
L E T T R E A M O N S I E U R BEG O N.
plemd une foge emulation, qui le poitoit à les imiter ; paffionne pour eux; plein de droi
ture & d équité vrai par mciimition autant que par devoir, foit dans fes difcours, foit dam
ies Ouvrages, ou Ion exaaitude alloit jufques au fcrupulej circonfpea audelà de ce quel'ô
peut dire, dans 1 ordonnance & dans la compofition de fes remedes , qu'il faifoit lui-mêm
pour en et rçj lus fur; definterelle ; genereux; moins à lui qu'à ics Amis ; il obligeoit &„
le faire paroitrc, defu-ant de fe le « che r , s',1 eût pû, à lui-même. Aufli eil-il mort chéri
& coniidere des Sçavans , meme de toutes les Nations ; eftimé des Grands & des Riches
pleure par les Pauvres , ayant été obligeant pour les uns , charitable juiqu'à la profufioi'i
pour les autres, utile a tous. j i r i
Les Eloges qu'il a reçus d'une infinité dePérfonnes dont le mérite égale l'élévation &Ie!
regrets qu'il leur a coûtez, font d'éloquens Panégyriques. Ce Ibnt de ces chofes aufquelles
il n eft pas poflible d ajouter quoi que ce foit, pour le bonheur dont peut jouïr en ce monde
un Homme qui a ceiie d'y être. '
Il les a d'autant plus méritez, qu'il les a moins recherchez. Une vraye modeftie couronnoit
toutes fes vertus. Enfin, il raifembloit trop d'excellentes qiulitez, pour le pouvoir
connoitre tout entier. Ainfi, afin de le louer aux dépens mêmes des Sciences qui lui ont
ete les plus chères, on peut dire, que c'étoit un Homme qu'il fiûloit étudier avec autant de
foin, qu'il avoit lui-même étudié la Nature.
^ Je fouhaite, ¡Mo n s i e u r , que ce détail réponde à vôtre attente, & à la vénération que
j avois pour IMonfieur de Tournefort. Je m'eftimerai trop heureux d'occuper quelaues
uns de ces précieux momens que vous donnez à la leélure, pour vous délail'er des travaux &
des foins, qu'exigent de vous le bien de l 'Etat , ôc le fervice de Sa Maiefté. J'ai l'honneur
d etre avec relpeét, •'
M O N S I E U R , !
Vôtre très-humble &•
très obéïiTant fervitcur,
1 . . A U T H I E R .
V O Y A -
O Y D U
L T
F A I T PAR ORDRE DU ROL
S E I N T> E
Onfeisneur le Comte de Pontcharu
iin Secretaire d 'Et a t , chargé
du foin des Académies , &
ï o û i o a r s attentif à ce qui peut
perfeaionnerles Sciences, propofa
à Sa Majct t é fur l a i n de
l'année 1699. d'envoyer d^iiis
les pays étrangers des perfon-
.„mhles d'Y faire des obfcrvations non feulem
r n r e choifi par Sa Majefté pour celui du
S n ^ CeTand Prince, qui par fa proteSion &
; fts bîntitacontribué tous les jours a ^ p
l e tomes les belles comio. rances tre^iàt.s&t.^a.l
leurs des découvertes cunenfcs que M " , de 1 A c a
d^mie Royale des Sciences ont ta,tes fous fes auf-
5 dSes climats les plus éloigner, me fit or-
S e f f c partir pouraller "
fur ce qui ferolt le plus digne de reman ue.
l e fus ravi de trouver cette nouvelle occafmn
de l i t sVaire la f«t t e paffion que ,'a, toujours eûe
pour aller dans les pays étrangers,etudier la nature
6 les hommes avec plus de certituaequ 011 M ft,t
daus les livres. Je fupplia. -Monfcigneur de Pont-
« n m t r i » de me lailTer le choix des perfonnes,. qui
b e conviendroient pour l'éxecution de ce deilein.
Pavois l avais befoin ûeioui de ue deux ueuA hommes de conf —
i anc e , qui
iiife - ^
foifent d'humeur à partager avec moi les pemes uiiéparables
CE V o r A G E.
ligible. Par un bonheur
totis mes fouhaits, je tmuva, Gundel^^^^^^
mer & Aubriet deux véritables amis, 1 u n excellent
S e c i n ¿ l'autre habile Peint re. M^Gundelfeheimer
des grands voyages. 11 n y a tien de il
trifte que de tomber malade dans des pays ou 1 o n
• ne connoît perfonne, & où l'on imorc la îrtede-
, cine. 11 eft fort chagrinant aiiiTi de voir de belles
-- chofes fans les pouvoir faire delfiner, & fans ce ie-
• ¡ cour s l'onnefçauroit rendre une relation bien intel- Z SMÎ I.
natit-'d'Anfpach en F r a n c o n i e , ell préfcntement
S S i S r & Medeein du Prince Eleiloral de Bmr -
debours II a joint à une extrême pafEon pour Hiftoire
nSurelIc une .parfaite comioiflance des plantes
T d e T o ^ e ia Phyfique. C'eil à fes fcins que je
d o i f u î r e ionne paitie des p laces rares doiit-je.parlerai
dans la fuite de cette relatirai.
M ' . Aubriet de Châlon en Champagne, s applique
avec autant de foin que d'habileté a peindre en
L i i a t n r e les plantes, que l'on éleve f J ^
du Roi. Il n'a rien encore paru de fi beau en oe
genre-là : c'eft auffl cette grande habileté qui lui a
lait mériterlacharge dePeintre.dti cab.net du ^
.Affuré de labonncvolontedeccsiVl". . j eflsLhoiin
e i T a r i e s préfenter à Monfieur l'Abbe.Bigiion,
qui par ce goût merveilleux qu'il a pour toutes les
S e e i i c e s , feiitoit depuis long-temps la neceilite qui
y avoit d'aller vérifier Itir les .eux ce que te
Anciens ont fcù de plus patt.cuhcr wuchant 1 t i i l -
toire naturelle; & principalement fur les plantes.
E n eiftt après avoir réduit fous leurs ver,tables
genres celles qtii font comiuës, que pouvoit-on
faire de plus avantageux pour la Botamque que de
l'enrichir de nouvelles efpeccs, & fur tout de celles
que les plus anciens Médecins ont m.fes enuÊge
pour la guerifon des maladies ?
® Quelque W »près, Monfeigneur de P o n t J a r -
trahr fixa nôtre départ au 9. Mars 1700, .H/ciiv.t
une lettre à Moiifieur l'Abbé Bignon Prefident de
l'Académie Royale des Sciences,, par laque le ,1
lui faifoit fçavoir que le f
dans la Gre'ee, aux Mes de f Archipel & en Ai e
pour y faire de^ recherches touchant l 'H^oi r e naturelle
pour m'inftruire des maladies & des rcniedes
que l 'on y employe ; pour y comparer 1 ancieime Cico-
A i" " "