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m e , toile de coton. Avant la guerre de Candie,
o n Y recaeilloit beaucoup d'huile ; mais l'armée
Vemtiennc brûla tous les oliviers de Faros en 9.
o u 10. ans qu'elle y lejourna. Cette lüe eil il plein
e de perdrix & de pigeons fauvages qu'on nous
donna trois perdrix & clcux ramiers pour 18. ibis;
la viande de boucherie y eft bonne, & les cochons
n ' y manquent pas : on y mange de même que dans
les autres Ifles d'excellens petits a moutons nourris
dans les mailbns avec du pain & des fruits. Les
melons y font tout-à-fait délicieux ; mais on n'a
¡ pas le temps de les goûter : lorfque l'armée Tur-
' q u e y eli , elle confomme tous les fruits de l'Archipel
en peu de jours.
N o u s vîmes pleuvoir à Paros pour la première
. fois depuis nôtre départ de France. La terre étoit
lì féche qu'il auroic fallu un petit déluge pour eu
éteindre la foif. Le coton, la vigne & les figuiers
periroient iiiiis les rofées qui font fi abondantes
que nos capots en étoient tous mouillez , lorfque
nous couchions en campagne ou dans des bateaux,
c e qui nous iU-rivoit ailez louvent en palfant d'une
lile à l'autre. On a beau partir dans la bonace,
comme on n'a point de boulTole, il faut fe retirer
dans la premiere cale , lorfque le vent fe rafraîchit.
L e Cadi, les Confuís de France, d'Angleterre
.& de Hollande font leur reiîdence à Parechia, où
l ' o n élit tous les ans deux Confuís ; la charge de
Cadi & celle de Vaivode dans le temps que nous y
pali"âmcs éroient exercées par Conltantachi Condili
le plus riche Grec de l'illc, frere de Miquelachi
Condili Confuí de France : il eft d'une grande
-élegance parmi les Grecs de faire terminer les
noms propres en achi. b O n dit Conftanrachi, Miq
u e l a c h i , J a n a c h i , pour Conftantin, Michel , Je.an,
& l'on parle plus proprement dans cette lüe que
dans le refte de l'Archipel
Xyos habitans de Paros ont toûjours paiTé pour
gens de bon fens,& les Grecs des lües voifines les
prennent fouvent pour arbitres de leurs difFérens.
Cela me fait fouvenir du choix que les Mileliens
firent autrefois de quelques fages Pàriens , pour
mettre une forme de gouvernement dans leur ville
ruinée par les feditions : ces Pariens vifiterent la
campagne de Milet, & nommèrent adminiftrateurs
de la ville les habitans , dont les terres leur
parurent les mieux cultivées- ; perfuadez, avec raii
b n que ceux qui prenoient grand foin de leurs
biens, ne negligeroient pas les affaires publiques.
Sainte Mar i e eft le meilleur port de l'ifle, la plus
grande flote y peut moui l ler en fûreté & plus com»
inodémcnt que dans celui d'Agoufa, qui en eft
tont près. Le port de Parechia n'eft que pour de
petits bâtimcns : on eftime fort celui de c Dr io,
o ù l'armée Turque ordinaircnient vient jetter fes
fl Broulîlns.
bon dit-, Petrachr, Antonachi , Dimitrachi, Nicolaclii,
Gowjachi, Stepiianachi , Pliilippachi , FrancifMchi ; au lita dr
îi«ue, Aocoine, Dimiire, Nicoks, George, EflKnoe, Philif-
A G E
ancres. La rade de Drio, qui dft à la partie^occidentale
de l'iile, laiflb Naxi e à fon levimt, & Nio
à fon midi. Le plus oriental des deux éciieils qui
font au milieu de cette rade n'a qu'environ joo
pas de long ; & l'autre en a près de 800. les armées
y donnent fond, & le fud-oueft en eft le traverlier.
Vis-à-vis de ce dernier écueil dans la plaj.
n e au pied d'une colline, coule une belle fontaine
à quatre fources , éloignées feulement de huit ou
dix pas les unes des autres ; ces fources forment
d'abord un petit ruiileau partagé en trois rigoles oii
les Tur c s ont pratiqué depuis quelques années des
refervoirs pour s'y baigner & pour y faire leurs
ablutions : ces rigoles vont fe rendre dans la mer,
& quand on fait aiguade l'eau palfc dans les barils
des Caïques de l 'armée par le nîoyen des gouttières
de cuir bouilli qu'ils appellent des mauiques.
L a Panagia ou Madona qui eft hors de la ville
de Parechia eft la plus grande & la plus belle Egliiè
de l'Archipel : ce n'elt pas beaucoup dire ; ellcd
bien percée, & les cintres des voûtes font aiTci
beaux : mais comme les colonnes ont été tirées
des ruines de la ville & qu'elles font de differcm
ordres & de differcns modules, le tout cnicmble ctt
mai aifemblé. Le grand dôme en déhors a la forme
de la chape d'un alembic : la fcntpturc du froiitifpice
eft tout-à-iait pitoyable, & les peintures du
choeur font fort groflléres. Les Grecs appellent
cette Eglife à Cat„poliani. II n'y a aucune apparence,
qu'elle ait été bâtie fur les ruines de cetic
magnifique Eglife dediée à la Vierge, dont « Baronius
a fliit la dcfcription. Cellc-ci étoit au milira
d ' u n e grande forêt où s'étoit retirée fainte Theoctifte
patrone de I'lfte, & Cntapolinni eft à la porte
de Parechia, c'eft-à-dire de l'ancienne ville de P;iros
fur le bord de la mer.
L e couvent des Capucins Francois, qui eft à
droite en allant à cette Eglife , eft'fort bien bâti:
l'Eglife en eft jol i e & le jardin agréable : il n'y a
que deux Peres qui vivent des aumônes, & qui cnfeignent
le Grec & l'Italien. C'eft le rendez-vous
& la confolation des Latins qui font en petit nonh
bre dans cette Ifte.
Parmi les chapelles de la ville , on eftime celle
de fainte Heleine : à la vérité c'eft grand dommage
que le marbre de Paros, d«nt toute la Grèce ;i
été embelh'e , foit fi mal employé. Rien n'eft li
ridicule que de voir au lieu de fculpture , de méchants
plats de fayence enchaile?, dans cette belle
pierre , pour orner les frontifpices des chapellesc'eft
comme iî l'on cnchaflbit un caillou dans de
l'or. On compte jufques à 16. Monafteres dans
Paros ,..fçûvoir.
Saint Minas le martyr, le plus grand couvent de
r i f l e , quoi qu'il n'y ait plus que deux Caloycrs,
a V ' « Unicti.
Saint
pe, François, «md. W. j,
D U L E V A
Saint Michel Archange. AyU
U couvait des Apôtres. A'yU. A
Môtre-Dame du Lac. n^v^v'« Auyiyw^f^i.
Çnim lean de la pluye. A'yUi Kavfix.»'
Sdnt George aux Groifeilles , fruit ailcï rare en
Levant. ^ A'yw rs^py/»? f^tfcvM.
Saint André. A'yUi AvS-ftttf.
Saint Antoine. A'yUi Aîtumî.
L;1 fainte Solitude. aV«
Nôtre-Dame de toute prévoyance. TiuwyU S««-
^amt lean Adrien. A'yw i»«W A^fiân.
Saint Cyriaquc , ou Saint Dominique. A'yUiKvpwxc'i.
,
Siiint Jean des ¡fept fontaines. A'ym Ji^^mi iirru-
SpiV«, - •• ,
Nôtre-Dame du lieu mal fain. -roTruipiiyit.
Saint Noi rmant in folitaire du mont Sinai. Aylot
U Monnltere de Chrift. o' Xpirà?.
Archilochus ce fameux Auteur de vers jambes
fe diftingua parmi les grands hommes de Paros.
Horace a raifon de dire que la rage infpira ce Poète
: fes vers furent li piquants que Lycambas qui
l'avoit attaqué , fut alfci, fot pour fe pendre de
dcfefpoir. Archilochus vivo it du temps de Gygés
Roi de Lydie & fut contempor-ain de Romulus.
Nous ignorons le nom d'un excellent homme
de cerrc Ifle , qui drefta le plus beau monument
de chronologie qui foit au monde, & que l'on
voit prcfentement à Oxford autour du Théâtre
Scheldonien : c'eft fur ce marbre que b Mr . de Peirefc
avoit flit acheter en Levant, avec plufieurs
autres, qui tombèrent entre les mains du Comte
d'Arondel, que l'on voit gravées les plus célébrés
époques Gréaues depuis le regne de Cecrops fondateur
du Royaume d'Athenes jufques au Magiftrat
Diognete, c'eft-à-dire la faite de 1318. années.
Uflerins croit que cette chronologie fut écrite 163.
ans avant Jcfus-Chrift.
Ces époques qui n'ont pas été altérées comme
les mauufcrits, nous apprennent la fondation des
plus fiimeufes villes de Grèce , & l'âge des plus
grands hommes qui en ont été l'ornement. Par
exemple nous fçavons par ces marbres qu'Hefiode
a vécu 27. ans avant Homere , & que Sappho n'a
écrit qu'environ 200. ans après ce Poëte. Ces
marbres fixent les Magiftrats c d 'Athenes , & nous
font d'un grand fecours pour les guerres de ce
temps-là : ce n'eft pas ici le lieu d'entrer dans ce
détail, il vaut mieux parler de nôtre paffage d;
rifle de Naxie ,
de Naxos.
a itrrt!», Ttr«»
b in V,
à i.il^'ÚK
« Hiyî. ¡¡b.
f De Excidio -
8 £11 904.
; des ancie fous- le nom
bum proprio r
Lycambeo lan
N T. Lettre l^. 79
d N o u s y arrivâmes le 7. Septembre en moins de
deux keiires ; car le trajet du port d'Agotifl ( qui
eft à la pointe Septentrionale de Paros ) n'eft que
de neuf milles , & le canal en ligne droite n' a que
iix milles de large ; e aiiiii- Pl ine a fort bien marqué
la diftance de ces deux Ifles à fept milles cinq
cens pas. NAXI A ell un mot corrompu de
Naxos : tout le monde fçait que la langue Gréque
a fouflèrt de grands changemcns dans la décadence
de l'Empire. Le mot de Naxia fe trouve dans
f Camciiiate, qui a décrit la prife de Tiieffalonique
par les Sarraiins : il fut pris & mené en Candie
avec les autres efclaves. g La flore des Sarraxins
fur laquelle ils étoient embarque?, réllcha à
Naxie , dit-il , pour y exiger le tribut ordinaire;
mais elle y foulfrit beaucoup dajis le port du h Vi -
vier, que l'on appelle aujourd'hui le port des Salines
à droite du port du cldtean. On prend encore
beaucoup de mullets & d'anguilles dans ce
port des Salines, par le moyen de certaines hayes
d e rofeaux afl'emblei & attache! eufemble ; ces
hayes fe plient comme nos paravents , & on les
difpofe de telle forte que les poiflbns qui s'y font
engagez par certaines entrées n'en fçauroient plus
fortir. i On fe fert de femblablcs machines , mais
bien plus grandes & mieux entendues, dans le canal
du Martigties en Provence: l'invention en elt tresancicnne.
k Les khthyophages_ de la Babylome
s'appliquoient à cette forte de peche, & prenoient
fans peine plus de poi f fon qii'i'.s n'en pouvoient confommer
: ces hayes de rofeanx durent long-temps, .
& on les tranfporte fuivaut que l'on juge à propos,
comme l'enceinte des pares à 'orebis.
L a pêche de Naxi e , la douane & les falmes de
la ville ne font affermées que 800. écus ; aulfi 011
y donne 12. ou ij-. mefures de fel pour un écu, &
chaque 1 mefur e pefe iio. livres de France. Le :
port des Salines n'eft pas bon pour les gros Mt i - -
mens, non plus que les autres ports de l'ifle tousc
i p o f c ï au Nor d ou au Sud-eft : on les appelle
Calados, Panormo, Saint Jean Triangata, Kilo-•
l i m n a r e i . Potámides & Apol lona, qui a peut-etre •
retenu ce- nom du Temple d'Apollon que les •
Athéniens avoieiit fait bâtir à la pointe de Naxos ,
oppofée i l'ifle de Delos. Il ne faut pas contondre
avec „M' . Spon l'ifle de Naxos avec une ville du
m i m e nom en Sicile, où fuiVant o Thucydide les -
peuples de l'ifle Eubée avoient drcflï un autel à
Apollon. , . .
N a x o s , quoique fans ports, étoit une p République
trés-floriífante & maîtrefle de la mer, dans le
temps que les Perfes paffereut dans l'Archipel. Il
h Tà Za'VTttflw. •
i Boutdigot.ï.
k DM. Su»!. B¡l,imh. hijí. iik 3. :
1 Mogis.
Synceí!. in cadem eeîhbatiianl.