
La langue de serpent (1) est une plante rampante et grimpante
, qui s'accroche aux arbres. Qn s’en sert comme du lière,
pour faire des baies capables de défendre, les jardins contre les
vents de mer. Ces haies sont d’abord formées par de petits pieux
enfoncés en terre très-près les uns des autres; la plante s’enlace
autour de ces pieux, et ne tarde pas.à les couvrir.
On fait des pilotis en bois de cocu-, qui résistent, dit-on, un-
siècle entier dans l’eau sans se pourrir; ce qui me paroît peu
vraisemblable.
Les plants de café de Ceylan ressemblent-beaucoup à ceux de
Java; les cultivateurs ont ici une précaution, dont les Javans
ne s’avisent point. Ils plantent çà et là-un grand arbre du genre
des bignones (2) , dont la tête touffue répand une ombre-favo-,
rable sur le café. On prétend que celui qui croît ici n’est pas
comparable en bonté à celui de Java. '
La culture du riz dans cette île est la même que sur la côte de
Coromandel et de Malabar, où la récolte , au reste n’est pas-
toujours d’une égale abondance-. Il y a même des années si. stériles,
que les pères et mères sont obligés: de vendre- Leurs en-
fans pour se procurer quelques muid» de .riz, ou bien les mettent
en esclavage sans la moindre rétribution , pour ne pas avoir
la douleur de les- voir mourir de faim.
. On m’apporta des cardamomes, que l’oit cultive, me dit-on,
dans l’intérieur du pays. Ils étoient enfermés dans des gousses,
triangulaires, longues d’un pouce, et différentes de ceux que l’on
cultive à Java. Quoique je n’aie pu m’en procurer la fleur pour
m’assurer du genre, je crois- que c’eut un- alipinia (5). 3
(1) Ophioglossum se anciens. Plante
de la famille des fougères, et qui est
bien distinguée, sur-toutpar son port,
de notre ophioglosse commune. Lam.
(3) Bignonia.
(3) Alpinia. Ce genre est tellement
voisin des amomes par ses rapports, et
ses principaux caractèresque j ’ai cru
ne pas devoir l’en distinguer. Cependant
s i , comme le dit Gærtner, son
La
La gomme de lacca croît communément sur les buissons de
croton ( i ) , qui se trouvent dans les campagnes sablonneuses
près de Colombo, et ailleurs. Cette gomme dissoute dans de l’esprit
de-vin , sert quelquefois de vernis*
Les habitans de Ceylan et des côtes de la Terre-Ferme écrivent
ordinairement sur les feuilles du palmier rondier (2), ou
de talpat (3) , qui leur tient lieu de papier, n’en sachant pas
préparer l ’écorce pour le même usage , comme leurs voisins du
côté de l’ouest. Ils disposent ces feuilles comme les branches
d’un éventail, ' les polissent et les égalisent avec,un couteau.
Un stylet de fer très-aigu sert à écrire , ou plutôt à graver sur
ces feuilles; é t pour rendre l’ écriture plus lisible, on passe du
noir dans les traits. Ce stylet est monté dans un manche de laiton;
les Indiens le portent dans un étui long d’un quart d’aune
suédoise, ou bien il est tout entièrement en fer^ et accollé
au couteau à polir les feuilles : on le plie pour le porter plus
commodément. Lés lettres , les'diplômes', tous les actés d’autorité
des princes, sont ainsi gravés sur des feuilles, et expédiés
, sans enveloppe ni cachet : si une feuille ne suffit pas, on en
met plusieurs, qui s’attachent ensemble avec une corde passée
dans un trou qu’on fait à l’extrémité de ces feuilles. Pour les * 1
fruit est véritablement à une seule lo ge,
et que celui des amomes en ait constamment
trois, ce caractère suffira pour
l ’en séparer et l ’en distinguer facilement:
Lam.
(1) Croton laccifemm. Voyez CrOton
porte lacque dans mon Dict. vol. I I ,
p. 206 , n°. i 3. I l y a apparence que
. la résine (car ce n’est point une gomme)
dont il s’agit ic i, n’est pas la gomme-
lacqiie du commerce, et qu’on prétend
T om e U .
être l ’ouvragé d’une-espèce de fourmi ,
qui dépose, cette résines sur les branches
de certains végétaux de l’Inde,
comme nos abeilles font la ciré. Voyez
dans mon Dictionnaire l’article Erythri-
ne mono sperme 7 vol. I I , p. o g i , n°. 5.
Lam..
(2) Borassus jlabelliformis.
(3) Licuala spinosa. Ce. palmier me
paroît congénère des corypha. Lam.
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