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C ä ssUà. O rie nia lis Cka r,xoei rvos foli o f i o rv Uli e
n u L E V A N T . Lettre XFIIJ.
Mlcs chofes ? On moiiTonnoit le bled dans le
¡Me la'iValUe où noiis campâmes. Nous com-
,,,rames à voir dcsvigncs cejoiu-Ià , maisquoile
vin ne fût pas bon , on ponvoit le regarcr
comme du Ncétar en comparaifon de celui
ae ron boit à Erzeron. Le paylage du lendcmani
efâtpas moins agréable , car depuis crois hcucsdumatiiijufquesàdix
, nous marchâmes dans
ne vallée qui, quoi qu'étroite & cfcarpée , éroit
léiiimoins cliarmante par fa verdure & par fes
üffereus points de vcue. Les habitations iontdans
éfond ou à mi-côcG , les bois en occupent les
•liitcurs, tout le relie cii rempli de vignobles &
eKrws naturels , où les Noyers, lesAbricoers,
fes Pêchers, les Pruniers, les Poiriers & les
'om'miers viennent d'eux-mêmes. Si cette vallée
'c(l pas celle que Procope décrit, entre le pays
es T¿ans & la Perfe-armenie , on ne peut pas
ûût^r que ce ne foit un de ces -quartiers de la
Jeorgie où, fuivant Strabon , abondent toutes
jrtcs de fruits que la terrey produit fans cultue,
On n'y donne aucune façon, diccer Ameur, à
¡vielle, ii ce n'eü qu'on la taille tous les cinq ans.
iprèsavoir paifé le pays desTzans, fuivant Proope,
on entre dans une vallée profonde, efcarcc,
qmell des appartenances du Mont Caucabien
peuplée , où l'on mange de toutes les
ras de fruits que l'on peut fouhaiter en automf,
Elleeit pleine de vignes & f e termine, après
rois journées de chemin , par la Perfe-armenie.
i qu'il y a de certain, c'eft que nous n'étions pas
loigneiduMont-Caucafe. Les montagnes qui
'îîeiident depuis Cars jufques àTeflis & vers la
,kr Cafpienne font proprement les Monts Mofriiques
des xAnciens, leLquels , fuivant Strabon,
•icitpent l 'Armenie jufques chez les Iberiens &
:s Albanois. Quoiqu'il en foit, cette belle val-
^idoiu on vient de parler , finit par une grande
Isine airez bien cultivée où palle une riviere conjáable
qui defcend des montagnes, & qui fuivánt
î qu'on nous dit, va du côté de Tetiis fe jetter
liisleKur. O n peut propofer comme un doute ,
' ce ii'efl pas la rivicre que Strabon appelle Âra-
II. Tous le pays eft fertile en belles Plantes. Voiune
efpece de Caßida que fa fleur jaune & fes
fililíes découpées , comme la Gcrmandrée , difiii^
uein de toutes les efpeces de ce genre.
Sa racine qui eil roulTâtre , dure , ligncufc,
«levée quelquefois en manière de-tubercule &
n k de fibres chevelues, pouife des tiges courts
far terre, puis redreilécs, lefquelles fe muliplient
facilement par des bouquets défibrés dans
endroits où elles s'appuyent fur terre. Ges ti-
" font hautes d'environ huit pouces, branchues
" l e bas, épailTes d'une ligne, dures, touflués,
ccompagnces de feuilles deux à deux, longues de
H'tou neuf lignes fur quatre ou cinq pouces de
TOM. II.-
large, vert-brun, mais blanches en dedans, dc>
coupées comme celles de ¡a Germandrée , foûtenues
par une queue de trois ou quatre lignes de
long. Elles diminuent jufques vers la fommité;
& ces fommite"/- fe terminent en épi long d'uii
p o u c e & demi, garni de feuilles vert-pâle, longues
de fcpt ou huit lignes, pointues , ferrées,
mais point ou peu crenées. Des aiilèlles de ces
feuilles naiiTent des fleurs jaunes hautes d'environ
15. lignes, rctrecies en tuyau coudé tout au bas,
lequel n'a qu'une ligne de diametre, mais cvafées
e n f u i t e& découpées en deux lèvres. La fuperieure
eft un cafque haut de 4. lignes , garni de deux
petites aîles jaune-verdâtre ; la levre inférieure
eft jaune auffi , longue de trois lignes, échanc
r é e , & qui approche en quelque manière de la
figure d'un coeur. Le calice n'a que deux lignes
de haut , partagé en deux levres, dont la plus
élevée reprefente une toque , au fond de laquelle
cil un piftile à 4. embryons furmonté par un filet
courbe , allongé & partagé dans le cafque de ¡a
fleur. Toute la plante eit amere. Elle aime la
terre gra/Te & le chaud.- On l'éleve facilement
au Jardin du Roi & dans les Jardins de Hollande
o ù je l'ai communiquéeànos amis.
Nous marchâmes toute la nuit du 20. Juillet &
n'arrivâmes à Teflis que für le midi , après nous
être repofez pendant une -heure , à trois milles •
de la ville fur une montagtie aftez agréable. Les
voituriers partent ordinairement pendant la nuit
pour éviter leS' courriers des Princes Perfans, lefquels
pour achever leurs courfes font enpoffeffioii
de prendre les chevaux qu'ils trouvent fur les
grands chemins, n'épargnant que ceux des Francs;
car ils croiroient violer le droit d'hofpitalitc s'ils
les traitoient de même que les gens du pays. Comme
il n'y a point de poftes établies, & que ces
courriers font cenfez courir pour aiiaires de coufequence,
on ne trouve pas mauvais qu'ils fe fervent
des chevauxjdes particuliers j demaniére que
les courriers demontez font obligez de s'en aller
à pied jufques à cequ' i l s ayent ratrappé leur monture.
Cette mode eft un peu incivile , mais
c'eft l'ufage , & il feroit dangereux de s'y oppofer.
Après avoir paffé par des pays affez plats , on
s'engage dans des défilez efcarpez en approchant
de Teflis. Cette ville eft fur la pente d'une montagne
toute pelée , dans une vallée aiFez étroiteà
cinq journées de la Mer Cafpienne , & à iix de la
Mer Noire , quoique les Caravanes en comptent
le double. 'Teflis ou Tiflis eft aujourd'hui la capitale
de la Geòrgie , connue par les Anciens fous .
les noms liberie à d'Albame. Pline & Pomponius
Mela font mention des peuples appeliez Georgi.
Peut-être que la Geòrgie en a retenu le nom,
peut-être aufli que les Grecs les appelloient Geor