
, comme le reprefente la figure que Chifius
en a donnée. La Caryophyllata aiiuatica ^ U'
tante flore C B. n'y eft pas rare. Rien ne nous ftifoit
plus de plaifir que de voir de temps en temps
d.:'s Plantes.des. Alpes & des Pyrénées.
En attendant le départ de la Caravane de T'acat
dont nous devions profiter pour aller à
Smyrne, nous allions cauferdans les Caravanfcrais
pour apprendre dés nouvelles. Nous y trouvâmes
une troupe d"e ces gens qui vont chercher
les Diugucs en Perfe & dans le Mogol pour les
apporter en Turquie, lis. nous aiTeûrérent que
c'eft principalement à Machat ville de Perfe, ou
ceux du pays font leurs principaux magafins;
mais tout ccla uc nous, inftruifoic gucres , car
ceui