
cfette cbëffure qü’en hiver. Je ne puis imaginer comment elle
leur tient chaud.
Toutes les femmes honnêtes ou publiques portent du rouge ,
celles qui sont mariées s’arrachent les sourcils ; c est un nouveau
raffinement de coquetterie, dont nos petites maîtresses
pourront faire leur profit : on voit que celles du Japon ne sont
pàs moins ingénieuses que les nôtres pour se défigurer (i).
J’observai avec satisfaction la manière dont ils élevent leurs
enfans. Ils les bercent en chantant les actions héroïques de leurs
grands hommes. Dès qu’ils ont atteint l’âge de raison, l’on se
contente de leur faire des remontrances en y joignant des leçons-
pratiques de vertu , par les bons exemples qu’on leur met journellement
sous les yeux. Jamais on ne les frappe , et je n’ai pas
vu , pendant mon séjour au Japon, un seul exemple de ces chati-
mens inhumains et honteux que nos nations orgueilleuses et civilisées
d’Europe prodiguent à leurs enfans, en dépit des sages
observations de nos philosophes.
Ils ont des écoles publiques où l’on enseigne à lire et à écrire.
j>y suis entré plusieurs fois, mais il ne m a pas ete possible d y
rester long-tems, à cause du tmtamare épouvantable des enfans,
qui lisent tous à la fois (2)..
( i ) I l y a tout lieu dé croire que Pu-
sage immodéré du thé. produit sur les
Japo'hôisës le même effet que sur les
Chinoises ; elles sont toutes d’une pâleu
r mortelle. Ces dernières se fardent
avec la terre de Niencheu, et dès l ’âge
de trente à trente-cinq ans', leur teint
est entièrement gâté par le fard. Les
drogues dont il est composé paroissent ■
encore plus* dangereuses que notre càr-
jnin et la laque de Carthame , qui font
.cependant éclater l’épiderme par les
violens acides dont ils sont avivés. R é d .
(2) Les Japonois n’envoient pas leurs
enfans aux écoles avant l’âge de sept
ans; plus jeunes , ils les croient incapables
d’aucune application. Les maîtres
n’emploient ni les coups , ni même les
menaces. On se contente d’exciter leur
émulation par l ’amour de la gloire, par
l ’exemple de ceux qui ont apprisbeaucoup
en peu de tems, qui ont illustré
leur famille et sont paryenus aux premiers
honnèürs.
Dans tous les villages .où nous passâmes en allant à la cour
d’Iédo, il fallut essuyer de la part des petits enfans des algarades
semblables à celles dont j’ ai déjà parlé en arrivant à Nagasaki ;
ils s’assembloient autour de nos-norimons , et les suivoient en
criant hollanda o me ! ( 1 )
Les noces et les enterremens des Japonois ne sont pas , à
beaucoup près, aussi.pompeux que ceux des Européens et de
plusieurs nations asiatiques.
Us choisissent, pour recevoir la bénédiction nuptiale, un site
pittoresque élevé., hors l’ enceinte des villes : les jeunes époux,
accompagnés de leurs parena, et tenant un flambeau à la main>
s’avancent vers, un autel fait exprès : tandis que le prêfre mar-
mote quelques prières., la jeune personne , placée à sa,droite,
allume son flambeau à une lampe , le. fiancé allume ensuite le-
sien à celui de. son épouse. Après cette courte cérémonie , les
» nent.ouleur enseignent pour se faire
» a v o r te r , ou bien elles ont la cruauté.
» d’écraser leurs enfant a vec le pied
» quand elles s’ennuient d'è les allaiter
» ou qu’elles n’ont pas le moyen de lés
» é le v e r» . M. de Paw a énergiquement
reproché la même atrocité aux Chinois ;
i l a ttribue. a vec raison ces horribles et
nombreux, enfanticid.es • au g o u v e rn e - -
ment v ic ieu x et à la sordide avarice
de cette nation prétendue philosophe.
V o y e z R e c h e r c h e s p h i lo s o p h iq u e s s u r le s
E g y p t i e n s e t le s C h i n o i s , p. 63 et suiv.
M a f f e i , H i s to r ia I n d i c a , p. 53o , édit,
in-8°. V i l l e loe , E p i s t o loe , p. 4 6 . N o t e
d u R é d a c t e u r .
( i) V o y e z ci-dessus , t. I , p . 607.
D’après le caractère’prononcé et connu
de cette nation , il est certain qu’on
n’obtiendroit rien des enfans avec les
coups. C’est donc à ce caractère national
, et non pas à la tendresse et à la raison
', qu’il faut attribuer la conduite sage
et modérée des parens à l ’égard de leurs
enFans. Les Japonois, ni même aucun
peuple dont l ’aine a été flétrie par.le
despotisme ou l ’anarcliie et par les préjugés
religieux , n’offriront jamais des
exemples de tendresse paternelle et de
piété filiale. Le témoignage presqu’in-
volontaire des missionnaires vient a
l’appui de mon observation : les jésuites
Maffée et Ville la, conviennent que « les
» femmes enceintes prennent souvent
» des remèdes, que les bonzes leur don