
route jusqu’à Galle, où nous arrivâmes le 8 au soir. Celte jolie
ville, située sur le sommet d’un rocher, a de bonnes fortifications.
On n’y trouve que de mauvaise eau qui fait enfler le
bas-ventre : elle produit un mal qu’on nomme le mal malabar,
qui affecte sur-tout les testicules et les pieds ; il est commun
dans l’intérieur de la ville, mais rare dehors. '
La matinée du 9 fut consacrée à faire' des ballots de cannelle.
L’après-midi nous reprîmes la route de Matouré , où nous arrivâmes
le lendemain matin. On fit encore trois cent -vingt-six
ballots de cannelle dans des sacs de laine, que l’on cousit ensuite
dans des peaux de vache , qui servoient d’enveloppes extérieures.
On n’emballe jamais de cannelle sans qu’elle n’ ait été préalablement
visitée par des chirurgiens chargés de cet examen.
Ces vérificateurs sont responsables de la qualité de la cannelle
emballéesous leur inspection. Je fus chargé plusieurs fois de ces
fonctions; je ne m’en soucioispas infiniment. Voici comment se
fait cet examen.
On prend plusieurs petits bâtons d’écorce dans chaque paquet,
on les mâche, ce qui cause des cuissons sur la langue, au palais,
et dessèche entièrement la bouche. Il est donc impossible de
faire long-tems ces essais , et l’on mange de tems en tems une
beurrée pour appaiser l’inflammation causée par cette épice.
Le i 3 novembre nous partîmes de Matouré pour la ville de la
pointe de Galle, où nous restâmes jusqu’ au 16 : le 19 nous fûmes
de retour à Colombo.
C H A P I T R E VI I I .
S e c o n b voyage à Matouré. — Nomenclature et description
des pierres précieuses qui se trouvent dans les environs de
Matouré. — Ancienne pêche des perles. Du y au 31 décembre.
L e 7 décembre j’entrepris un nouveau voyage de Colombo
â Matouréd’après l’invitation du gouverneur, pour donner mes
soins a la femme du comte de Rantzou, malade dangereusement
et depuis long-tems. Le comte de Rantzou est chef du comptoir
de la Compagnie à Matouré, et j ’eus beaucoup à m’en louer pendant
quelques semaines que je passai à Ceylan. Je marchai jour
et nuit dans un palenkin porté: par douze, Maures vigoureux
qui ne se reposoient pas, de manière qu’en trois jours je fus
rendu à Matouré.
Tout le tems que j’y restai, il'nese passa pas un jour que je
ne parcourusse les environs. Comme on y déterre beaucoup de
pierres précieuses en bêchant la terre, je m’attachai principalement
ici à cette partie de l’histoire naturelle; On en transporte
quelques-unes toutes brutes en Europe, mais la plupart sont travaillées
et polies sur les lieux , et quelquefois même montées.
Les Maures tes plus indigens gagnent leur vie à tailler ces pierres
avec une platine de plomb. Us se contentent d’un salaire très-
modique. Us me vendirent des échantillons de toutes les pierres
qu’on trouve ici, tant brutes que taillées, ce qui forma une ample
augmentation à ma collection de minéraux étrangers. Je les payai
d’abord très-cher, ne voulant avoir que du très-beau ; mais je
trouvai ensuite beaucoup meilleur marché à les acheter en
bloc. •
Le minerai de fer se trouve dans la terre et dans l ’argile à
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