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quelle nous foiipirions depuis Marfeille. Il croît
dans les rues de la Canee une cfpéce de a Juliene à
grande fleur & à feuilles luifiuites, qui n'eft pas à
negliger : nous nous flations de trouver quelque
chofe de plus rare hors de la ville, malheureufemem
nous n'en prîmes pas le chemin. Suivant
les murailles à droite, nous paflàmcs par des terres
n gnilles , qu'elles ne produifcnt que du foin &
d autres plantes fort communes. Je m'imaginai
être a liarcelonne ; où, de même qu'à la Canee,
tous les remparts font couverts de ces fleursjaunes,
que les Grecs n'ont pas crû pouvoir dc'iîgncr plus
proprement que par le nom de b /icari darks. Nôtre
étonnement augmentoit à mefure que nous avancions
vers la mer, où nous efperîons pourtant de
mieux trouver nôtre compte. En effet , nous
commençâmes à nous eonfoler à la vene de c l'Acanthe
épineufe que nous n'avions vû que dans des
jardms de l'Europe , & bien fouvent on n'a pas
inoms de plailir à trouver nne plante rare dans
Ion heu naturel, que d'en découvrir une inconnue.
Cet endroit eft une efpécc de plage couverte dei
cotonneux de P. Alpin fameux Profeûènr
de Fadoue, qui la décrivit & la fit graver, Uya
près de i fo. ans, comme une plante differente de
celle que G. Bauhin, ce'k'bre Profellbur de Balle,
avoit nonmiée t Gnafhaiiura maritime: j e pnis affûra
que ces deux plantes ne différent en rien. P.
Alpui fuivant les apparences n'avoir pas vû la plante
de C. Bauhin, quoiqu'elle foit très-eormnune en
Italie fur les bords de la mer. On ne voit à la Canee
fur la plage dont nous parlons, que f Chicore'e
e'pmeufe, & Thym de Créte ; mais ces deux plantes
aiment les landes & les rochers. Je fus ravi de
revoir m Candie le g Thym de Crête, quej'avois
obfervé depuis quelques années auprès de Seville &
de Cannone en Andalonfie. Néanmoins comme
nous nous attendions à quelque chofe de plus extraordinaire,
nôtre chagrin revenoit à chaque pas
que nous failîons : car enfin, Monfcigneur, nous
n étions venus en Candie que pour herborifer, &
c'étoit fur la foi de Pline & de Galien , qui ont
pxéteré les plantes de cette Ifle à celles du refte du
monde. Nous nous regardions de temps en temps
fins ofer nous expliquer, hauilant les épaules, &
pouiTant des foupirs du fond du coeur, fur tout en
.iù vaut de petits ruilîeaux qui arrofent cette belle
plaine de la Canee, tous bordez de joncs icdeplantes
(i communes, que nous n'euJlîons pas daigné
les regarder autour de Paris , nous qui n'avions
alors l'imagination remplie, que de plantes à feuilles
a Hcrpetis Crcrica maritimi!, folio craflb lucido , magno fiore,
b Chryfanihemiim flore partini candido, paitim t'iieo C. C.
J i n T3,. & CiiryUnthemum Crericuin Ciuf. Hift. j s j ,
c Acanthus acuie.itus C. B. Fin. 583.
d rolinm GnapbaloVdes rrofperi Alpini Esoc. 14S.
e Gnaphalinm niariiimum C. B. pio. 261.
f Cichorium rpinofnm C. B. Fin. 126.
s Thymus capitatus, ^ui Diofcoridis C. E. ili], z l ^
a g e
argentées, ou couvertes de quelque riche duvet J
qui nous étions figurez que la Candie nedevoittî™
produire que d'extraordinaire.
Nous trouvâmes dans la fuite de quoi nous dé
donnnagcr de tous ces chagrins. Les environs dit -'
la Canée & fur tout ces hautes montagnes où l'oJv
va chercher la neige dans l'été, font les plus ferti.'î
les de l'ifle, & valent incomparablement mieux que''
le mont Ida, & les montagnes de Girapetra : non'î
feulement celles de la Canée, produifeut tout et!
qui fe voit far les autres ; mais une infinité de nretej
que l'on ne voit point ailleurs, h Theophrat
te, Strabon, Pline & Ptolemée les ont nommé«
les montagnes blanches , à caufe de la neige dont
elles font perpétuellement couvertes. Il femble
même par im paflâge de Solin, que les monts • Cadifte
& DiiSynnée, faifoient parti? de ces monta
sues. Onnfnn'i-n R/^Iî^,, 1 ci. p
paiiiii la neige, auni Dien que
duns les vallées. Belon n'avoit pas pris la peine du -
s'y tranîporter. On les appelle aujourd'hui les
montagnes de la Sfachia, village du même nom,
que l'on découvre de leur fommet, en defeendant
à la mer du Sud,. & qui peut-être a retenu celui
d mie des plus anciennes m villes de Crète où étoit
né le fameux Epimenides. Les peuples des environs
qui fe nomment Stachiotes paifent pour les '
meilleurs foldats de l'ifle, & font les pl US habiles à •
tirer de l'arc. La danfe Pyrrhiqiie s'elï coiiferve'e ï
chez eux comme Tön verra dans la luite. í
La recherche des plantes étant une de nos prîn-1
cipales occupations, il femble qu'il feroit à propos f
de donner ici le dénombrement de celles que nous
obfervâmes autour de la Canée. Néanmoins corn- |
me ces matières ne font pas-du goût de tout le '
inonde ; que non feulement elles groiîiroient cette
réiation ;_mais qu'elles en interromproient tout à
fait la iùite, je crois qu'il eiî plus à propos de referver
ce grand détail de plantes, pour un ouvrage
particulier, & de ne donner dans celui-ci que la •
defcription & la fi^re de quelques plantes iîneuhéres_
& non connues A la vérité la diverfité ^des
matières plaît dans les réiations ; mais il faut fe tenir^
dans certaines bornes, l'on n'en eiî pas le
maître quand on entreprend de donner le catalogue
des plantes, qui naiiTent dans un pays : il ne faut
pas même oublier les plus communes, afin que les
Botanices les plus éclaire?, puilfcnt mieux juger de
la qualité de chaque contrée.. Par éxemple , la
Candie n'a gaéres qu'une douzaine de plantes particulières.
Les autres plantes qui s'y trouvent,
, , , quelh
Ta Mvaa. xaxit^tvi Ci«. Thetphr. Hi:1. PUnt. t!b. 4. mb.
PM. hb. 3. 17. Ta Si« \iUKi. Siraù. 1i,r. il„zr. Iit>. U
Aibi montes. Hin. Hiß. nal. W. 16. cap. 33. ^
i Solin. Peljhi/l. cap. 11,
k Obferv. cb»p. ¡.
1 Thuphr. é- Ptin. ibid:
m «»îCirif. Sirab. 2{fr. Cesgr. 10;. 10,
Torn.I- lue-
Stackys Crei'u^fL, i-^-
• iifcUa.
M
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