
V O Y A G E
écus de rente. Outre les biens de l'EgHiè, il tire
u u reveau confiderable de lu benediétioii des eaux,
& de celle des troupeaux, qui fe fait au commenceinenc
de Mai. Tous les laitages & tous les fromages
qui fc font le jour de la iBenediétioa appartiennent
à l 'Evêque; on lui donne auffi deux bêtes
de chaque troupeau.
L e s Samicns vivent aiTez- heureufement, & ne
font pas maltraite/, des Turcs. L'iile doit payer
i 2 p o . billets de capitation à f. écus le billet ; ce
qui fait la fomme de 64fo. écus. L'Aga qui mec
f o n cachet lut chaque billet, exige eûcore un écu,
& les Papas qui fe mêlent de tout, & qui font la
répartition des billets, retirent dix fols par billet,
de forte que les particuliers payent a 6. écus dix
fols. La douane de l'ifle ne s'aiîèrme que dix mill
e écus : o n croit que l'Aga qui en exige les droits
y gagne bien autant : Quand un Grec meurt fins
entàns mâles, l'Aga herite de tous les champs labourables
: les vignes , les champs plantez d'oliv
i e r s , & les jardins appartiennent aux filles, & les
parens'ont le droit de retention lorfque les terres fe
vendent. L ' A g a profite auffi de quatre ou cinq c-ens
livres de foye ; cette marchandife paye eiicore d'ailleurs
quatre pour cent à la douane.
L e s femmes de cette Ille font mal-propres, maltournées
, & ne prennent de linge blanc qu'une
fois lé mois. Leur habit confifte en un doliman
à la Turque , avec une coëffe rouge, bordée d'une
f e f l è jaune ou blanche, qui leur tombe fur le dos,
de Inême que leurs cheveux qui le plus fouvcnt
f o n t partagez on deux treffes , au bout defquelles
pend quelquefois un troulfeau de petircs plaques de
Cuivre blanchi ou d'argent bas, car on n'en trouve
gucres de bon aloi dans ce pays-là.
L a caille réelle de Samos eft d'environ douze
mille écus. On prend le dixième de toute forte
de grains & de fruits, jufques aux oignons & aux
calebâfles ; on y recueille beaucoup de melons, de
pafteques, de fèves, de lentilles, de haricots. Les
inufcats font les plus beaux & les meilleurs fruits
de rifle : dans lé temps qu'ils font mairs, les vignes
font remplies de monde , chacun en mange
autant qu'il veut, & choifit où il juge à propos : le
v in en fcroit bon, fi l'on favoit le faire, & le mettre
dans des futailles ; mais les Grecs font mal
propres , & d'ailleurs ils ne fauroient s'empêcher
d'y mettre de l'eau : néanmoins j'ai bû de fort bon
v in mufcat à Samos , qu'on avoit fait avec foinpour
nos Marchands de Smyrne ; mais il fentoit
fliOins le grain que le mufcat de Frontignan. On
recueille environ 3000. barrils de mufcat à Samos.
Chaque barril péfe b i.j-8. livres 4. onces , & la
charge de ce vin qui eft d'un barril & demi fe vend
fur les lieux depuis quatre francs jufqucs à fept lia
Deux timins.
b 50. oques,
c Erfe*ic{.
<1 Un« i fol ote,
vres dix fols, celle de vin rouge ne vaut que qii^.
tre francs ou cent fois : ce vin eft foncé,
bon s'il n'étoit pas mêlé d'eau;on le porte à Scio
à Rhodes, & à Napoli de Romanie. Les Grecs
qui achettent le vin dans l'IDe payent 4. ou j-.pouj
cent de droit de fortie, fuivant le caprice du douanier;
lés François n'en payent que la moitié : ¡g
vin ne doit aucun droit au Grand Seigneur, niais
chaque c pièce de vigne de cinquante pas de Ion?
fur vingt pas de large lui doit J 40. fols par an.
O n leve fur l'huile une taille réelle fur le pied
du dixième. Les Grecs payent pour le droit de
iortie de cette marchandilè 4. pour cent, & lej
François 1. pour cent ; mais la récolte ne pailè
guéres huit ou neuf cens barrils, qui pefent autant
que les barrils de vin, c'eft-à-dlre 15-8. livres. On
en dofine 1139. livres pour un écu.
O n charge ordinairement tous les ans dans cette
Ifle 3. barques de froment pour France. Chaque
barque contient huit ou neuf cens mefnres taifaiif
60000 ou 673-00 livres pcfant, car chaque mefurc
eft de 75". livres, La meftire s'appelle un qiiilot,
L e quilot eft de 3. panaches, clmque panache de
8. oques & les oques de 25-. livres. Outre les
grains Ordinaires on feme dans Samos beaucoup de
gros e Millet blanc qu'ils appellent CÁ!tcri. Les
pauvres gens pour taire du pain, mêlent une moitié
de froment avec l'autre moitié' d'orge & de aiilleiit
blanc ; quelques-uns ne mêlent que le millet
& l'orge , qui viennent affez abondamment diiiî
r i f l e .
O n ne féche des figues dans Samos que pour Tufage
du pays : elles ibnt fort blanches ; & trois ou
quatre fois plus grofl'es que celles de Marfcille,
mais moins délicates ; on ne pratique pas la csprification
dans cette Ifle , auffi les figuiers y fruéifient
moins que dans les autres. Le fromage de
Samos ne nous parut pas des meilleurs : on le met
tout frais dans des outres avec de l'eau fa!ée,& OH
le lailTè égourer & fécher à loifir; îa coûtume cil
d'en charger tous les ans une barque pour France;
cent livres ne coûtent que deux écus ou un fequin,
L e s Fins qui font au nord de l'ifle donnent environ
300. ou 400. quinraax de poix : elle vaut
u n écu le quintal , & paye quatre pour cent à la
douane. On charge dans cette Ifle des f Velanides
pour Venifc & pour Ancone; c'eft cette efpcce
de gland que l'on réduit en poudre pour tanner les
cuirs, & dont j'ai déjà donné la defcription. U
grande quantité de chênes dont Samos étoit auctcfois
couverte, lui avoir fait donner le nom de
aux chênes.
L a foye de cette Ifle eft fort belle; elle vaut li
quatre livres dix fols ou cent fols la livre, &oncii
fait tous les ans un commerce d'environ 20. ou 2;-
mille
e Milium arundinaceum pinno alboque fen^e C. B.
f BÍA/ÍM xai Bsxari^l. GUnd.
g Cpmv,^. Sicph.
b II ou 20 titnlns la livie,
"^CTTZTJZeS de íSÍZTTZOJ.