
C H A P I T R E , V. •
C o m m e r c e desr Chinois ou Japon*
L es Chinois (i ) font le commerce du-Japon depuis un temps
immémorial, et sont peut-être les seuls Asiatique? commerçans
admis dans ce royaume ; privilège que les Hollandois partagent
avec eux. Cent et même deux cents vaisseaux chinois, de cinquante
hommes d'équipage chacun , ahordoient annuellement
au port d’Osakka , malgré les rochers et les bancs de sable, qui
en rendent l'accès si-dangereux. Les Portugais leur ayant montre
le chemin de Nagasaki , ils préférèrent ' ce dernier, port, et
l’ autre leur fut interdit. ' / .
La liberté dont jouissaient autrefois les négocians Chinois
au Japon, a été bien restreinte depuis qu’on les a soupçonnés
d’êlr& les agens dés missionnaires de Pékin , et qu’ils ont cherché
en effet à introduire des livres dé la religion catholique, imprimés
en Chine (h). On ne les traite pas. à présent avec moins |e méfiance
ni de sévérité , que les Hollandois ; il y a même des circonstances
où les Japonois se montrent plus intraitables-envers ceux-
là qu’ envers les derniers : on lès enferme dans une- petite île ,
(1) On comprend au Japon , sous le.
nom de Chinois , non - seulement les
sujets de l ’empereur de " la Chine ,
mais encore tous ceux qui émigrèrent
de ce royaume, après l ’invasion et
l ’établissement des Tatars-Mantchoux
en i 644.
(2) Les Chmois_chrétiens portaient
aussi au Japon dès .assiettes de porcé-
laine, sur lesquelles étoient représentés
des .crucifix et d’autres images relatives
au culte catholique. Mais comme
ces objets n’entroient qu’en contrebande
, le Gouvernement Japonois a fait
examiner toutes Les caisses venant de
la Chine si soigneusementqu’.il,a dérouté
lés pieuses ruses et les spéculations
des missionnaires et des marchands
Chinois. Voyez la Description
de l’empire de lu Chine , du 3?. Duhalde
, t; I I , p. 244, irc-40. Note du rér
docteur.
A U J A P O N . 15
avec la.précaution de les visiter exactement à leur entrée età.leur
sortie. Cependant on leur accorde une faveur dont ne jouissent
pas les Hollandois ; c’est d’aller à la ville faire leur prière dans un
temple : on leur permet aussi d’avoir de l’argent monnoyé du Japon
pour leurs dépenses journalières, de manière qu’ils peuvent
acheter eux-mêmes tous leurs comestibles à la porte de la ville.
Aussi-tôt qu’un vaisseau Chinois & mouillé dans le port de Nagasaki,
on commence par conduire tout l’ équipage à terre , de
manière que personne ne reste sur le bâtiment, jusqu’au moment
où il se prépare à remettre à la voile. Les Japonois se chargent du
débarquement- de toute la cargaison , et amènent ensuite le
navire; si près de la côte, qu’il reste à sec sur la vase pendant la
basse marée. L ’année suivante, ils le chargent d’autres marchandises.
. • .
Les Chinois n’ontpas lapermission d’ envoyer un ambassadeur à
l’Empereur du Japon, et c’est pour eux une très-grande épargne,
car ce voyage coûte très.-cher aux Hollandois , tant pour les frais
de la route, que pour les présens qu’il faut distribuer à la cour de
l’Empereur.
Malgré la proximité de la Chine et du Japon, les deux langues
des naturels, sont si différentes, qu’ils ne s’entendent pas. Les
Chinois, ont autant besoin d’interprète que les Hollandois.
Quoiqu’ils aient la permission de faire un commerce-plus considérable
du double que celui desHollandois,quoique leur traversée
.soit aussi moins longue et.bien moins périlleuse, ils gagnent
encore moins qu’eux , par les' rétributions que l’on exige d’eux
au profit de la ville de Nagasaki ( elles se montent quelquefois à
plus de soixante pour cent) , en fannagin (1). Le gouverneur ne
perçoit pas cette somme comme un droit de douane sur les marchandises
3 mais il ne manque pas de prétexte pour diminuer le
(1) Fleur d’argent. Voyez ci-dessus, p. 7.