
Les Japonois ne se couvrent jamais la tête , soit en hiver,
soit en é té , à moins qu’ils ne soient en voyage. Alors ils s’attachent
avec un ruban, sous le menton, un chapeau de forme
conique, tissu en paille. J’ en ai vu aussi de pareils à plusieurs
pêcheurs. J’ai rencontré sur les routes des femmes qui avoient
un bonnet semblable à une soupière renversée. L’étoffe de
ce bonnet étoit d’o r , ou brochée en or. Us se garantissent
de la pluie et du soleil par le moyen de leurs parasols.
Outre les guêtres , le pantalon et le chapeau , qui sont uniquement
à l’usage des voyageurs, ils ont encore un manteau
pour la pluie, sur-tout quand ils vont à pied ou à cheval. Ce
manteau ample, mais court, et de la même forme que leurs
robes, est en gros papier huilé. Les premiers domestiques des
gens de qualité portent de ces manteaux ; et nous autres,
dans notre-voyage à la cour, nous fûmes obligés d’en donner
aux nôtres, quand nous passâmes dans les endroits ou 1 on en
fait.
Les Japonois ont soin de faire mettre leurs armes sur quelques
uns de leurs habits , particulièrement sur leurs robes longues
ou courtes. On les applique tantôt sur les bras et tantôt
entre les deux épaules, pour prévenir les .vois ou les trocs qui
sont si faciles par la ressemblance des étoffes , des couleurs
et de la forme des vêfemens:
Au lieu de mouchoir , ils ont du papifer fin à écrire , tant
pour se moucher que pour s’essuyer la bouche , les doigts ,
et les aisselles quand ils suent.
C H A P I T R E
C H A P I T R E XI I .
G o u v e r n e m e n t v u J a p o n .
L e Japon est composé de trois îles principales, et d’une foule
de petites, qui se partagent en sept grandes divisions , ou bien
en soixante-huit provinces (1) et six cent quatre juridictions. 1
(1) Le j ésuite Froès compte soixante-
six royaumes ou provinces au Japon ,
et le prince Quabacondon plus de soixante
( amp lias sexaginta status vel
diliones). Voyez de rebus Japonicis,
àc. p. i 65. « I l ( le Japon ) comprend
soixante-six royaumes, dit le Père
Pigneyra, dont les uns sont grands , la
plupart petits, comme pouvoient être
anciennement en Espagne les royaumes
de Grenade, de Valence, de Séville,
&c. Malgré la multitude de ces royaumes
, on y parle touj ours la même langue
, ce qui est un grand avantage pour
la prédication de l’évangile ».
« Les Japonois sont aguerris , braves
, courtois, fiers, recherchés dans
leurs discours et dans leurs manières;
ils sont aussi riches en traités sur la politesse
que les Espagnols en romans :
leur première attaque est terrible, mais
ils ne tardent, pas à se ralentir et à
s’affoiblir. Ils attachent une grande importance
à la beauté et à la bonté de
leurs sabres, et sont susceptibles sur le
Tome I I .
point d’honneur , & c. Les rois ou princes
de ces royaumes s’appellent Tono ,
et quelquefois Yacata. Ils tirent'leurs
surnoms de leurs royaumes ; ainsi le
prince de Figen se nomme Figen dono.
On dit que les Japonois avoient des rois
six cents ans avant l’ère vulgaire » .
«Ces Tono ont au-dessus d’eux un
roi souverain qui leur donne et leur
ôte leurs états, selon son bon plaisir.
Celui-ci se nomme Tencadono , c’est-
à-dire , seigneur de la monarchie ou de
ce qu’il y a sous le ciel. Celui aujourd’hui
régnant (en 1600 ) se nomme
Yxeyasa : dès qu’il fut seigneur de tout
le Japon , il se fit nommer Xongoun,
et ensuite Coubo, titres particuliers à
Pempereur, qui prend encore ceux de
Quambaco , Ta'ico et Ta’isou, mots qui
signifient dictateur , capitaine , généralissime
; ils y ajoutent encore Sama
( seigneur) , comme Taicosama , Cou—
bosamà » .* Nouvelle Histoire du Japon,
page 11 de l’Avertissement, (Rédacteur.
)
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