
Il
D U L E V A N T , l^ettre ïî.
fcinble que ces derniers les ayent confci-vdes pnr'
tradition : car ils n'ont pas des mefures certaines,
¿C ne le Icrvenc que de pus communs, c'eil-à-dire
des enjambées d'environ deux pieds & demi chacune.
Ou verra quelquetbis aufli dans la fuite de cette
relauoii, que le compte des anciens étoit bien
cloigné de celui des modernes.
¿es habitans de Cnndic, Turcs oii Grecs, font
namrcllemen: de belle caille, vigoureux, robuftes;
ils aiment fort à tirer de l'arc , de'tout temps ils
fe font dillingue?. dans cet exercice, & aPaufmias
alî'iire qu'il é'coit comme attaché à leur nation préférablemeutàtous
lesautres peuples de Grece b, auffi
ne voit-on que carquois repréfente?. ñir les plus
aiicienucs Médailles de rifle, c Ephore twus a
conlervé une loi par laquelle Minos ordonuoit qu'on
mcmtrS: aux enfans à tirer de l'arc : les archers
de Crète commandez par Stratoclee farent d'un
grand fecours dans d la retraite des di-x milles; il
n'y a qu'à lire e Arrien pour voir de quelle utilité
ils furent à Alexandre : il y a apparence qu'ils employoient
pour leurs fléchés cette petite efpcce de
f Rofeau dure, menue & piquante, qui naît dans
les fables de rifle, le long de la marine. Théophratle
& Pline en ont parlé 4 Profpef Alpin en
adonné une aOêx méchante figure.
.Les Cretois fe lêrvoient auiTi fort utileinent de
la fronde : aujourd'hui on n'en connoît plus l'ufige.
Tite Live n'a pas oublié les avantages qu'Eu-
-nienés & le Confuí Manlius ^tirèrent des archers
des frondeurs de cette Ifle.; l'un à cette fameufe
journée où x'Vntiochus fat vaincu .par ScipioR.-,,
l'autre à la bataille du mont Olympe, .où les Gaulois
furent deftiits. Appien remarque qu'il y avoit
des frondeurs Cretois à Pharfale dans l'armée de
Pompée. A l'égard des autres exercices du corps,
ladance, la .chaiïi, la courfe, le manège, ils y
ex-eclloient. Pour leurs moeurs, quelque foin qu'aient
pris leurs Légiflateurs de les former, elles ont
été blâmées en plulîeurs chofes. 8 Polybc aîlûre
que de tous les hommes, il n'y avoit que-les Cretois,
qui ne trouvailcnt aucun gain fordide. h Saint
Paul n'en a pas iait le panegyrique , non .plus qvie
i Condantin Forphyrogenetc, Suidas & k Callimaque
les traitent de menteurs & d'impofteurs : les
fales amours de ces peuples ne font que-.trop con-
"uës, par ce que 1 Strabon, «"Servius & n Athelue
n^us en apprennent.
Ils font plus honnêtes gens aujourd'hui : on ne
Tom. I.
a ti:¡yúf¡(iv h Tc^ívsir Defcrip'. Cr4c.tn ^ttic.
b Goitz, Giffc,
Ç S'ral,. B. ig.
à Xe'iopl,,,,. !ib. 4,
C ixp.-ri t. ^In.
I Aiundo i^nmiiiea, aciJeara Profp, Alp. Exot. 104.
Nec Gorcyiiiaco calamus levis exic ab areu. ÛT/id. Met. lib. 7.
t t caismi Ipiciila Gnoílü. H:>-m. Od ¡í. hb. i.
Tl'hhi. oHfh..f i.m „. Aip.ubmh.. 1li6b.. C4,A cP, 1î3-...
H,y?, l. j7 c<,p. 41, cr Ub. 3«. cM. ZI. ^<htt. Deipn. Ub. I4,
% Lib. 6.' ^
' n
voit dans cette Iflc ni guciix, ni ftlonx, ni mendians
, ni alïiiffins , ni valeurs de grand chemin.
Les portes des maifons ne le ferment qu'avec des
tringles de bois fort légéres, qui ¿rvent de verroux.
Quand un l\irc vole, ce qui arrive rarement,
on l'étrangle dans la prifon , pour l'honneur
de la nation : on le met dans un làc plein de
pierres & l'on va le jetter dans la mer : ii c'cll un
Grec, il ell condamné à -la bailonade ou pendu au
premier arbre. La plûpart des Turcs de l'Jllc font
o renégats ou fils de renegatf ; les renégats fout
ordinairement moins homictes que les vrais Turcs.
U n bon Tur c ne dit mot quand il -voit des Chrétiens
manger du cochon & boire du vin : les renegats
qui en mangent & qui en boivent en cachett
e , les grondent & les infultcnt. 11 faut avouer
que ces malheureux vendent leur ame à bon marché
: ils ne gagnent à changer de religion qu'une
vclle, & le privilège d'être exempts de la capitation
, laquelle n'eit pourtant que d'environ cinq
ecus.par an.
Les .payfans Grecs^ne portent fur la tête qu'une
calote jouge, femblable à celle de nos enfans de
coeur;-à la campagne, .pour-fe garentir du foleil,
ils n'ont • d'autre fecours que celui d'un mouchoir
qiï'ils mettent iùr leur calote, •& qu'ils .relèventpar
un des coins avec leur bâton pour-en faire une efpéce
de parafol. Les Turcs ufent de la même
commodité. Les Grecs font vêtus à la légere ; ils
n'ont que des caleçons bleus de toile de coton ,
fort larges & qui tombent fur les pieds ; mais le
.fond de ces caleçons defccnd beaucoup plus bas
qu'il n.e faut, & les f:\it paroître fort ridicules. On
•ne voit perfonne qui ne foit bien chauffé dans cet-
-te Ifle, au lieu que les payfans d'Europe ont laplûpart
les pieds à demi nuds. -Dans les villes, les
Grecs fe fervent d'efcarpins de marroquiii rouge
fort propres & fort légers : p à la campagne ils por^
teiît des botines de; même étofte , qui durent des
années entières, & font auifi bien chau"ifc?2, que l'e'-
.toieut-:les anciens Cretois du temps q d'Hippocratc.
Ce fam-eux Médecin en parle comme d'une chauffure
fort commode, & r Galien fon commentateur
aifurc qu'elle montoit à mi-jambe , qu'elle étoic
d'une bonne pe-au , percée «ai plufieurs endroits,
pour laiffer palîcr des courroyes qui la ferroient &
l'empêchoient de tomber.
A l'égard des Dames, nous en avons vû d'aiTeï,
•jolies à Girapctra : ailleurs elles font laides ; leur
E hah
KfiiT»? «Vi Ki»:^ yaçi^fc a'pya). ^d Titim.
i Ka«TTst<ro»i:t, lipiÎT» , KiXi»ict, Tfitt KittyîT« ¡i-jniç-a.. Conjî,
Porphyr.
k ksSTJiî «si 46Ûra'. Callimich. hymn, i/i Jovm. verf. f,
1 Grog. lib. 10,
m Sir-uius i^neid. Ub. to. verf. us.
n Difn. lib. J}. àr alibi.
0 Boinma.
p Villanos, campagnards.
Hîkxim, \ujtk»!.
CJ Hipp. tib. de ..Artie.
1 Gatinm Cimmtni. /;) Lib. FuîHH.