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dés principes erronés de leur religion , et sur-tout de la fourberie
de leurs prêtres. Ce n’est pas seulement dans leurs voeux
et dans des pratiques pieuses que se manifeste leur superstition ;
elle préside encore à l ’administration des remèdes, au choix
des jours consacrés à leurs opérations les plus, simples, &c. Par
une combinaison assez naturelle à l’ esprit humain, ils savent
allier cette foiblesse avec l’orgueil et la fierté qui constituent la
base de leur caractère. Ils prétendent tirer leur origine des dieux.
Cette ridicule prétention leur est commune avec plusieurs peuples
d’Asie , qui ne font pas le moindre doute de compter le soleil,
la lune parmi leurs ancêtres , et d’appeller, les planètes , les
constellations et les signes du zodiaque leurs frères et soeurs :
de-là ce profond mépris pour les Européens, quinese sont jamais
avisés de s’établir une pareille généalogie. On leur pardonne
volontiers leurs fripponneries 5 on peut même oublier leurs actes
d’injustice 5 mais la plus légère marque d’orgueil ou de dédain
de leur part, seroit un crime irrémissible. Le caractère hautain
des Portugais a seul causé leur ruine au Japon ; le même ridicule
anéantiroit également le commerce des Hollandois, qui ne
se soutiennent que par une modestie et une patience à toute
épreuve.
Le courage invincible de - cette nation excuse , à certains
égards, sa fierté. Depuis les tems les plus reculés, il n’y a pas
d’exemple qu’elle ait été vaincue ni envahie par aucune puissance
étrangère. Ouvrons leurs fastes, et nous y verrons des
traits de courage qu’on pourroit regarder comme fabuleux, s’ils
n’étoient racontés par des hommes dignes de foi , et appuyés
sur des autorités incontestables; La première incursion des
Tatars dans une partie du Japon eut lieu en 799 de l’ère vulgaire
(1). Leur flotte , chargée d’une armée innombrable, périt
(1) C’étoit des descendans de ces ’ jésuite Couplet, fondirent en 711 sur
deux cent mille Tatars qui, selon le la partie septentrionale de la Chine, et
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par la tempête dans une seule nuit ; le lendemain, le Général
Japonpis attaque les débris de cette armée et les extermine
complètement ; il n’ en resta pas un seul pour porter la nouvelle
de leur défaite. En 1281 , ils remportèrent une victoire,
non moins complète que la première, sur deux cent quarante
mille Tatars ', qui vinrent fondre une seconde fois sur le Japon
(1).
se retirèrent, emportant avec eux un
immense butin. Note du Rédacteur.
(1) Cette incursion, qui arriva quinze
ans après celle des Tatars en Chine, a
été décrite par Marc Paul le Yénitien ,
qui se trouvoit à cette époque même
à la cour de Koublaï-Khan, que les
Chinois nomment Tché-Yuen. Nous ne
répéterons pas les détails donnés par
ce voyageur , dont la relation est entre
les mains de tout le monde. On pourra
la comparer avec l ’histoire de la même
expédition , tirée des auteurs Chinois ,
et consignée dans VHistoire des peuples
qui sont ou qui ont été tributaires de la
Chine, traduite par le savant Amyot.
ManuS,c. de la Bibl. nation, déjà cité,
p. 98.
« La seizième année de Tché-Yuen
( 1279 de l ’ère vulgaire ) , Ché-Tsou se
, trouvant maître de toute la Chine par
la réduction de toutes les places qui
avoient tenu jusqu’alors pour les Soung,
pensa sérieusement à tourner ses armes
du côté du Japon. I l assembla son conseil
et . lui proposa son dessein j il dit :
« La famille des'Soung est éteinte , tout
» lemondeme regarde.à présent comme
» le seul empereur de la Chine j la plu-
» part des royaumes tributaires m’ont
» déjà reconnu pour t e l , et ont en-
» voyé leurs ambassadeurs pour me
» rendre hommage ; les Japonois n’ont
» encore fait aucune démarche. A en
» juger par leur conduite, on diroit
» qu’ils veulent me braver ; il est tems
» de leur faire connoître quelle est la
» puissance des Mongoux ».
« Un des favoris de ce despote imbé-
cille voulut lui faire quelques observations
sur le danger et l’inutilité d’une
pareille entreprise ; mais rien n’étoit
capable de modérer l’ambition démesurée
de Ché-Tsou, qui*vouloit, à quelque
prix que ce fû t , s’emparer du
Japon ;»i.V ^
« Il tenta d’abord la voie de la négociation
, et envoya un nommé Tousi-
Tsoung à la tête de quelques autres,
pour faire entendre raison aux Japonois.
Ceux-ci n’en tinrent compte, et
massacrèrent même les envoyés. L ’empereur
en reçut la nouvelle la seconde
lune de l’année suivante, dix-septième
de Tchè-Yuen (1280) ; il prit son dernier
parti, nomma des généraux , assigna
soixante-dix mille hommes de troupes
réglées, et vouloit les faire partir
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