
convainquît que ce bois puant n’étoit ni l'anagyris ( i.) , ni un
sterculier (2). J’avois emporté de jeunes individus plantés dans
des caisses remplies de terre, qui se portèrent tres-bien jusqu a
notre arrivée dans la Manche ; mais à cette hauteur ils ne purent
résister à la violence de la tempête et à la rigueur du froid : ils
périrent ainsi que plusieurs autres -végétaux tendres et précieux,
que j’avois également voulu transporter vivans. Les morceaux
seGS que j’ ai conservés de l’arbre puant, ont perdu toute leur
mauvaise odeur.
L’arbre-aux-serpens ( slangen~hout en hollandois, et goda~
gandou en chingulais ) , a un goût fort amer. On l’applique sur
les morsures de serpens , et on le donne pour les fièvres inflammatoires
et malignes.
Les Européens en font faire des gobelets, dans lesquels on
laisse séjourner du vin, lequel ne tarde pas a s’imprégner du
goût amer du bois, èt on le prend pour corroborer 1 estomac.
Ce même bois bouilli dans l’eau, procure une couleur verdâtre.
Je .soupçonne que c’est l’ophiose (3) , qu’on nomme aussi bois
(1) Anagyris foetida.
(2) Stm;uZm/oefida.PuisqueM.Thun-
berg a vu des branches deY arbre puant,
il auroit pu nous dire un mot de la forme
et de la situation de ses feuilles, et
même nous donner quelques détails sur
les caractères de ses rameaux ; cela nous
auroit aidé à déterminer au moins ses
rapports avec d’autres arbres connus.
Je soupçonne que c’est l ’ar&or gtercpra-
ria du Thesaurus Z e y la n icu s , (p. 26)
de J. Burman, et par conséquent Volax
Zeylanica de Linné, genre qui paroît
voisin du fissilier, qui croît dans l’île de
Bourbon , .et qui a des fruits glandifor-
jn.es à calice entier . Voyez Fissilier dans
mes Illustrations, p, 101 ,n°. 432, planche
28. Lam.
(3) Ophioxylonserpentinum. Quoique
M. Tbunb.erg n’ait pu voir les fleurs de
l’arbre-aux-serpens, puisqu’il soupçonne
que c’est Yophioxylon de Linné , il
auroit pu vérifier et nous dire si cet arbre
a des feuilles simples, pétiolées, et
disposées trois à trois, comme celui
qu’a figuré J. Burman dans son Thésaurus
Zeylanicus {p . i 4 i , t. 64) , sous
le nom de ligustrum foliis ad singula in-
ternodia ternis : alors 'son observation
nous eût fait connoître le degré de fondement
de sa présomption. Peut-être
que ses jeunes rameaux sont lactesqens,
cle couleuvre , quoique je n’aie pu en avoir des fleurs. Le bois
ressemble beaucoup à celui du chene , par sa couleur grise. IL.
est plein de petits pores, à travers lesquels filtre 1 eau que 1 on
met dans les gobelets faits de ce bois.
Les capsules des grains de la ketmie (1) à . feuilles de tilleul
détruisent les herpès ou bourgeons qui rongent et dévorent le
cuir. On verse de leur jus sur la partie gâtée du cuir. Les vallées
de Colombo et de plusieurs autres endroits sont bordées par des
plantations de ce bel arbre. Ses charmantes fleurs flattent la vue
par leurs couleurs variées pendant plusieurs mois de suite.
Les insulaires m’assurèrent que l’on extrait du camphre de
la racine de capourou cauroundou. Cette opération chymique se
fait à Candy, capitale de Ceylan, et résidence de l’empereur.
Cette ville est située dans le centre même de l’île , sur le sommet
d’une colline. Dans le voisinage de cette haute montagne,
jjojunaéo montagne d’^ddam, et dont la cime est connue sous
le nom de Pic-d’Adam , on prétend que notre premier père y
est enterré et que le rocher conserve encore l’empreinte de
son pied. Les Chingulais y vont en pèlerinage.
La plante nommée mongos (2), et mondi en chingulais, est un
excellent remède contre les morsures des serpens. On fait bouillir
la racine et les feuilles de cette plante dans une liqueur quelconque
, et l ’on donne cette décoction pour différentes. maladies.
*2
et dans ce cas, ses rapports avec les
plantes de la famille des apocyns eussent
été évidens, comme on le présume, de
Yophioxylon , que M. de Jussieu place
avec raison auprès du ràuvolfia, du
cerbera, du strychnos, &c. Lam.
(1) Hybiscus tiliaceus .\ o y e z Ketmie,
n°. i 4 , dans mon Dict. vol. I I I , p. 351.
Les Indiens font des cordes pour les
vaisseaux avec la seconde écorce de cet
arbre. Lam.
(2) E s t- ce Vophiorriza mungos de
Linné, plante de la famille des gentianes,
et dont Gærtner a donné la figure
des fruits? Voyez mes Illustr. planche
107, f. 2. Lam.