
du complot. D’autres lettres du même Moro à Macao, et sur
le meme objet, confirmèrent le contenu de la.première. Le
gouvernement ordonna que tous les chrétiens qui ne voudraient
pas abjurer, seraient chassés ou mis à mort. Cette persécution
dura quarante années sans se ralentir, et ne finit qu’après
l’anéantissement radical du christianisme au Japon, et la destruction
du commerce des Portugais dans ces îles. Trente-sept mille
chrétiens réduits au désespoir, s’étoient réfugiés dans la forteresse
de Simmabara. Après y avoir été assiégés et forcés , on les
massacra tous en un meme jour. On peut juger de la conduite
des Portugais par un préjugé que les Japonois ont long - tems
conservé, et dont ils ne se sont peut-être pas encore entièrement
défaits. Ils croyoient les vices des chrétiens absolument inséparables
de leurs opinions religieuses. Il faut convenir que certains
dogmes exclusifs et même atroces contribuent beaucoup à entretenir
chez les catholiques l’orgueil e tl’intolérance. Ils prirent
les mesures les plus fortes pour prévenir le rétablissement de
cette religion et écarter les Portugais. Aucun vaisseau de cette
nation n’est reçu dans leurs ports , et ils s’assurent tous les ans
par la cérémonie de VIfoumi (1), qu’il ne subsiste plus parmi
eux un seul papiste.
Les philosophes et les moralistes sont autant révérés que
les ministres de la religion, et les sectes philosophiques rivalisent
les sectes religieuses. Les auteurs des premières n’ont pas
moins d’adhérens que les fondateurs de celles-ci. Parmi ces philosophes
ou moralistes, le plus suivi et le plus estimé est Spito ou
Koosij connu en Europe sous le nom de Confucius. Tout le monde
sait que ceqdnlosophe est Chinois. Ilnaquit quatre çénts ans après
Boudsdo. Quoique ses sectateurs ne reconnoissent pas proprement
d’Etre suprême, ils n’en fontpas moins consister le bonheur
dans une vie irréprochable, admettent les récompenses et les 1
( 1 ) V o y e z çi-d essu s, p : 3 4 e tsu iv .
peines, mais pour ce monde-ci seulement. Ils reconnoissent une
ame où une intelligence universelle qui anime l’univers; mais
ils n’admettent aucune espèce de divinité, et n’ont point conséquemment
de culte. Les principaux points de leur doctrine
.consistent :
i°. A pratiquer la vertu;
2°. A rendre à chacun ce qui lui appartient ;
3°. A observer les règles de la politesse envers tout le monde ;
4°. A bien administrer ;
5°. A agir et parler avec franchise (1).
Ils ne brûlent point les morts à la manière des sectes religieuses
, mais ils les mettent dans un cercueil pour les enterrer
comme nous faisons en Europe (2). Non-seulement le suicide
est permis , mais il passe même pour un acte d’héroïsme.
Au reste, les dogmes religieux et moraux des Japonois modernes
, ne sont pas, à beaucoup près , tels qu’ils les ont reçus de
leurs ancêtres. On y reconnoît une foule d’inventions nouvelles ,
qui en rendent l’origine presque méconnoissable ; tandis que dans
les anciens dogmes on trouvoit des vestiges irrécusables de la
divine loi-de Moyse (3).
(1) Notre vo y ag eu r oublié le culte
des ancêtres, qui prou ve contrel’athéisme
et le matérialisme dont il croit a voir
convaincu les sectateurs de Confoutsée.
R é d a c t .
(2) L e s 'C h in o is enterrent toujours
leurs mOTls , et c’est parmi eux un acte
de dévotion ou de prévoyance de p réparer
leur b ière lorsqu’ils sont en bonne
-santé ; ils ont leu r dernière demeure
plusieurs années avant d’y entrer , ils
y font des changemens ou des embel-
lissemens, suivant leur fantaisie et leurs
moyens. Rédacteur.
( V J * n’ai pas cru de voir dénaturer
le s idées orthodoxes de notre auteur *
elles viennent a l ’appui' des miennes.
A la vérité , nous ne sommes pas tout-
à-fait d’accord sur la chronologie , car
il semble croire que la d iv in e lo i d e
M o y s e est antérieure , et a se rvi même
de fondement aux dogmes dont il p a rle.
P our m o i, je suis persuadé qu’elle leur
est postérieure , et que le législateur
hébreu , quel qu’il s o it , a tout simplement
traduit les liv res des Egyptiens
qui les avoient reçus eux-mêmes des Indiens.
Cette explica tion, à la v é r it é ,