
vous présenter cette boîte à fumer, et quand l’on ne croit pas
trouver ce régal dans l’endroit où l’on va , on en fait porter une
par son v ale t, en observant de lier le couvercle avec un ruban.
Les gens du peuple ne sortent presque jamais sans leur pipe
et leur tabac. Leur pipe est renfermée dans un étui qu’ils passent
dans leur ceinture , auprès de la hanche droite. Le sac a tahap
est tout au plus large comme la main et un peu plus court. On
le ferme en dessus avec une petite agraffe d’ivoire. Cette bourse
s’attache à la ceinture avec un cordonnet de soie et un bouton
de cornaline od d’agate. Elle est ordinairement en étoffe
de soie tissue avec des fleurs d’or et d’argent.
On ne connoît pas ici le savon blanc ni le savon noir ; mais on
nettoie le linge arec une farine de fève très-fine, qui est extrêmement
blanche. -
Les Japonois s’éclairent avec des lampes et quelquefois avec
des chandelles; mais les lampes sont d’un usage bien plus universel.
On en allume plusieurs dans une chambre, et on les alimenté
avec de l’huile de graine de moutarde. Leurs chandelles ,
longues d’un quart d’aune et grosses comme le pouce du haut,
vont en diminuant jusqu’ à l’autre extrémité; ce qui présente
une forme toute opposée à celle de nos chandelles d Europe,
La mèche est en papier roulé, recouvert d’un papier plus blanc
et plus fin. Dans l’extrémité inférieure est un trou qui sert a
planter la chandelle sur une espèce de clou qui tient lieu de
chandelier. On emploie, pour ces chandelles , une huile exprimée
par la pression ou la cuisson de la graine de l’arbre à vernis ,
et qui se fige à l’air jusqu’à la consistance du suif : elle ne tarde
pas à se jaunir et à se rancir. Cet arbre , nomme fasi nota y ) ,
porte une grande quantité de graines : il- croît dans plusieurs
provinces du royaume ; il réussit sur-tout dans celle d’Ietsido,
dont les habitans font un grand commerce d’huile. Le prince de
(i) Rhus vernix. Rhus succedanmm. Linn.
cette province envoie, entr’autres présens à l’empereur civil,,
des chandelles longues d’un pied et grosses comme le bras d’un
homme , avec une mèche proportionnée. On ne brûle ces chandelles
à la cour qu’à deux époques de l’année, le premier :de
djogouats, et à la fête qui arrive le premier de djogats. Quoiqu’elles
soient très-précieuses et très-rares,, je: suis parvenu à
m’en procurer une qui avoit servi à ces solemnités. La matière
en est plus blanche et plus ferme que dans les chandelles ordinaires
qui se vendent chez les fabricans. Celles-ci sont sujettes
à devenir brunes et rances. Quoique les chandelles nouvellement
faites soient assez blanches, sur-tout à l’extérieur , et quelquefois
jaunâtres dans l’intérieur , elles éclairent fort bien , et
coulent comme celles de suif. On vend ces chandelles longues
d’environ deux pouces , enveloppées proprement dans du papier
plié par le bas et tors vers le haut autour.de la mèche,.de
manière qu’elles ressemblent à des fusées volantes.
On fait du feu avec des briquets d’acier et un petit morceau de
caillou bleuâtre et tendre, cassé au hasard : au lieu de pattes
brûlées ou d’amadou, les Japonois cardent le velouté des feuilles
de l’armoise (1) comme de la laine, cette matière prend feu
plus aisément que le moxa ; leurs allumettes sont de la longueur
du doigt, de la largeur de l’ongle par un bout, coupées en
sifflet et garnies de soufre. On les vend par paquets , et pliées
en demi-cercle.
Les Japonois ne connoissent pas l’usage de la cire à cacheter;
ils roulent l’ohjet qu’ils veulent sceller dans un morceau de
papier, et ils le nouent de manière à s’appercevoir aisément si
l’on y a touché. Ils emploient le même procédé pour poser les
scellés sur les serrures dans lesquelles ils ont moins de confiance
que dans ces fragiles papiers noués avec art. 1
(1) Artemisia vulgaris. Voyez dans le chapitre des sciences et arts, l’article
de la Médecine. Note du Rédacteur.
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