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n'avions pas encore vûës depuis nôtre départ de
France.
a Celle que Clufms appelle Cifte à feuilles de
Thym, répond ailcï bien à La délcription que Pline
il l'aire de fou Helcy/mm ; cet Asceur avance qu'il ie
trouve dans l'iile Helene, & qu'il y cil né des larmes
g
d'Helene ; il fcmble qu'à fon ordinaire il ait
copié une partie de la dcfcription que Diofcoridc a
donnée de VlLelcmum d'Egypte, qui fc trouvoit lur
la côte auprès de Canope dans une Ifle appellee
aiiffi Helene , du nom de la même Princeilè. Si
nous en croyons l'Auteur du grand Diâiionnaire
Grec, qui rapporte aullî la fable des larmes d'Helene,
cette plante croît autour d'Alexandrie; apparemment
que les larmes lui coûtoicut peu ; par
rapport à b l'Heleuium ordinaire , il ne croît pas
certainement dans Macronili : on pourroit foup-
;onner que c VAjlcr à feuilles de Bouillon blanc
"eroit la première efpéce àUldemum de Diofcoride,
fi la fauélure de iî\ racine répondoi: mieux à
la dcfcription que cet Auteur eu a faite : cet AJier
eft alieï commun à Macronili.
Comme nous appréhendions d'être aiïîxillis dans
cette Ifle par les bandits & par la famine, nous n'y
reliâmes qu'environ 24. heures ; trop heureux d'être
revenus à Zi a : car le temps fut li mauvais depuis
le 8. Novembre jufques au 21. que nous enflions
infailliblement péri dans ce méchant- écueil,
où nous n'avions porté de l'eau & des provifions
que pour cinq ou iix jours : nous repallames donc
au pins vite par Zia pour reprendre nôtre bagage;
mais nous n'en pûmes partir que le 21, Novembre,
& nous tirâmes vers l'Ifle de Joura.
d Les Romains avoient raifon de releguer les
criminels dans cette Ille ; c'eft le lieu le plus fterile
& le plus défagréable e de l'Archipel ; on n'y
trouve même que des plantes fort communes : nous
n'y vîmes que de gros'mulots, peut-être de la race
de ceux qui obligèrent les habitans de l'iûc de l'abandonner,
comme f Pline le rapporte : g quelques
autres Auteurs pour reprefenter la mifere du
pays n'ont pas fait difficulté de dire que ces animaux
étoient contraints d'y ronger le fer tel qu'on
le droit des mines : cela nous apprend qu'il y. en
avoit dans Joura , & le terroir nous parut aflez.
mauvais pour le croire.
Joura ell tout à fait abandonnée aujourd'hui, &
l ' on n'y voit aucuns.vertiges d'antiquité; il eft vrai
qu'elle a toujours été fort pauvre : '' Strabon n'y
trouva qu'un chetif village habité par des pêcheurs,,
dont l'un fut depute à Augufte pour obtenir une
diminution de leur. tribut réglé à 15'0. deniers :
Hfiianthimum Thim! folio glabio. Inft. Rei bfrb. Ciflus
folio Tliymi-Cluf Kifì. •'2, He entum, à lacrymis Helens dicinit
nacuin, & iclto in Helena in(ula JaiidatiiUmum. Eft autem
friitex humi fV fpargfns dodranialibus lamufis, folio fina ili Serpillo.
FUn.Hfi. Mi.hb.21, cap. io.
b Alinee.
c tomentorus , Veibafci folio. H, B.. P,
d J£>URA, TTAPOS Gyarus GI-ARA,
nous nous rappellâmes l'idée de cette mifér?}
l ' a f p e a de trois malheureux bergers qui mourolnf
de laim depuis dix ou douze jours; ils le ptefi.
térent à nous havcs & décharnée, & fans autre S'
remonie allèrent chercher dans nôtre caïquelefi."
au bifcuit qu'ils avallerent fuis mâcher quelque ni
qu'il fût, avouants qu'ils écoient contraints clema,,
gcr leur viande i-ms pain & iui s fel, depuis que ù
mauvais temps n'avoir pas permis aux. bourgeois dî
Syra leurs maîtres de leur envoyer le fccours ordl
naire. """
_ Joura n'a que 12. milles de tour , & Pline ciu
bien connu le circuit : elle eft à 12. milles de Svra
cerre à terre, & à 18. milles de Zia d'un cap'j
l'autre; mais il en fuit faire plus de 25-, pour al]«
du porc de Zia à la Cale de joura , dont l'entrée
eit entre le iiid & le fud-fud-cil auprès- du niéchani
écueil de Glaroniiî ou de Tlfle aux Cormorans.
.Dans la Carte de Grèce dreflee fur les meinoi.
res de Mr. Baudrand , il cil fait mention de Tlfle
de Joura, placée entre Syra & Andros, & beaucoup
plus grande que la premiere de ces Ifles; fuivaut
les apparences on a voulu marquer Joura dont
nous parlons, néanmoins l'Auteur de lamêmecarte
marque une autre Me de Joura rout près deDclos
où aiTurément il n'y en a point : il met Trago-'
nifi & Stapodia tout près de i^icarie, quoique Tragonili
foit celle qu'il appelle Rocho. à un mille de
Mycone, & Stapodia à fis milles plus loin, & à
plus de 30. milles de Nicaria : bien fouvcnt 1«
Géographes ajoûtent à l'ouvrage du Créateur k
forment des pays imaginaires : l'Auteur de la même
carte marque autour de Milo feparement les
Ifles de Rencomilo & Antimilo , quoique ce 13e
foicnt que deux, noms de la même lile appelléc
Rencomilo par les Grecs , & Antimilo par les
Francs. Il n'y a point d'Ifte de Caura entre Zia &
Andros, ii ce n'eft peut-être un méchaut rocher,
tout près du port Gaurio de l'Ifle d'Andros, appelle
Gaurionifi : Je n'ai pû découvrir l'Ifle Camtr
a que cet Auteur a mis entre Ni o & Nanlio; il
appelle Sikiuo celle qu'il faut nommer Policandro
: l'Jfle de Sicandro n'étant pas connue dans
l'Archipel , il y a apparence qu'elle a été engloutie
par la mer ; je ne park pas de la ficuation des
Ifles ou de leurs villes, elles font pour la plûpart
renverfées dans cette carte ; c'eft bien pis dans lî
carte de Sophianus : celle de la mer Méditerranée
de Mr. Bérthelot ProfelFeur d'Hydrographie à Marfeille
eft la meilleure de toutes les cartes mirines
qui ont paru jufques^ ici , fur tout pour les hauteurs.
Mt. BertKelot eft fçavant & redifie tous les
« Aude aliquid brevibus Gyaris & caicetc dignoro, 7*^"""
Sayr.
f ma. nau lib Ì. c*?. 29.
g -yinigon. CtTiii. >iarrM. mirab. cap. 21.
^ri!}. hb. de mhab. aufc.
Hiii. »mm. hb. ¡.. cap. 14..
Sltph. BfLem.
h Ceii¿. lib, 20,