
'cher sept milles plus loin, à Totska. Nous traversâmes à Fi-
raska la rivière de Banningava, ensuite Nànko, Kvada, la ville
de Fousisava et Fokano-Sikos.
La Banningava est une de ces rivières impétueuses, sur
lesquelles on n’a pu construire de pont; onia passe dans'des
bateaux plats construits exprès. Ici finit le pays des montagnes ;
une plaine à perte de vue leur succède.
La ville de Totska est située sur une espèce de cap très-éleve
qui s’avance dans la mer. En sortant nous longeâmes le rivage
jusqu’à la capitale , où nous arrivâmes le 27 avril. Cette derniere
journée fut de dix milles, à travers un pays bien peuplé , Soigneusement
cultivé , en un mot aussi beau, aussi fertile que
celui que nous avions parcouru la yeille. Les villes et les villages
se touchent. La route est couverte de nombreuses bandes de
voyageurs , qui semblent se presser pour entrer dans la ville.
Le matin nous passâmes par Sinamo ; Odogaia, Kanagava ,
Souroumi et Kavasakki , où nous dînâmes. Dans l’après-midi
nous traversâmes la rivière de Kokogava, de-là à Omouri,
Obotoki, Okido et Sinagava.
Ce dernier endroit, ainsi que Takanava , sont deux faubourgs
de la ville impériale d’Iédo. Le premier s’étend à deux milles
japonois de la ville , et longe le rivage de la mer. Nous nous
y reposâmes une heure pour prendre quelques rafraîchissentens,
et sur-tout pour jouir de la magnifique perspective qu’offre la
plus grande ville du Japon, et peut-être du monde entier.
Le port est peu profond et rempli de vase, de manière que
les gros bâtimens ne peuvent mouiller qu’à cinq milles de la
ville , les médiocres à deux milles , et les petits , ainsi que les
barques, viennent se ranger par centaines sur plusieurs lignes
selon leur grandeur et leur cargaison. La nature , comme on
voit, a pourvu à la sûreté de la ville du côté de la mer , sans
opposer cependant des obstacles invincibles au transport des
marchandises.
Si tous les objets nouveaux et intéressans dont nous étions
environnés, excitoient notre curiosité, les naturels, nous le
rendôient bien. Ils accouroient en foule autour de nous ; beaucoup
de femmes de distinction se faisoient apporter dans leurs
norimons , et paroissoient de très - mauvaise humeur quand
nous jugions à propos.de baisser nos stores. Tous ces norimons,
posés à terre et rangés autour des nôtres , sembloient
former un petit' village ambulant, dont les maisons, disparois-
aaient dans un clin-d’oeil.
Après avoir traversé Sinagava et Takanava, deux faubourgs
qui ne consistent qu’en une seule et longue rue, je m’apperçus
par le grand nombre des passans, par les corps-de-gardes ;
et sur-tout au silence de nos porteurs qui marchoient d’un pas
plus Terme et plus égal, que nous étions entrés dans la ville.
Nous ne tardâmes pas .à passer sur le pont de Niponbas, long
d’une quarantaine de brasses , et d’où l’on compte les distances
sur tous les grands chemins de l’ empire. Après avoir passé
le ,corps-de-garde posté à l’entrée de la ville , nous marchâmes
une mortelle lieue à travers une grande rue , pour nous rendre
à l’hôtel .ordinaire de l’ambassadeur Hollandois. Nous entrâmes
par une porte cochère, et une allée très-longue nous conduisit
dans la seconde aîle de la maison : L’entrée ni l’extérieur
n’avoient rien de grand ni de beau, cependant nous trouvâmes
au second des appartemens assez propres ,' mais qui ne conve-
noient pas encore , selon moi, à l’ambassadeur envoyé de si loin
par une puissance respectable : on en jugera par la distribution
de notre local. Une grande chambre servoit à la fois d’antichambre
, de salle à manger et de salle d’audience pour l’ambassadeur
qui avoit une chambre à coucher particulière ; le
secrétaire et moi couchâmes dans la même chambre , où l’on
pratiqua une"cloison. Voilà, sans oublier une petite salle particulière
pour le bain , en quoi consistait le local dont il fallut
nous contenter pendant notre séjour à Iédo. Nos fenêtres don